Réduire la pénibilité du travail en maraîchage biologique
Plusieurs techniques et matériels innovants, pour notamment réduire la pénibilité du travail, sont testés à la station expérimentale en maraîchage biologique de Bretagne Sud. Ces essais étaient présentés aux maraîchers bretons.
Plusieurs techniques et matériels innovants, pour notamment réduire la pénibilité du travail, sont testés à la station expérimentale en maraîchage biologique de Bretagne Sud. Ces essais étaient présentés aux maraîchers bretons.
« 90 % des maladies professionnelles du maraîchage biologique sont des troubles musculosquelettiques, notamment du dos et des poignets », a souligné Thierry Robic, conseiller à la MSA, lors des portes ouvertes organisées par la Station expérimentale en maraîchage biologique de Bretagne Sud. Plusieurs équipements individuels permettent de limiter les risques : plaquettes en mousse à glisser dans le pantalon au niveau des genoux, plateau en mousse sur lequel on s'agenouille, ergo-siège qui soulage genoux, pieds et dos, siège assis-debout, sécateurs adaptés à la main de l'utilisateur, sécateurs électriques allégés, couteaux bien affûtés... La robotisation est une autre piste. Les essais menés depuis trois ans par la station sur le robot Oz montrent que celui-ci permet une gestion des adventices aussi efficace qu'un itinéraire classique et qu'il diminue le temps de désherbage manuel. Une attention particulière doit toutefois être portée à la qualité du désherbage sur le rang.
Le binage n'est pas suffisant
« Une période d'adaptation d'au moins une saison, en liaison avec Naïo Technologies, est nécessaire pour savoir comment atteler le robot, quels outils choisir, quand intervenir », indique Maët Le Lan, responsable de la station. Les essais montrent aussi, dans certaines conditions, l'intérêt du robot pour l'aide à la personne (plantation, récolte...). « Vu l'investissement qu'il représente, utiliser le robot seulement pour le binage n'est pas suffisant », estime Maët Le Lan. La nouvelle version d'Oz, à autoguidage RTK, était présentée. Cette version, qui ne nécessite donc plus qu'il y ait des plants développés pour guider le robot, sera commercialisée au printemps prochain. Son utilisation sous tunnel devra être testée mais semble a priori difficile. Autre solution présentée : l'automoteur Toutilo, qui enjambe les planches ou buttes, sur lequel une ou deux personnes peuvent s'allonger pour désherber, récolter... et qui peut être équipé de différents outils. Enfin, Terratek présentait des outils permettant de réduire la pénibilité du travail en maraîchage diversifié dont une récolteuse à jeunes pousses en conducteur marchand et le porte-outils automoteur Culti'track.
Un tunnel mobile à l'essai
En 2017, la station a testé un prototype de tunnel mobile de 20 m x 7,80 m, mis au point avec la société Debernard. « Un tunnel mobile pourrait permettre à moindre coût de désintensifier les rotations, d'installer un engrais vert et d'économiser l'eau », ont souligné les expérimentateurs. Le tunnel, d'un seul tenant, coulisse sur un rail posé au sol sur une bâche. Des sorties d'arrosage doivent être prévues pour chaque position. Quand il est installé, le tunnel est fixé au sol par des amarres à chaque poteau et prochainement des plots en béton à chaque coin. Deux personnes le déplacent facilement en dix minutes. Sa tenue au vent doit encore être confirmée avec l'installation possible de béquilles entre rangs quand du vent est annoncé.
Conservation du potimarron
En vue d'améliorer la conservation du potimarron, la station a testé deux dates de semis (fin mars et fin juin) et quatre dates de récolte s'étalant de fin juillet (sous-maturité) à début octobre (surmaturité). La culture semée fin mars a donné trois fruits par plant, celle semée fin juin seulement un fruit par plant. La conservation des différents lots va être suivie pour savoir s'il est possible de savoir, à partir d'indicateurs de taux de matière sèche, de taux de sucre, de fermeté à la récolte, quels lots doivent être vendus en premier.
Matériaux biodégradables
En 2017, la station a testé sur tomate toutes les ficelles papier multibrins de la société Textilose-Curtas : à deux, trois et quatre brins et dans trois types de papier. Globalement, toutes ont donné de bons résultats. « Mais plus une ficelle est facile à utiliser, moins elle est résistante », note Maët Le Lan. Les ficelles blanches s'avèrent les plus résistantes et les plus souples. Toutes sont par ailleurs biocompostables en bout de champ en soixante jours.
Protection contre le mildiou terrestre
Depuis plusieurs années, la station teste différentes méthodes alternatives de protection contre le mildiou terrestre, problème croissant en culture de solanacées, notamment la tomate. Cette année, avec une plantation précoce, aucune stratégie alternative utilisable en bio n'a pu protéger la culture et les pertes ont été importantes avant même l'entrée en production. « En cas de faible pression, il semble que Prestop réduit l'incidence du mildiou terrestre lorsqu'il est appliqué en préventif au collet des plantes, rapporte Maët Le Lan. Son efficacité est par contre très réduite en curatif. Et en cas de forte pression, aucune des stratégies étudiées ne permet de protéger la culture. »