Prospective
Quels seront les 4 défis majeurs pour la filière des aliments élaborés à horizon 2030 ?
L’Adepale a missionné le cabinet Asterès et la Junior Entreprise de l’IEP Paris pour un travail prospectif afin de se projeter sur les enjeux de ses adhérents à horizon 2030.
L’Adepale a missionné le cabinet Asterès et la Junior Entreprise de l’IEP Paris pour un travail prospectif afin de se projeter sur les enjeux de ses adhérents à horizon 2030.
Adaptation de l’offre à la demande. Compétitivité. Transition écologique et numérique. Attractivité du secteur. Ce sont les 4 défis majeurs que la filière des aliments élaborés aura à relever à horizon 2030.
L’Adepale a en effet missionné le cabinet Asterès et la Junior Entreprise de l’IEP Paris pour un travail prospectif afin de se projeter sur les enjeux de ses adhérents à horizon 2030. Le premier avait pour mission d’identifier les principaux défis des entreprises et le deuxième d’enquêter auprès des jeunes sur leur vision de l’agroalimentaire.
Un repli du chiffre d’affaires de 0,3 % par an « si on ne fait rien »
« Il faut répondre à ces 4 défis dès maintenant ! milite Nicolas Bouzou, économiste et directeur du cabinet de conseil Asterès, lors de la conférence de presse de l’Adepale sur le sujet le 23 février. Car selon notre scénario le plus probable, le chiffre d’affaires du secteur se repliera de 157 Md€ à 150 Md€ à horizon 2030, une baisse d’environ -0,3 % par an. A ceci s’ajoute le contexte déflationniste évoqué juste avant. »
Il préconise : « Il faut se donner les moyens, et cela passe par les politiques publiques, pour aller plus loin. Il faut promouvoir le juste prix, stimuler l’investissement pour le numérique et l’écologie, mettre en place des fonds d’investissement... »
Fort de ces conclusions, l’Adepale a construit un “Pacte pour l’avenir de l’alimentation et des territoires”, avec 16 propositions pour répondre concrètement à 4 enjeux.
Les 4 défis de la filière des aliments élaborés à horizon 2030
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La consommation
Nicolas Bouzou analyse : « Nous sommes sur un marché relativement saturé et la population française ne va pas progresser, si ce n’est pas l’allongement de la durée de vie. En revanche, on observe des changements plus qualitatifs : moins de dépenses alimentaires pour le domicile et plus de dépenses hors domicile mais avec une volatilité plus forte. Les préoccupations santé vont perdurer, avec moins de produits carnés et plus de produits fruits et légumes et de la mer. Mais on va avoir une baisse modérée (ou une stagnation) de la demande en valeur à horizon 2030. »
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La compétitivité
Selon Nicolas Bouzou, l’agroalimentaire fait face à un déficit commercial de 7 à 8 Md€. Les importations, en particulier en fruits et légumes, sont dynamiques : + 3 % en moyenne, contre + 2 % pour les exportations. En cause : la hausse du prix des intrants, la question du coût du travail et de la qualification. « Les difficultés de recrutement pèsent sur la compétitivité du secteur et donc sur les exportations et nous estimons qu’à horizon 2030 le déficit se sera creusé jusqu’à 10 à 15 Md€. »
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Incorporation des investissements et de l’innovation
L’investissement stagne dans l’agroalimentaire. Or le secteur a besoin de s’équiper : machines, robots et automatisation, numérique, 5G, etc. « Si on veut faire la différence et inverser les chiffres attendus sur la compétitivité et les marchés, il faut investir massivement. Mais la filière n’a pas les moyens. »
Sur la décarbonation : Les émissions de GES (gaz à effet de serre) sont stables pour le secteur mais il faut les faire baisser. « Les industries agroalimentaires représentent 35 % du potentiel de substitution de carbone. On a donc des leviers et des axes de développement mais ils ont des coûts d’investissements. »
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Attractivité du secteur
Les actifs les plus qualifiés, en particulier les jeunes, se détournent des industries agroalimentaires ou alors sélectionnent uniquement les grands groupes. Seuls 29,9 % des jeunes estiment que le secteur est attractif en termes d’image. La revalorisation des métiers de l’agroalimentaire est donc une nécessité, à l’heure ou le secteur est confronté à des difficultés de recrutement et de vieillissement de ses salariés.
Entre 2010 et 2030, 10 % des personnes de 50 ans et plus cesseront définitivement leur activité. A ceci s’ajoute un enjeu de qualification : en 2015 on comptait un besoin de 7 ouvriers qualifiés sur 10 contre 6 sur 10 en 2005, « une tendance qui suit l’automatisation croissante des chaînes de production ».