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Protection phyto : pour les cultures d'alliacées, quelles sont les substances actives en sursis ?

Les producteurs d’alliacées (oignon, échalote, ail, poireau...) font face à un manque croissant d’outils dans leur palette de solutions phytosanitaires disponibles. Plusieurs plans de soutien ont vu le jour ces derniers mois.

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Les productions d'oignon, comme celles d'ail, d'échalote ou de poireau, disposent de moins en moins de solutions phytosanitaires.
© RFL

Les cultures d’alliacées, comme de nombreuses filières de production de fruits et légumes, font face à la diminution des moyens de protection phytosanitaire. De nombreuses substances actives sont en sursis, et les producteurs ont besoin de méthodes alternatives efficaces et économiquement viables. La filière a bénéficié récemment d’une rallonge temporelle : en effet, la révision des autorisations de mise sur le marché a été mise en suspend fin 2023, compte tenu du goulot d’étranglement constaté au niveau de la Commission européenne. Cette dernière a alors décidé de repousser d’un à quatre ans le délai de révision des dates d’expiration des substances actives.

Anticiper l’interdiction des microplastiques

« Mais des retraits sont quand même attendus », prévenait Carole Halgand, du CTIFL, à l’occasion de la rencontre nationale alliacées en janvier dernier. En particulier sur des matières actives que l’on sait d’ores et déjà non conformes par rapport au risque environnemental ou pour les consommateurs, ou bien parce que non soutenues par les firmes phytosanitaires en charge de monter les dossiers d’homologation. « Il faudra également anticiper l’interdiction des microplastiques en Europe, liée à la loi 2020/105, qui interviendra d’ici 2030 », poursuit la spécialiste, faisant référence aux préparations de formulation en suspension de capsule, comme le Centium 36 CS ou le Karaté.

« Mais l’on sait que les sociétés travaillent actuellement à des formulations alternatives. » L’arrivée du Plan de souveraineté alimentaire et du Parsada a d’ores et déjà fait bouger quelques lignes, avec notamment l’ouverture de demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) par extension d’usage mineur d’intérêt général, pour l’oignon et le poireau : sur la bactériose (pour les deux cultures), la destruction de germes, la pourriture grise et sclérotiniose et le thrips (oignon) et les mouches (poireau).

Le prosulfocarbe est une substance surveillée

« Actuellement, dix substances actives sont autorisées sur alliacées pour un usage désherbage, dont sept sont en processus de renouvellement d’ici 2027. Et parmi ces sept, cinq sont menacées de retrait », pose Carole Halgand. Dans l’état actuel des informations, la cycloxydime – expiration de l’approbation le 31 août 2026 (poireau, oignon, échalote, ail) – est soutenue, mais devrait changer de limite maximale de résidus (LMR) ; la bentazone (31 août 2025 ; oignon, échalote, ail) est passée en R2 en 2023, et « une demande de fractionnement dans le temps est en discussion » ; le prosulfocarbe (31 janvier 2027 ; oignon, échalote) est « une substance surveillée et il est encore trop tôt pour dire qu’elle sera son statut à l’avenir » ; l’aclonifène (31 octobre 2026 ; oignon, échalote, ail) est classé en C2, avec une suspicion cancérogène. En réponse à cette palette de solutions qui se réduit, la filière a lancé des travaux pour proposer aux producteurs des solutions alternatives. De plus, de nouvelles AMM sont attendues (Isard, Fox…).

Sur le volet fongicides, l’approbation du diméthomorphe n’a pas été renouvelée. Les AMM des produits à base de cette molécule vont expirer le 20 novembre 2024, sans aucun délai de grâce pour la vente, la distribution et à l’utilisation. On sait déjà que la benthiavalicarbe (mildiou) ne sera pas renouvelée. Les produits à base de cette molécule ne pourront plus être utilisés à partir du 13 décembre 2024. Concernant la pyraclostrobine, on s’achemine a priori vers une restriction d’emploi.

Le cuivre toujours candidat à la substitution

« Pour le cyprodinil [expiration au 15 mars 2025], c’est mal engagé, avec une suspicion de perturbation endocrinienne. » Quant au pyriméthanil (15 mars 2025) et au cuivre (31 décembre 2025), les changements portent respectivement sur une augmentation de la LMR ail de 0,01 à 0,03 ppm, tandis que le cuivre est toujours candidat à la substitution – comprenez que la substance active a été identifiée comme présentant certaines propriétés à risque –, avec un renouvellement en 2025. Après 2025, pour le difénoconazole (expiration au 15 mars 2026), des changements de conditions d’emploi sont attendus. Pour le tébuconazole (15 août 2026), « soyons francs, c’est mal parti ». Et le fluopicolide (31 août 2026) devrait avoir un classement risque R2, et serait candidat à la substitution. Pour proposer des solutions aux producteurs sur les fongicides, des alternatives sont en cours. En conventionnel, quatre produits sont en évaluation sur mildiou de l’oignon, ainsi qu’un produit de biocontrôle (sur pourritures grises, sclérotinioses et bactérioses).

Enfin, sur le volet sensible des insecticides, le spirotétramate (fin d’utilisation au 31 octobre 2025) est d’ores et déjà passé à la trappe. « On s’attend à une restriction d’emploi pour la cyperméthrine » (expiration au 31 janvier 2029) quand la deltaméthrine (expiration au 15 août 2026) est en cours de renouvellement. Pour le spinosad (expiration au 15 mars 2025), la filière s’attend à un possible classement en tant que perturbateur endocrinien. Du côté des alternatives travaillées, des produits sous AMM sont en cours en conventionnel (mouche de l’oignon) et en produit de biocontrôle (thrips).

Dix-sept substances actives menacées de retrait

Herbicides. Cinq molécules sont menacées de retrait d’ici 2027 : cycloxydime, bentazone, prosulfocarbe, aclonifène et pendiméthaline.

Fongicides. Dix molécules sont identifiées comme substances pivots et menacées de retrait d’ici 2027 : benzovindiflupyr, pyraclostrobine, azoxystrobine, cyprodinil, fludioxonil, cuivre, difénoconazole, boscalide, tébuconazole et fluopicolide. Le diméthomorphe (fin d’utilisation le 20 novembre 2024) et le benthiavalicarbe (fin d’utilisation le 13 décembre 2024) n’ont pas été réapprouvés.

Insecticides. Deux molécules sont identifiées comme substances pivots et menacées de retrait : lambda-cyhalothrine et spinosad. Le retrait de l’homologation du spirotétramate est déjà acté, avec une fin d’utilisation prévue le 31 octobre 2025.

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