Pourquoi les rayons fruits et légumes sont-ils vides au Royaume-Uni ?
L’approvisionnement en légumes est très perturbé au Royaume-Uni ces derniers jours. Campagne de production difficile chez les fournisseurs traditionnels, perturbations logistiques, effets du Brexit : les raisons sont nombreuses.
L’approvisionnement en légumes est très perturbé au Royaume-Uni ces derniers jours. Campagne de production difficile chez les fournisseurs traditionnels, perturbations logistiques, effets du Brexit : les raisons sont nombreuses.
Les journaux britanniques se font fait l’écho, toute la semaine, de graves pénuries de légumes chez les distributeurs Outre-Manche, en particulier de tomates, mais aussi de concombres, de laitue et de poivrons… tous cultivés à l'étranger dans des pays comme l'Espagne, l'Égypte, les Pays-Bas et Maroc. Au point que plusieurs enseignes (Tesco, Aldi, Asda et Morrisson’s) ont même décidé de mettre en place des restrictions à l’achat : pas plus de trois tomates par client, par exemple.
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Le gouvernement britannique a voulu rassurer. La presse a rapporté les propos de la ministre de l'Environnement,Thérèse Coffey, qui, s’exprimant devant les députés, a indiqué que des contacts avaient été noués avec les distributeurs pour résoudre cette situation qui pourrait, malgré tout, durer deux à trois semaines. De plus, il a été souligné que les pénuries n'étaient pas dues au Brexit.
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Une désaffection des exportateurs pour le Royaume-Uni ?
Mais, ce dernier point ne convainc pas toute la filière. Pour Mike Parr, directeur général de l’entreprise britannique de transport et de logisitique PML, il existe une myriade de facteurs affectant le problème de la chaîne d'approvisionnement : conditions météorologiques inattendues, augmentation des factures d'énergie influençant le volume des cultures cultivées sous verre, augmentation des coûts de transport en raison de la flambée des coûts de carburant et de manutention à l'aéroport. « Et puis il y a bien sûr la question mineure de Brexit », explique-t-il, humour à froid.
PML était tout récemment à Dubaï au salon Gulfood : « Le message que nous avons entendu à plusieurs reprises sur le terrain est que les producteurs ne sont tout simplement pas intéressés à expédier des produits frais au Royaume-Uni en raison du coût inacceptable du transport, associé au niveau sans précédent de paperasserie et aux retards importants bien documentés associés aux marchandises importées », regrette Mike Parr.
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La météo perturbe la campagne tomates au Maroc
Qui dit tomate en février au Royaume-Uni, dit importation. Et plus spécifiquement en provenance du Maroc. Face au tumulte médiatique Outre-Manche, l'APEFEL (Association marocaine des Producteurs et producteurs Exportateurs des Fruits et Légumes) et l'AMCOM (Association Marocaine des Conditionneurs Maraîchers) ont réagi, rappelant en premier lieu que le Maroc connaît des conditions climatiques très particulières depuis le début de la saison de culture de la tomate. « Les importantes vagues de chaleur (allant de septembre à décembre) avec des pointe de températures de 25°C à 30°c (par exemple dans la région de culture de la tomate à Agadir) ont épuisé les plantes et forcé une récolte quotidienne élevée dans les serres. Ensuite, des températures froides également longues à partir de janvier ont réduit le rendement et ralenti fortement la maturation des tomates », est-il expliqué.
Le tremblement de terre en Turquie, véritable responsable ?
Conséquence : « La récolte journalière a fortement chuté, entraînant un raccourcissement de la capacité d'approvisionnement des stations de conditionnement et d'approvisionnement du marché marocain local ainsi que des marchés à l'étranger. Cette situation a induit une pression intense de la part des consommateurs des deux côtés de la Méditerranée », précisent les deux associations.
Les turbulences du trafic maritime en Méditerranée, à la suite des séismes de Turquie et de Syrie auraient aussi leur part de responsabilité dans la situation. « Cette perturbation dure maintenant depuis plus d'une semaine et pourrait être la cause principale de la pénurie dans les rayons britanniques », avancent l’APEFEL et l'AMCOM.
Une production britannique qui souffre
Le Royaume-Uni produit aussi des tomates et des concombres. Comme le soulignait encore récemment, l’association des producteurs anglais de tomates, le secteur souffre d’une « fusion unique de problèmes spécifiques mondiaux, paneuropéens et britanniques, menaçant sérieusement l'avenir des entreprises et des emplois de production alimentaire protégée au Royaume-Uni comme jamais auparavant ». Ceux-ci inclus: le prix de l’énergie (+300 % en un an), le manque critique de main-d'œuvre qualifiée, augmentation sans précédent (jusqu'à 400 %) des coûts des matières premières (substrats, engrais, etc.)