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Pomme et poire : où se situe la France pour la récolte 2023 ?

Selon la conférence Prognosfruit, la France se dirige vers une petite récolte en pomme et une forte baisse de volumes en poires. Les stocks sont vides, l’hémisphère Sud absent. Daniel Sauvaitre, président de l'ANPP, fait le point avec FLD.

pommes en palox dans un verger
Le thiaclopride est interdit d'utilisation en France depuis 2018, et en Europe depuis 2021.
© Philippe Gautier - FLD (photo d'archives)

Alors que l’association mondiale pomme poire Wapa, lors de la conférence Prognosfruit, a annoncé pour 2023 de faibles récoltes européennes en pomme (11,41 millions de tonnes) et surtout en poire (1,746 millions de tonnes), où se situe la France ?

 

Pomme : une récolte proche de la normale

En France, pour la pomme, les conditions de production laissent à penser que l’on s’achemine vers une récolte proche de la normale, selon l’ANPP (association nationale pomme poire). Les chiffres avance une récolte française de pomme de 1,501 millions de tonnes, plaçant la France toujours dans le top producteurs européens avec 13 % des volumes, derrière la Pologne (35 %) et l’Italie (18 %).

Ce niveau de récolte serait une belle remontée suite aux petites années 2022 (1,391 millions de tonnes), 2021 (1,383 millions de tonnes) et 2020 (1,337 millions de tonnes). 2023 serait ainsi en hausse de 7,9 % sur un an et de +9,5 % par rapport à la moyenne triennale.

L’ANPP a rapporté un peu plus tôt cet été un léger retard dans la récolte vis-à-vis de l’an passé et des attaques de pucerons difficilement maîtrisables. Ces derniers, en particulier le puceron cendré, inquiètent la filière. La punaise diabolique aussi; après l’Italie, elle remonte en France : Savoie, Alpes, désormais le Tarn-et-Garonne. « Il n’y a plus de molécules efficaces, la lutte n’en est que plus technique et délicate », avertit Daniel Sauvaitre, président de l'ANPP.

Cette année, malgré quelques phénomènes d’alternance ici ou là en raison des gels les années passées, les conditions sont très prometteuses : pas de gel, pas d’excès de température (des températures trop hautes sont mauvaises pour le potentiel de conservation des fruits), et toujours un peu d’eau en plus de l’irrigation, ce qui promet un bon grossissement des fruits. « C’est le jour et la nuit comparé à l’année dernière où il n’a pas plu en juillet-août et en septembre, ce qui a rendu encore plus délicat la conduite de l’irrigation », illustre Daniel Sauvaitre.

 

Poire : une faible récolte en raison de l’alternance

En poire, le phénomène d’alternance fait craindre une petite récolte pour les variétés d’été, plus proche de la normale en variétés d’hiver. C’est ainsi 105 000 t de poires au total en France qui sont annoncées pour 2023, une forte diminution (-28,6 %) par rapport aux 147 000 t de l’année dernière et un recul (-6,8 %) comparé à la moyenne triennale.

De manière générale, la récolte européenne de poires sera en fort recul (-12,9 % sur un an ; -11,9 % sur trois ans ; à 1,746 millions de tonnes), impactée par la situation catastrophique en Italie.

 

Une dynamique en verger à l'arrêt

Côté verger, en poire, la France observe un développement lent et léger des vergers. Une tendance qui pourrait se poursuivre selon Daniel Sauvaitre, en raison des motivations de certains producteurs et groupes. « La production française ne couvre que la moitié de la consommation pour la poire, ce qui augure de l’espoir. A condition d’être compétitifs, et de bien choisir les variétés », avertit Daniel Sauvaitre. Sweet Tentation, Fred, un peu de Conference dans le Nord, etc. ont ainsi été plantées ces dernières années.

« Toute l’Europe est sortie sonnée de la dernière campagne »

En pomme, la dynamique de plantation de vergers de pommes, qui avait ralentie depuis 4-5 ans, a accusé un coup d’arrêt brutal cette année en raison de la mauvaise campagne 2022-2023. « Des résultats déficitaires voire très déficitaires dans les exploitations, l’inflation qui joue sur le porte-monnaie des consommateurs, les coûts de production qui continuent d’augmenter, des difficultés croissantes à maîtriser sa culture en raison des aléas climatiques ou des suppressions de molécules… Oui, la dernière campagne a été très mauvaise (en France mais aussi chez nos voisins européens : toute l’Europe est sortie sonnée de la dernière campagne). Résultat : on a arrêté de planter, et des pépiniéristes se retrouvent avec des plants sur les bras », explique Daniel Sauvaitre.

 

« L’année de tous les espoirs et de tous les dangers »

« Cette année est donc l’année de tous les espoirs et de tous les dangers. Des espoirs car sur un marché vide en ce début de campagne avec pas de stocks de la dernière campagne et pas d’hémisphère Sud. Nous avons de la quantité et de la qualité, de bons calibres et coloration, le potentiel de conservation des fruits est prometteur, les conditions météo sont là. Mais la crainte, c’est que nous ne sommes pas les seuls sur le marché, c’est aussi l’inflation. »

 

Export : « On peut encore intéresser des marchés hors d’Europe »

Pour Daniel Sauvaitre, il conviendra à la France d’exporter davantage de pommes. La campagne qui vient de se terminer se situera sûrement sur un niveau d’export à maximum 300 000 tonnes, loin des 700 000 tonnes d’il y a 15-20 ans, lorsque la France était le premier exportateur. Le président de l’ANPP aimerait voir les volumes exportés cette campagne 2023-2024 à 350 000-400 000 tonnes.

Exporter sur le Moyen-Orient reste compliqué face à la concurrence de la Pologne, de l’Europe de l’Est, de la Turquie. En Europe, à l’image des consommateurs français, on observe une préférence à l’origine nationale. On développe un peu l’Amérique du Sud et Centrale.

Daniel Sauvaitre se veut optimiste : « Ce que j’ai entendu à Prognosfruit, c’est que la France a encore de vrais atouts pour intéresser des marchés hors d’Europe. L’Inde et la Chine ont des besoins car elles auront de petites récoltes, l’Asie du Sud-Est est prête à payer pour de la qualité. On manquait de pommes pour les fournir, peut-être que cette année sera la bonne. »

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