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Poireau : contre le thrips, un champignon entomopathogène montre des premiers résultats encourageants

Des essais de solutions alternatives contre le thrips en culture de poireaux, avec l’application d’un champignon entomopathogène, ont été réalisés par des producteurs de l’UGPL dans l’Ain.

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La précocité de l’application semble être déterminante pour maximiser l’efficacité de la solution.
© Sileban

La problématique du thrips de l’oignon, ou Thrips tabaci, est présente depuis de nombreuse année sur le territoire national, et notamment dans le Val de Saône. Cette pression historiquement élevée est entretenue par la prédominance de cultures sensibles. Le secteur comptabilise environ 250 hectares de cultures de poireau, et de nombreuses parcelles de foins et de maïs, plantes hôtes du ravageur. Dans ce contexte, trois producteurs ont mené un essai sur la campagne 2024 avec l’application d’un champignon entomopathogène, dont les résultats ont été publiés dans le Brassica n° 180. Il a été choisi d’utiliser le champignon Metarhizium brunneum souche Ma 43, commercialisé par Lallemand sous le nom de Lalguard M52 Od.

Ce produit de contact a été choisi pour sa compatibilité avec l’utilisation de la PBI (protection biologique intégrée) et son utilisation possible en agriculture biologique. Deux modalités ont été comparées à un témoin. La première modalité avait pour objectif de tester l’effet du produit sur sa capacité à retarder l’infestation des poireaux par le thrips. Deux applications étaient ainsi prévues en début de culture. La seconde modalité permettait de tester l’efficacité du produit dans la réduction des dégâts en cours de culture. Comme dans la première modalité, deux applications ont été réalisées en début de culture, suivi de trois applications réparties au cours de la culture. Pour chaque modalité, une bande témoin non traitée a été maintenue.

Des premières observations encourageantes

L’application de cette solution alternative a été faite en complément de solutions conventionnelles, sur les variétés Criptone, Maxtone et Nunton. Le nombre moyen de thrips par feuille et le pourcentage de surface atteinte par les dégâts ont permis de dégager des facteurs d’intensité de présence et de dégâts. Les trois producteurs ont noté une nette différence sur ces deux indicateurs en comparaison avec les parcelles témoins. La première modalité, avec seulement deux applications en début de culture, présente une réduction intéressante de l’intensité des dégâts observés, avec 2 % de surface foliaire atteinte contre un peu plus de 12 % pour le témoin au 1er août. Une seconde observation effectuée début octobre confirme la tendance avec 1,8 % contre 5,2 % pour le témoin.

La seconde modalité, avec trois à quatre applications supplémentaires, présente une réduction du nombre d’individus observés, avec une moyenne de 1 thrips par feuille au 1er août contre 1,75 sur le témoin. La seconde observation début octobre a vu les valeurs s’inverser avec 7,8 thrips par feuille de moyenne contre 5,2 pour le témoin. Les dégâts ont cependant été moins importants, avec 13,2 % de surface foliaire atteinte contre 18,2 % pour le témoin. Ainsi, les observations réalisées en cours de culture ont permis d’identifier des tendances, complétées par le retour des producteurs de l’UGPL (Union des groupements de producteurs de légumes) sur l’efficacité perçue au champ. Des résultats plus précis (moyenne, écart-type) pourront être obtenus avec un essai à répétition multiple. De plus, d’autres effets supplémentaires pourraient être approfondis.

L’effet variétal impacte l’efficacité

En effet, la précocité de l’application semble être déterminante pour maximiser l’efficacité de la solution. En outre, l’effet variétal est à prendre en compte, avec une variété de poireau Maxtone moins sensible au thrips. Les réflexions devront se poursuivre, notamment sur les fréquences et les dates d’application, pour une meilleure intégration de la solution dans l’itinéraire technique, ainsi que la création de conditions défavorables au thrips. En effet, un temps chaud et sec est favorable à leur prolifération, comme les hivers doux ou avec beaucoup de neige. Les pluies abondantes peuvent entraîner au sol les adultes et les larves, et en éradiquent ainsi un grand nombre par noyade au sol.

Les œufs ne sont cependant pas affectés par ces événements climatiques. Leurs causes de mortalités restent principalement les ennemis naturels, qui aident à maintenir les populations de thrips basses lorsqu’elles sont peu abondantes. Lorsque la vitesse de multiplication s’accélère, ils n’arrivent cependant pas à freiner à eux seuls l’accroissement de la population. La recherche de plantes pièges en interculture pourrait également jouer sur le stock de ravageurs présents dans les parcelles. Couplées à des interventions mécaniques qui perturbent la nymphose, ces solutions pourraient représenter un itinéraire efficace contre le ravageur.

Tiré de Brassica n° 180, décembre 2024

Des dégâts à la loupe

Les thrips se nourrissent en perçant la surface des feuilles de poireau afin d’en libérer le contenu cellulaire. Ils y relâchent des substances permettant d’aider à la prédigestion des tissus végétaux, et en aspirent ensuite le contenu cellulaire. De fait, les piqûres de thrips entraînent une dégradation du feuillage, non tolérable pour les acheteurs. Cette dégradation se présente sous la forme de points blancs puis bruns à la surface des feuilles, ce qui limite la photosynthèse. De plus, le poireau perd davantage d’eau au travers de ces ouvertures créées dans l’épiderme. Les dégâts causés augmentent également le risque de pénétration des pathogènes.

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