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Pêche : la production doit garder la main sur l’innovation variétale

Alors que des mutations profondes sont intervenues dans l’univers de la sélection variétale, les producteurs doivent rester vigilants et se saisir de ce dossier stratégique pour leur avenir.

DE 200 VARIÉTÉS DE PÊCHES AU DÉBUT DES ANNÉES 2000, on est passé à plus de 350 une décennie plus tard.
© RFL

« De trente organismes publics autrefois en charge de l’innovation variétale en Europe, on n’en recense actuellement plus que cinq. Parallèlement, on a assisté à une augmentation des hybrideurs privés qui, actuellement, sont une trentaine en Europe », indique Jean-Marc Audergon, chercheur à l’Inra d’Avignon, lors de la rencontre professionnelle pêche-nectarine à Montpellier, en mai dernier. Selon lui, l’arrivée d’acteurs privés constitue un facteur positif car elle a participé à la consolidation des gammes variétales ainsi qu’à la segmentation. Il en résulte une forte hausse du nombre de variétés de pêches et nectarines inscrites au catalogue : d’un peu plus de 200 au début des années 2000, on est passé à plus de 350 une décennie plus tard. Cette évolution rapide semble pourtant présenter une contrepartie… « L’innovation variétale de ces dernières années a majoritairement conduit au développement de fruits doux et colorés et, dans le même temps, à la disparition des fruits à la saveur équilibrée », complète-t-il. Reste à savoir si cette nouvelle tendance, qui s’est accompagnée de l’apparition de clubs et du développement des variétés à royalties, répond aux attentes et aux goûts des consommateurs.

Une nécessaire remise en question

Selon le chercheur de l’Inra, la disparition des acteurs engagés dans l’évaluation variétale ayant abouti à une standardisation devrait conduire les producteurs à mener une réflexion de fond. Qui maîtrise ? Qui oriente ? Quelles priorités dans la sélection ? Pour quelle vision européenne ? Autant de questions auxquelles la filière et ses différents acteurs vont devoir répondre s’ils veulent être en capacité d’apporter des solutions aux différents systèmes de production, aux modes de commercialisation qui leur sont associés ou encore aux attentes sociétales. « C’est collectivement qu’il va falloir répondre, en hiérarchisant les critères qui permettront de proposer du matériel végétal apte à produire des fruits en adéquation avec les attentes des consommateurs, tant d’un point de vue qualitatif, sanitaire, environnemental que sociétal, dans un contexte climatique de plus en plus contraignant », termine Jean-Marc Audergon. Le 15 juin dernier à Rome, la réunion des sections SPS I et II (génétique végétale et produits végétaux) du comité mixte fruits et légumes devait justement aborder ces questions cruciales pour l’avenir de la filière.

M3P, une plate-forme de phénotypage haut débit

Hébergée sur le site de SupAgro Montpellier, la plate-forme de phénotypage Montpellier Plant Phenotyping Platforms (M3P) à haut débit peut accueillir de 500 à 1 500 plantes simultanément. Objectif : analyser et modéliser la variabilité génétique de la réponse des plantes aux stress environnementaux associés aux changements climatiques (sécheresse et températures élevées). L’analyse de la diversité phénotypique et la modélisation prédictive participent à l’amélioration génétique en vue de créer des variétés plus tolérantes et/ou efficaces dans un contexte de changement climatique.

L’innovation variétale face à plusieurs défis

Que l’on soit en l’Espagne, Italie ou en France, l’innovation variétale cible globalement les mêmes critères : l’élargissement du calendrier de production et de commercialisation, la sécurisation de la production, le comportement des arbres mais aussi la présentation du fruit et sa qualité gustative. Et c’est de plus en plus vers des saveurs sub-acides et une bonne tenue des fruits post-récolte que s’appuie le développement de nouvelles gammes. Outre la création de variétés visant à compléter quelques créneaux de maturité, la sélection variétale à moyen terme s’attache également à apporter des réponses en matière d’adaptation climatique et de moindre sensibilité aux bio-agresseurs. L’autre particularité réside dans l’arrivée en nombre d’acteurs privés au détriment de la recherche publique. A noter que des consortiums ou partenariats public-privé ont néanmoins vu le jour. Résultat : les perspectives à moyen terme tablent sur quelque 500 variétés de pêches et nectarines et une centaine de variétés d’abricots disponibles pour les producteurs.

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