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Pêche et nectarine : « Il est désormais plus difficile de produire que de vendre »

Des fruits à noyau plus précoces et plus délicats à produire, l’AOP pêches et abricots de France intègre de nouveaux paramètres dans sa stratégie lors de son bilan 2024. [Texte : Sophie Sabot]

Pêches et nectarines ont connu cette année une précocité très marquée. « À fin juin, c’était 40 % de volumes en plus qu’en 2023 qui n’était pas une année tardive », souligne Raphaël Martinez. Le directeur de l’association nationale d’organisations de producteurs (AOPn) Pêches et abricots de France a décortiqué la saison 2024 devant plus de 130 producteurs et opérateurs de la filière lors d’une journée dédiée aux choix variétaux à Saint-Gilles (Gard). On retiendra que le début de saison a provoqué des sueurs froides chez les metteurs en marché.

La précocité couplée à un contexte morose (dissolution de l’assemblée nationale, élections, météo maussade sur la moitié nord du pays) a fait grimper dangereusement les stocks fin juin qui sont restés élevés jusqu’à fin juillet. Selon Raphaël Martinez, cette évolution vers la précocité doit être prise en compte dans le renouvellement des vergers. « La pêche française arrive désormais début juin mais la deuxième quinzaine de juin est toujours difficile commercialement. Il faut trouver l’équilibre en termes de calendrier, à la fois sur les exploitations et collectivement au niveau de l’AOP », insiste-t-il.

Gagner cinq jours sur le basculement

Le basculement en grande distribution de l’origine Espagne vers l’origine France est l’autre levier pour améliorer la fluidité du marché. « Cette année, il a eu lieu autour du 20 juin. Mais il faudrait encore gagner cinq jours », estime Raphaël Martinez. L’AOP y contribue notamment via des campagnes de promotion des fruits français. Le marché a heureusement connu un revirement début août grâce à une météo estivale et à l’euphorie des Jeux olympiques.

« Le prix moyen de la saison est finalement équivalent à l’an dernier. Mais il y a eu beaucoup d’écarts de tri, de l’ordre de 20 à 25 % contre 15 % habituellement. Ce qui va dégrader le prix payé au producteur », commente le directeur de l’AOP. Ces écarts, consécutifs à des problèmes de ravageurs ou de réaction des arbres au changement climatique, seront selon lui croissants. « Il est désormais plus difficile de produire que de vendre », reconnaît-il. D’où la volonté de l’AOP de dédier 30 % de son budget à la R & D pour apporter des réponses techniques aux producteurs, rappelle Bruno Darnaud son président.

Petits volumes d’abricots

En abricot, la donne a été totalement différente avec une production nationale amputée d’un tiers par rapport à 2023. Excepté une situation critique sur la dernière semaine de juin, « le marché a été relativement fluide », rapporte le directeur de l’AOP. L’offre s’est révélée insuffisante dès juillet. Ceci dans un contexte de production européenne fragile et irrégulière. Raphaël Martinez insiste sur la nécessité de poursuivre le travail sur la qualité gustative, notamment grâce aux recommandations variétales diffusées par l’AOP depuis cinq ans. Reste à mieux cerner les variétés qui répondront à cet enjeu gustatif sur le créneau « lancement de saison ». Un point complet sur les nouvelles variétés avec SudExpé, la Sefra, la Sica Centrex et le CTIFL est à retrouver dans un prochain numéro.

Le segment des plates à conquérir

Pêches et nectarines plates représentent désormais un quart du marché français. La demande est forte en nectarines. « D’ici cinq à dix ans, il faut réussir à conquérir ce segment », assure Raphaël Martinez. Mais deux préalables sont nécessaires : maîtriser ces variétés réputées plus difficiles techniquement et faire accepter au consommateur de payer l’origine France.

Rédaction Réussir

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