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Bio N’Days
Partagé, gagnant, dilué, business… Quel bio pour 2025 ?

Aux Bio N’Days, le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes a présenté les quatre scénarios possibles pour le bio à l’horizon 2025 et les éléments de contexte jouant en faveur ou en défaveur de l’un ou l’autre scénario. Un bel exercice de prospective.

Comme pour chaque année de Bio N’Days, le Cluster Bio Auvergne-Rhône-Alpes s’est prêté à l’exercice de la prospective alimentaire : quel sera le visage du bio en 2025 ? Un bio partagé, en extension et en compétition avec le conventionnel ? Un bio gagnant, qui s’intègre dans de nouveaux modèles économiques et sociaux ? Un bio business, où finance et libéralisme sont la règle ? Ou encore un bio dilué, concurrencé sur son propre terrain par le conventionnel qui s’améliore fortement -notamment par la réglementation- et touché par les scandales et la crise économique ?

Ces quatre scénarios avaient été élaborés par le Cluster Bio en 2014 et réétudiés en 2016, puis en 2018. Pour ce 3e suivi en 2018, le scénario du bio partagé se profilait. Pour 2018, l’équipe du Cluster Bio a rappelé des éléments de contexte et des chiffres qui jouent en faveur de l’un ou l’autre scénario.

Crise sanitaire et crise économique

La crise sanitaire et climatique s’aggrave, jouant en faveur des achats de bio, qui sont néanmoins freinés par la crise économique et les contraintes sur le pouvoir d’achat : la consommation des produits bio a progressé en 2020 mais décélère depuis 9 mois. 38 % des Français estiment que leur pouvoir d’achat a diminué ; mais la Banque de France table sur une reprise économique (7,4 % de croissance en 2021, 3 % en 2022). En parallèle le prix du bio freine de moins en moins les Français (73 %, -7 points vs 2019) ; 54 % estiment que le prix plus élevé du bio est justifié.

Lire aussi : Bio : vers un essoufflement des ventes ?

Un haut niveau de confiance mais une forte concurrence de nouveaux labels conventionnels

Le label AB continue de bénéficier d’une très haute notoriété et d’un niveau de confiance élevé. Mais à choisir entre local et bio, la préférence va au local pour 67 % des consommateurs (lire FLD Hebdo 1302). La HVE, « ce conventionnel qui s’améliore », monte en puissance. De même, le label ZRP du Collectif Nouveaux Champs est déjà connu par 30 % des Français et 83 millions d’unités ont été vendues en 2020 (+24 %). La multiplicité des labels engrange une confusion.

Le cahier des charges du bio n’intègre pas la RSE. Mais les entreprises et la société se saisissent du sujet avec des certifications supplémentaires : B-Corp, BioED par le Synabio (42 bio-entreprises durables), label de la Fnab BioFrançaisEquitable….

Lire aussi : Être bio seul ne suffit plus

Le conventionnel tente de se refaire une santé marketing : McDo va afficher le NutriScore sur ses produits, l’EcoScore fait son apparition. En parallèle, les scandales médiatiques, qu’ils visent ou non le bio, inquiètent (exemple récent du sésame contaminé).

Des ambitions politiques fortes mais des aides publiques en décroissance

Les politiques publiques sont axées autour de la souveraineté alimentaire, nouvelle priorité nationale et européenne (18 mai grand rendez-vous de la souveraineté). Le bio fait parti des programmes et ambitions des Régionales, plus de 100 PAT ont été reconnus par le ministère de l’Agriculture, le label Territoire Bio compte 218 communes labellisées.

Lire aussi : Offre et demande : la juste équation du bio ?

Mais ces ambitions politiques fortes (20 % de bio dans les cantines publiques, 18 % de la SAU en 2027…) semblent limitées par les moyens : on parle de supprimer les aides au maintien dans la future Pac et de davantage d’aides à la conversion bio ou la HVE (aide éco-régime).

Un intérêt des investisseurs privés et des gros acteurs de l’alimentation conventionnelle

Dans ce contexte de déclin des aides publiques, l’intérêt de la finance privée fait contre-poids. Les investisseurs sont en quête de sens : la Spac de Niel, Pigasse et Zouari prépare plusieurs acquisitions pour 300 M€ ; Kazidomi, site de e-commerce bio, annonce en décembre 2020 avoir levé 6 M€, même pas un an après sa dernière levée de fonds de 1 M€, preuve que le marché du bio se porte bien ; en septembre 2020, c’était Yooji (7,5 M€) pour doper la notoriété de ses surgelés bio…

Les acteurs de la distribution bio se concentrent : Bio C’Bon, SoBio et Carrefour Bio, avec Greenweez ; Casino Bio, Naturalia et Bio&Sens ; Les Comptoirs de la Bio, le Marché de Léopold, Le Marchand bio, BBG pour Intermarché, etc.

Lire aussi : Carrefour détaille sa stratégie et ses ambitions bio pour ses différents circuits de distribution

MDD, marques propres et marques nationales déclinées en bio : tous s’y mettent

En magasins spécialisés, les marques propres et MDD se développent, les ambitions sont là : plus de 2 000 références pour l’historique La Vie Claire, Biocoop passe de 450 à 530 références, Les Comptoirs de la Bio de 400 à 1 200, Naturalia de 272 à 352…Mais ces MDD ne représente que 6 % de PDM en valeur de l’alimentaire (hors vrac).

En GSA, elles sont déjà très bien installées : plus de 2 500 références chez Casino (Casino Bio, Monoprix bio, Franprix bio…), plus de 1 000 chez Carrefour (dont 900 à moins de 2 €), 700 chez U, 160 chez Lidl… Mais elles perdent du terrain depuis trois ans pour la plupart des enseignes (baisse de PDM valeur).

Et 2020 a vu de nombreux lancements de produits bio par les grandes marques nationales connues (Saint Moret bio, Puget les Récoltes Bio, Liebig 100% légumes français bio, Beneuts Graines plaisir brut bio, etc.). « Désormais les marques nationales positionnent leurs produits en sortant toujours leurs homologues bio », remarque le Cluster Bio. Le hard discount n’a pas encore rattrapé son retard dans le bio mais y travaille, à grand renfort de communication (Aldi).

Conclusion : le bio 2025 sera…

Le Cluster Bio Auvergne Rhône-Alpes souligne une certaine convergence de plusieurs éléments de différents scénarios. Ces derniers ont été de plus élaborés en 2014 et peuvent donc être réajustés : « On n’est plus sur une image de Bio business à la Wall Street, mais d’un commerce différent », estime Marithé Castaing (chargée du développement des entreprises).

Bastien Boissonnier (chargé de mission filière bio) met en garde contre « le danger d’aller toujours sur le prix le plus bas, ce qui pourrait donc détourner des producteurs du bio qui ne seraient plus assez rémunérés et valorisés ». Pour Adrien Petit (directeur), « la plus grosse menace pour la croissance du bio serait un énorme scandale alimentaire. Sur le reste, le bio a réussi à passer tous les freins. »

Forts de tous ces éléments, les participants aux Bio N’Days ont voté. Selon eux, on se dirigerait vers un bio partagé (3,9/5 des votants estiment ce scénario réalisable). Les autres scénarios ont reçu des votes d’approbation de 3,3/5 pour le bio business ; 3/5 pour un bio gagnant ; et 2,6/5 pour un bio dilué.

Lire aussi : La 6e édition des Bio N’Days a mis en débat les défis du bio

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