Nectarine : des besoins de variétés surtout en juillet
Éviter de planter sur le créneau précoce et choisir plutôt des variétés de nectarines qui arriveront en production entre le 1er et le 20 juillet, c’est le conseil de l’AOP Pêches et Abricots de France au regard des marchés. [Article de Sophie Sabot]
Éviter de planter sur le créneau précoce et choisir plutôt des variétés de nectarines qui arriveront en production entre le 1er et le 20 juillet, c’est le conseil de l’AOP Pêches et Abricots de France au regard des marchés. [Article de Sophie Sabot]


La saison 2024 a été marquée par une forte précocité en pêches et nectarines. À fin juin, les metteurs en marché de l’AOP Pêches et Abricots de France enregistraient 40 % de volumes en plus que l’année précédente. Le marché s’est donc retrouvé particulièrement engorgé sur cette période. Si la précocité de 2024 reste pour l’instant exceptionnelle, une tendance de fond se confirme. « Il suffit de regarder la nectarine Big Top® en Roussillon. Elle a gagné deux semaines de précocité en vingt ans », avertit Raphaël Martinez, directeur de l’AOP.
Sa cueillette est progressivement passée de la première semaine de juillet à celle de l’avant-dernière semaine de juin. Or, le mois de juin est traditionnellement une période compliquée d’un point de vue commercial. Muriel Millan, responsable technique de l’AOP, s’est livrée à une analyse précise des points critiques du calendrier sur les saisons 2021, 2022, 2023 et 2024. C’est-à-dire les périodes où les apports et le marché ne sont plus en phase et où les stocks grimpent. Objectif : identifier les créneaux à éviter en termes de plantations et ceux sur lesquels enrichir l’offre.
Des besoins sur le créneau du 1er au 20 juillet
« En nectarines, sur le créneau début de saison, il ne faut pas se lâcher sur les plantations, recommande Muriel Millan, surtout sur les variétés qui arrivent en production entre le 15 et le 30 juin. Nous sommes sur une période où l’Espagne est encore majoritaire, le marché patine. C’est la fin de mois pour les consommateurs et la météo est souvent capricieuse sur une partie de la France. » Elle alerte également sur le créneau entre le 20 juillet et le 10 août. « Nous sommes sur un pic de stocks. Le marché est souvent dynamique, mais attention à ne pas trop planter sur ce créneau, surtout en nectarines blanches », conseille-t-elle.
L’analyse des dernières campagnes montre en revanche un creux d’apports en nectarines sur les trois premières semaines de juillet. C’est traditionnellement le créneau des variétés Gardeta cov et Big Top® Zaitabo en jaune ou de Cristal® Monries cov, Garcica cov, Magique® Maillarmagie cov en blanche. Sur cette période, entre le 1er et le 20 juillet, le marché est davantage porteur selon la responsable technique. « Il peut y avoir un intérêt à planter des variétés qui arrivent à maturité sur ce créneau », insiste-t-elle.
En nectarines jaunes, sur le créneau début juillet (entre Big Top® Zaitabo et Nectapom® Nectariane cov), les stations SudExpé (Gard), Sefra (Drôme) et Sica Centrex (Pyrénées-Orientales) et le CTIFL identifient plusieurs variétés qui répondent au creux d’apports signalé par Muriel Millan. Attention toutefois à leur précocité qui se décale vers juin. Big Top® Zaitabo reste la variété de référence sur ce créneau, toujours très intéressante pour sa qualité gustative. Mais son suivi en zones Costières-Crau et Pyrénées-Orientales confirme un comportement en termes de productivité « moyen d’année en année ».
Un gros potentiel de production pour Atanais cov
Un peu avant Big Top® Zaitabo, Atanais cov de PSB, suivie sur les trois bassins de production présente « un bon comportement général », notamment un gros potentiel de production. Attention toutefois à sa phénologie trop précoce qui fait de Montélimar (Drôme) sa limite nord. Quelques défauts d’épiderme et une forme bosselée sont aussi signalés. Après Big Top® Zaitabo, VIF NA 22.136 cov (Escande), en 4e feuille sur les trois stations, semble intéressante. « Elle présente une bonne qualité gustative, un épiderme très propre. » Si on se rapproche du créneau Nectapom® Nectariane cov (-9 jours), Matiss cov (PSB) révèle un très bon comportement général, tant sur le site du Gard que sur celui des Pyrénées-Orientales. Production, port et conduite d’arbre, présentation des fruits, qualité gustative, épiderme très peu sensible à la pluie : Matiss cov coche positivement de nombreuses cases, selon Julien Ruesch du CTIFL.
Un peu plus loin dans la saison (-4 jours avant Nectapom® Nectariane cov), deux variétés se comportent plutôt bien sur les trois sites : Luciana cov (PSB) et Netix® 28 cov (Escande). « Luciana a un très bon potentiel. C’est une variété de référence pour nous », affirme l’ingénieur. « Netix® 28 présente un très bon compris entre le potentiel de production, la qualité gustative qui est son point fort, la présentation… C’est une variété à éclaircir tôt pour avoir un calibre satisfaisant », poursuit-il. Honey Pride cov (IPS), en 4e feuille sur les trois stations, présente également un bon potentiel. Sur la fin du créneau, la variété Clariss cov (PSB) donne des résultats très satisfaisants sur le site du Gard et celui des Pyrénées-Orientales.
Nectarine blanche : moins d’offres sur le créneau mi-juillet
Sur le créneau mi-juillet, en nectarines blanches, Julien Ruesch reconnaît qu’il y a « moins d’offres variétales ». SudExpé et Sica Centrex confirment toutefois l’intérêt de Garcica cov. « Une variété rustique qui a un très bon comportement général et une très bonne qualité d’épiderme », indique le représentant du CTIFL. Il cite également la variété Amapola cov de PSB dont le point fort est la « très bonne qualité gustative ». « Elle a un très gros potentiel de charge et calibre mais il faudra faire attention en termes de précocité de floraison. » Exit donc les zones gélives. La variété n’est pas adaptée en Rhône-Alpes.
Attention à la phénologie un peu précoce
Idem pour Nabalise cov de Star Fruits. Suivie dans le Gard et dans les Pyrénées-Orientales depuis moins longtemps que Garcica cov, elle semble tout de même présenter un bon comportement général. « Attention toutefois à la phénologie un peu précoce, que ce soit au débourrement et à la floraison. L’épiderme n’est pas toujours au top et nous constatons une petite sensibilité monilia sur certains sites », avertit Julien Ruesch. Toujours sur ce créneau en nectarines blanches, Redix® 28 (Escande) semble intéressante pour les trois bassins de production. « L’arbre est vigoureux, semi-érigé, facile à produire. La présentation du fruit est attrayante. » Également suivie sur le site de la Sefra dans la Drôme, Redix® 28 confirme son « bon comportement ». Enfin, dernier créneau sur lequel il pourra être intéressant pour les producteurs d’explorer les variétés : celui de fin de saison. Muriel Millan identifie un nouveau creux d’apport après le 10 août. Elle signale que le marché est encore favorable à cette période, avec souvent une météo porteuse pour la consommation. « Il y a un intérêt à planter pour produire sur ce créneau, surtout en nectarines blanches », conclut-elle.
En pêches, enrichir l’offre entre le 10 et le 30 juillet

Côté pêches, Muriel Milan recommande là aussi de faire attention au créneau début de saison entre le 10 et le 30 juin. Objectif : ne pas engorger davantage un marché encore dominé par la pêche espagnole. « C’est plutôt entre le 10 et le 30 juillet qu’il faut enrichir l’offre », insiste-t-elle. En pêches jaunes, sur le créneau Royal Majestic® Zaimajal cov-Royal Summer® Zaimus cov de début juillet, les stations SudExpé, Sefra et Sica Centrex citent notamment la variété Crispboom cov (ASF). Elle confirme son bon comportement général (productivité, présentation, qualité gustative). « Mais il faut bien la travailler car l’arbre au bois souple a tendance à s’affaisser sous la charge », avertit Julien Ruesch du CTIFL.
Juste après dans le calendrier, Soledora cov de PSB recueille une très bonne évaluation sur les trois stations en Drôme, Gard et Pyrénées-Orientales. « Une variété qui présente peu de défauts », résume l’ingénieur. Royal Summer® Zaimus (IPS) reste aussi intéressante selon lui. « Mais il faut parvenir à la faire charger suffisamment. » Sur la même période et dans le même style que Royal Summer, Royal Mona cov (IPS) présente aussi un bon comportement. En pêches blanches, sur le créneau de fin juillet, trois variétés recueillent un avis « bon à très bon » sur les trois stations : Melox® 30 d’Escande, Sweetpinkie cov et Tonicsweet® Sweetregal cov d’ASF.
Produire en juin pour la main-d’œuvre
Si l’analyse des creux du marché semble pertinente pour orienter les choix variétaux, d’autres réalités rattrapent les producteurs. « Si nous produisons autant sur juin, c’est parce que nous avons perdu la main-d’œuvre locale. Nous faisons venir du personnel étranger pour l’éclaircissage et avec les variétés précoces nous cherchons à leur fournir du boulot pour qu’ils restent sur la saison », a souligné un producteur lors de la Journée pêches-abricots à Saint-Gilles dans le Gard en novembre dernier.