Mirabelle de Lorraine : à quoi servent les 10 millions d'euros investis à Vegafruits ?
Vegafruits, bureau commercial pour la mirabelle de Lorraine IGP, avait annoncé en 2021, un investissement de 10 millions d'euros sur 3 ans pour sa station fruitière de Saint-Nicolas-de-Port, en Meurthe-et-Moselle. Un investissement, dont va bénéficier la récolte 2024, qui permet à la coopérative de se réapproprier une partie de la première transformation et qui va faire entrer la Mirabelle de Lorraine dans l’ère de la data.
Vegafruits, bureau commercial pour la mirabelle de Lorraine IGP, avait annoncé en 2021, un investissement de 10 millions d'euros sur 3 ans pour sa station fruitière de Saint-Nicolas-de-Port, en Meurthe-et-Moselle. Un investissement, dont va bénéficier la récolte 2024, qui permet à la coopérative de se réapproprier une partie de la première transformation et qui va faire entrer la Mirabelle de Lorraine dans l’ère de la data.
La mirabelle de Lorraine IGP n’a pas été touchée par le gel, à la différence d’autres prunes. En Lorraine, les mirabelliers sont justement plantés sur les coteaux afin d’éviter les risques de gel au printemps notamment. Les arbres sont ainsi davantage à l’abri. « L’IGP s’étend aussi sur plusieurs départements, ce qui fait que si ça gèle quelque part, on peut rattraper les volumes avec les autres vergers »,précise également Quentin Hoffmann, président de l’Association des Mirabelles de Lorraine.
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Cette année, la récolte devrait atteindre les 8 000 tonnes. Une récolte 2024 supérieure à celle de l’an dernier, qui va bénéficier des nouvelles installations de la station Vegafruits de Saint-Nicolas-de-Port, en Meurthe-et-Moselle.
La coopérative avait en effet annoncé, en 2021, investir 10 millions sur 3 ans dans sa station fruitière. En 2024, le nouvel outil industriel est fin prêt. Cet investissement (dont 2 millions d’euros ont été financés par l’Etat dans le cadre du plan France Relance) a permis l’expansion de la station avec un nouveau bâtiment ainsi que l’acquisition et la rénovation de certaines lignes.
2, 5 millions d’euros ont servi à la décarbonation de l’usine : en changeant le système de froid (utilisé en grande partie pour l’atelier surgélation), la station de Saint-Nicolas-de-Port économise environ 7 500 tonnes équivalent carbone chaque année.
2,5 d’euros ont aussi permis la modernisation des différentes lignes de conditionnement devenues obsolètes et l’expansion d’autres pour permettre une diversification.
Enfin, les 5 millions d’euros restants ont servi à la création d’un tout nouveau bâtiment pour l’unité « fruits de bouche », entendez par là l’unité fruits pour le marché du frais. Désormais donc les deux activités qui figurent dans l’ADN de la mirabelle de Lorraine (le frais et le transformé) ont chacune leur bâtiment. L’ancien bâtiment est réservé à la partie industrie ; le nouveau aux fruits frais.
« Chez nous, la transformation n’est pas un débouché pour les fruits déclassés, rappelle Quentin Hoffmann. La saison de la mirabelle est très concentrée et l’on a vraiment construit notre filière sur les deux débouchés : frais et transformation ». Un tiers de la production de la mirabelle de Lorraine est vendue sur le marché du frais, les deux autres tiers sont transformés soit à Vegafruits (pour 50 %), soit chez des clients, le but étant de rapatrier au maximum la transformation au sein de la coopérative.
Vegafruits a, dans cet objectif, acquis un tunnel de surgélation, technologie qui constitue l’un des deux principaux débouchés en transformation pour la mirabelle de Lorraine. La surgélation se fait en été juste après la récolte : les mirabelles sont dénoyautées et immédiatement surgelées. Depuis l’an dernier, l’IGP Mirabelle de Lorraine a été étendu aux oreillons surgelés. On les trouve par exemple chez Picard.
La purée (compote) constitue le 2e atelier principal de transformation. En plus des mirabelles, Vegafruits propose d’autres fruits que la coopérative a souhaité relocaliser : la cerise (Noire de Bâle et Montmorency), la pêche de vigne, la pomme, la quetsche, la rhubarbe. La purée revient en fûts, « on ne la stocke pas chez nous », précise Arnaud Colin pour être mise en gourdes à Végafruits. Environ 2000 tonnes de mirabelles sont transformées à Vegafruits (50 % purée, 50 % surgélation). 2000 autres tonnes sont transformées chez les clients.
En 2025, un investissement fléché vers l’IA et la data
« Le nouveau bâtiment, n’est pas qu’un investissement industriel, c’est aussi pour nous un changement d’ère. On entre vraiment dans l’ère dans la data, explique Arnaud Colin, directeur général de Vegafruits. Jusque-là, les logiciels appartenaient à nos fournisseurs qui traitaient la data pour nous. On ne voulait plus ça. On veut désormais la traiter chez nous ». La nouvelle ligne de tri optique va permettre de le faire. L’imagerie optique associée aux données météo, images satellites, aux remontées terrain et autres data permettront d’anticiper au mieux les récoltes (date, volume, qualité) par exemple, mais aussi de prévenir de certaines évolutions.
La recherche et l’innovation seront aussi facilitées par le traitement de la donnée. Végafruits accueille déjà en son sein depuis plusieurs années des développeurs qui vont modéliser ces données, l’objectif étant aussi de communiquer à l’ensemble de la filière mirabelle de Lorraine ces connaissances et d’anticiper l’avenir.