Mille et une initiatives antigaspi en Europe
L’Union européenne est engagée dans une baisse forte du gaspillage alimentaire. Les États-membres font preuve d’un bel esprit d’initiative sur le sujet. Florilège.
L’Union européenne est engagée dans une baisse forte du gaspillage alimentaire. Les États-membres font preuve d’un bel esprit d’initiative sur le sujet. Florilège.
La lutte contre le gaspillage alimentaire n’est pas qu’une affaire franco-française. Dans l’Union européenne, on peut estimer à environ 88 Mt de déchets alimentaires générées chaque année. Cela représente environ 20 % du total de produits alimentaires dans l’Union et une facture, assez astronomique, de 143 Md€. Les ménages génèrent plus de la moitié du total des déchets alimentaires dans l’UE (47 Mt).
D’une manière générale, 70 % des déchets alimentaires proviennent des ménages, de la restauration et du commerce de détail. Face à cela, comme le souligne Eurostat, 36,2 millions de personnes ne peuvent pas s’offrir un repas de qualité tous les deux jours.
Travailler avec la distribution automatique
L’Union européenne s’est engagée à réduire de moitié le gaspillage alimentaire par habitant au niveau du commerce de détail et des consommateurs d’ici 2030, et à réduire les pertes alimentaires tout au long des chaînes de production et d’approvisionnement alimentaires. Les pays membre sont aussi sur la brèche. En Italie, la Banque Alimentaire et Confida, l’Association italienne de distribution automatique, ont signé fin mai un accord national afin de collecter les excédents alimentaires de l’ensemble du secteur de la vente automatique dans tout le pays.
Pour la gestion du projet, les Banques Alimentaires régionales seront mises en relation avec les 11 délégations territoriales de Confida, soit un total de 550 entreprises. Une fois pleinement opérationnel, le processus pourrait économiser au moins 250 tonnes de nourriture par an. L’initiative avait été amorcée il y a un an dans le Piémont avec de bons résultats (20 t de produits sauvegardés sur 2021). L’enjeu est de taille : chaque Italien produit environ 65 kg de déchets alimentaires par an, soit 7 kg de plus que la moyenne européenne (58 kg)
Une « battle » de chefs pour sensibiliser le public
En Irlande, FoodCloud, entreprise sociale à but non lucratif mettant en relation entreprises et organisations caritatives et groupes communautaires, s’est associée à certains des plus grands chefs locaux pour une série de programmes on-line visant à sensibiliser au problème posé par le gaspillage alimentaire en Irlande (1,27 Mt gaspillé chaque année). Baptisée « All Taste Zero Waste » (Tout le goût, zéro déchet), cette série met en scène des chefs renommés qui partagent leurs connaissances et leur expertise pour aider les foyers et mais aussi la filière restauration à changer. « All Taste Zero Waste » se concentre également sur les « Charity Chefs », ces cuisiniers œuvrant dans les associations caritatives qui utilisent quotidiennement les produits excédentaires fournis par FoodCloud.
C’est dans la forme adoptée que le programme de FoodCloud se distingue de ce qui a pu être fait par ailleurs. Les deux chefs sont engagés dans une sorte de défi : ils disposent de trente minutes pour produire un plat à l’improviste en utilisant une gamme de produits fournis par FoodCloud. Tout au long de l’épreuve, ils fournissent des conseils et des astuces utiles sur la façon dont chacun peut contribuer à réduire le gaspillage alimentaire et, à la fin du défi, un convive invité est invité à juger les plats.
Investir dans une gamme dédiée
En Allemagne, la branche du distributeur Edeka dans la région Minden-Hanovre apporte sa contribution à la réduction du gaspillage alimentaire, tout en œuvrant pour l’insertion des personnes handicapées. Le projet « Liebe2 » (« amour au carré ») prévoit l’usage des fruits et légumes impropres à la vente mais trop beaux pour être jetés qui connaissent une seconde vie sous forme de chutney. Edeka s’est associé avec la clinique Wahrendorff à Sehnde (en banlieue de Hanovre) qui accueille des personnes souffrant d’un handicap mental.
Les employés de la clinique récupèrent les fruits et légumes déjà triés directement dans trois supermarchés Edeka de la région. Les résidents transforment les aliments en chutneys dans le cadre de l’ergothérapie (discipline de la santé visant la promotion de la santé et du bien-être des individus au travers de leurs occupations). « Grâce à notre partenaire, la clinique Wahrendorff, les personnes handicapées peuvent produire ces chutneys de haute qualité selon leurs propres recettes. De cette manière, la valeur ajoutée reste directement dans la région », explique Sebastian Cramer, directeur général d’Edeka Cramer. Les chutneys « Liebe2 » sont disponibles dans les trois magasins participants et vendus 2,99 €, le pot de 210 g.