Nord-Pas-de-Calais
Marine Le Pen fait ajourner une délibération en faveur de l’endive rouge
Quand la chef de file du Front national veut se montrer plus écologistes que les écolos, elle utilise l’épouvantail OGM. Et ça marche !
Le 31 janvier, à l’occasion de la réunion de la Commission Permanente du Conseil Régional, Marine Le Pen, conseillère régionale, a fait reporter une délibération concernant les travaux menés sur l’endive rouge par la station de recherche de l’Apef. Le dossier en question concernait une demande de subvention au titre de l’exercice 2010 pour les travaux menés en matière de diversification d’endives. Chaque année, la station présente des demandes de financement analogues pour ses recherches menées à Arras. Dans le dossier 2010, il était notamment fait référence à des travaux concernant la sélection de l’endive rouge via l’utilisation de “la stérilité mâle cytoplasmique” (CMS).
Marine Le Pen s’est emparée de cette question : « A partir du moment où il y a introduction de la stérilité mâle cytoplasmique dans les lignées d’endives rouges, ce sont des OGM ! » L’effet de surprise joua à plein, mettant d’ailleurs Jean-Louis Robillard, vice-président délégué à l’agriculture (et élu du groupe Europe Ecologie-Les Verts) dans l’embarras. Marine Le Pen est allée très loin, accusant notamment « le Conseil Régional de développer les OGM qui mettront demain les paysans entre les mains des grands groupes agroalimentaires. » Jean-Louis Robillard convenait ce jour-là « qu’il y avait matière à y regarder de plus près ! » et décidait de repousser la délibération. Puis, dans un communiqué diffusé peu après, il reconnaissait que les « travaux menés par l’Apef ne pouvaient pas être assimilés à de la création d’OGM. » Michel Marle, sélectionneur et spécialiste unanimement reconnu de la création variétale d’endives à l’Apef, le confirme : « La CMS est une technique de sélection classique, utilisée couramment dans la production de choux ou de poireaux, qui fait appel à la fusion de protoplastes. Cette stérilité mâle génique existe d’ailleurs naturellement chez la chicorée. » Cette technique de sélection – qui permet la création d’hybrides – répond à une demande forte des endiviers soucieux depuis longtemps d’obtenir des individus homogènes au champ. Pas de risques d’OGM ou de complot international donc. D’ailleurs, poursuit Michel Marle « officiellement, ces variétés ne sont pas interdites des cahiers des charges de l’agriculture biologique car ce ne sont pas des OGM. On est avant tout dans le domaine des biotechnologies, pas dans celui des manipulations génétiques. » Marine Le Pen a donc fait un coup politique au détriment des responsables professionnels qui se battent pour développer l’endive, un des produits régionaux les plus emblématiques du Nord-Pas-de-Calais. Le dossier n’était pas mis à l’ordre du jour de la Commission permanente du 14 mars. Peux-être celle d’avril ?