Mâche nantaise : quelle rentabilité ?
La crise touche de plein fouet la mâche nantaise qui voit ses coûts de production augmenter et sa consommation se réduire. Banalisée dans les grands magasins, elle est désormais concurrencée par la mâche italienne moins chère.
La crise touche de plein fouet la mâche nantaise qui voit ses coûts de production augmenter et sa consommation se réduire. Banalisée dans les grands magasins, elle est désormais concurrencée par la mâche italienne moins chère.
Comme beaucoup de produits en fruits et légumes, la mâche nantaise se retrouve dans une période d’incertitude liée aux circonstances économiques actuelles, associées à une consommation stagnante, voire en diminution. « Il y a une sorte de banalisation du produit à cause des barquettes vendues à 0,99 euro en GMS. C’est devenu comme une habitude et il n’y a pas de promotion possible avec ce prix, le produit n’est jamais mis en avant », déplore Charles Jannin, président de Nanteurop qui rassemble treize groupes de producteurs adhérents lesquels réalisent au moins 50 % de leur chiffre d’affaires avec de la mâche, et président de Nantial, bureau de commercialisation détenu à 50 % par l’OP et 50 % par Agrial. Nantial commercialise principalement de la mâche, mais également des radis (bottes et vrac en sachet), des jeunes pousses, des poireaux primeurs, des navets, du fenouil, des oignons, des carottes et même des asperges depuis un an. Heureusement pour la mâche, les pics de consommation traditionnels demeurent : Noël et Pâques restent les périodes d’achat les plus importantes de l’année. Mais c’est insuffisant, « il faudrait mettre en avant la fraîcheur, la qualité du produit pour redynamiser la consommation », indique le président.
Hausse des coûts et concurrence
Nanteurop produit 12 000 tonnes de mâche par an, 12 mois sur 12, 50 % des volumes en IVe gamme (MDD et marque Florette) et 50 % en barquette (MDD et marque Nantial). « Notre fierté, c’est de pouvoir récolter et expédier de la mâche tous les jours, hiver comme été. C’est difficile d’avoir une production régulière, surtout en tunnel et en pleine terre. Avec les grands abris plastique (GAP), nous arrivons mieux à réguler la production avec l’arrosage », explique Charles Jannin.
De plus en plus difficile d'obtenir des permis pour la construction de nouvelles serres
Depuis plus de vingt ans, la filière mâche de la région nantaise a axé son développement sur les serres GAP et aujourd’hui, il y a 200 hectares de production dans ces serres. « Mais cela devient de plus en plus difficile d’obtenir des permis pour la construction de nouvelles serres, ce qui ne nous facilite pas la vie », poursuit le président. Au chapitre de l’électricité, comme partout, les augmentations sont à l’ordre du jour : « Le coût a été multiplié par 2 en 2023 et devrait encore augmenter au renouvellement des contrats. Nous n’avons pas énormément de leviers pour réduire notre consommation. Une fois récoltée, la mâche doit être conservée au frais, on ne peut rien y faire ».
En 2022, la filière avait déjà dû absorber une hausse de 25 % de ses charges et notamment du prix des intrants et des emballages. « L’année dernière, nous avons pu passer quelques hausses de prix avec la grande distribution en IVe gamme, se félicite le président de Nanteurop, mais il n’y a pas eu de répercussion des hausses à 100 %. Et de ce fait, la rentabilité de la mâche est aujourd’hui compromise. »
Les producteurs gardent encore l’espoir de nouvelles négociations avec la grande distribution et les industriels. « Mais avec l’augmentation des prix, les consommateurs risquent de ne plus acheter ou de se reporter sur la mâche italienne, moins chère grâce à un climat plus propice et une main-d’œuvre à bas prix. Nous ne sommes pas à armes égales », déplore Charles Jannin qui conclut : « L’argument du made in France ne fonctionne plus en cas de crise, l’arbitrage se fait sur le prix ».