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Kiwi
Comment la culture de kiwi rouge se déploie en France

Après l’hégémonie du Hayward, le temps est à la diversification des couleurs du kiwi. Le jaune s’est bien installé et désormais les opérateurs s’intéressent au kiwi rouge. Les projets se multiplient mais il faudra attendre encore quelques années avant d’avoir de réels volumes sur le marché français.

Les variétés dites rouges sont aussi de l’espèce Actinidia chinensis. Cette dénomination recouvre des variétés bicolores avec une partie interne rouge et une partie externe jaune ou verte. Elles se caractérisent par des saveurs intenses plus proches des fruits rouges ou de la figue. Les productivités seraient comprises entre 15 à 30 t/ha, explique Réussir Fruits & Légumes. Elles sont toutes sensibles au PSA et leur déploiement se fait sous serre pour les deux variétés produites en France.

Multiplicité des variétés

On observe une multiplicité des variétés rouges mais à ce jour en France, deux seulement ont été plantées : celle développée par le pionnier Jean-Michel Aurières en partenariat avec Cancel Fruits (lire ci-dessous) et celle développée par le groupe Peruzzo. « Nous souhaitons intégrer des producteurs partenaires pour pouvoir planter en propre et en partenariat 10 ha par an lors des cinq à sept ans à venir », indique Sylvain Colleville, directeur du développement du groupe Peruzzo  à FLD. L’entreprise a acquis la licence et l’exclusivité en France sur la variété Rossy (HFR18) développée au sein du club Okiwi.

 

Les opérateurs français se saisissent du kiwi rouge
Le groupe Peruzzo a acquis la licence et l’exclusivité pour la France sur la variété Rossy (HFR18). (c) Peruzzo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’autres variétés sont aussi en test en Europe et dans le monde, au moins quatre ont été plantées et une est en projet, en Italie, en Nouvelle-Zélande… Jingold s’est positionné il y a deux ans sur ce créneau avec la variété Oriental red (Dong Hong), rapporte Réussir Fruits & Légumes. Zespri, quant à lui, a sorti sa Red19 ou Zespri Red dont 150 ha sont actuellement plantés en Nouvelle-Zélande. L’objectif est d’atteindre 1 500 ha d’ici 2023. Il aurait des projets en Italie.

 

Primland se réoriente sur Red Passion et rejoint le consortium Kiwi Passion

Le groupe français Primland et ses producteurs de Kiwifruits de France développent le kiwi rouge « un produit très original, haut de gamme », selon les termes du président François Lafitte. 6 ha ont déjà été installés, dans les Pyrénées-Atlantiques, les Landes et le Lot-et-Garonne. Autour d’une centaine de tonnes sont attendues pour l’année prochaine.

Les opérateurs français se saisissent du kiwi rouge

 

Il s’agit de la variété au nom commercial Red Passion, très différent du kiwi vert, « parfumé », avec « des arômes de fruits de la passion » et un côté « décoratif qui va intéresser la restauration ». « Nous sommes attentifs pour développer cette culture », insiste François Lafitte. La variété est originaire de Chine et a été développée par Enza. « La première variété développée par Primland, Chuhong, originaire de Chine, libre de droit, présentait un calibre trop petit, d’où une réorientation vers cette variété italo-néo-zélandaise Red Passion », détaille Jean-Baptiste Pinel, directeur général de Primland.

Les arbres des producteurs de Primland sont actuellement en 3e feuille. « Les premières commercialisations ont eu lieu cette saison, 3 t sous le nom Oscar Red Kiwi Passion, confie Jean-Baptiste Pinel. C’est un bon produit, mais une vraie nouveauté qu’il va falloir faire découvrir. » Pour cela, un consortium européen Kiwi Passion se constitue, rassemblant « des Italiens, des Français, des Espagnols…) » afin de « faire de cette variété un club et de la développer et la promouvoir en Europe ».

 

Les pionniers Cancel Fruits et Jean-Michel Aurières créent Kiwi Origine SAS

Cette variété future club est la variété développée par Cancel Fruits et Jean-Michel Aurières. Pionniers avec 8 ha de serres photovoltaïques à Boé (Lot-et-Garonne), les deux partenaires ont récolté cet automne 100 t, commercialisées par Cancel Fruits sous le nom “Le kiwi rouge français”, en attendant la constitution d’un club européen et d’une marque, sûrement dès l’année prochaine. Le pépiniériste est l’italien Dal Pane. « Le gros plus de notre variété, c’est son gustatif, un goût de fruits rouges très marqué, qui s’affine et se prononce plus le fruit mûrit, souligne Maxime Gil, directeur général de Cancel Fruits. On ne fera jamais de concession sur ce point-là, c’est notre priorité. La couleur, un rouge pas trop léger, est son deuxième avantage. Enfin, les fruits ont du calibre. »

« On a pas mal d’avance par rapport à la concurrence en termes de plantation et donc d’expérimentation », confirme Maxime Gil. Car ce nouveau kiwi, sensible au PSA, correspond à un modèle productif différent, sous serre, avec un itinéraire technique à trouver et mettre en place (lire ci-dessous).

Les opérateurs français se saisissent du kiwi rouge
La variété planté et commercialisée par Cancel Fruits (c) Cancel

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cancel Fruits et le producteur Jean-Michel Aurières (SAS Aurières) se sont associés 50/50 pour créer Kiwi Origine, qui vient d’entrer en activité. L’objectif de cette SAS : « l’achat de licences et l’accompagnement technique en production, conditionnement et commercial et la promotion du produit, pour tous les producteurs partenaires ». Le projet a été créée en particulier pour le kiwi rouge. L’idée est d’accompagner les producteurs qui le souhaitent sur la production de kiwis rouges (accompagnement technique par Jean-Michel Aurières). La totalité des volumes de kiwis rouges sera conditionnée par Cancel Fruits et la mise en marché et la commercialisation pourra se faire par Cancel Fruits ou par Aurières SAS. En parallèle, un système de royalties permettra de financer Kiwi Origine (achat de licence, actions de promotion, etc.).

 

Une promotion nécessaire de ce kiwi qui n’est pas vraiment un kiwi

Le kiwi rouge va nécessiter des actions de communication et de marketing par les entreprises et les consortiums pour être découvert du consommateur. Et comprise : par exemple, la variété de Cancel Fruits se conserve très longtemps et même se bonifie avec le temps (alors que pour la plupart des autres variétés et espèces, la qualité gustative s’altère lorsque le fruit devient trop mûr/vieux), le fruit prenant cependant un aspect fripé.

Les opérateurs français se saisissent du kiwi rouge

 

Cancel Fruits a conscience de l’importance des dégustations. Le salon de l’Agriculture en 2023 en sera notamment l’occasion. Vers les clients aussi : la GMS, la restauration, la pâtisserie. Un restaurateur d’Agen, La Table de Michel Dussau, teste notamment différentes recettes avec le kiwi rouge dont Cancel Fruits fournit les échantillons et a notamment élaboré un soufflet au kiwi rouge. « Un gros travail marketing va devoir être fait, notamment par le club européen lorsqu’il sera opérationnel, mais il faut d’abord avoir la disponibilité en volumes », explique Maxime Gil.

 

Production : un modèle très différent du Hayward mais qui reste rentable

La Scaap Kiwifruits de France fait des essais en serres multi-chapelles classiques ou en serres photovoltaïques. « C’est surtout une question d’investissement : la première revient à 200 000 €/ha, la deuxième à 30 000 €/ha car c’est l’entreprise d’électricité qui investit et construit la serre, explique François Lafitte. La mise de fond est donc plus faible pour le producteur, qui gère seulement l’aspect végétal, mais sous serre photovoltaïque le potentiel de productivité est plus faible (en raison de l’ombrage générée par les infrastructures). » Jean-Baptiste Pinel confirme : « Nous n’avons pas encore de certitude, tout est à tester. Il faut attendre que les arbres soient plus adultes. »

 

Cancel Fruits et Jean-Michel Aurières ont fait le choix des serres photovoltaïques, avec 8 ha à Boé (reportage à retrouver dans FLD Magazine du 12 avril 2022 : Visite des serres de kiwis rouges) dès 2017-2018. Il y a déjà un peu plus de recul sur l’itinéraire technique. Maxime Gil confie ainsi : « Le kiwi rouge reste une culture très rentable, même sans prendre en compte la “gratuité” de l’investissement dans l’infrastructure serre photovoltaïque. Les prix restent supérieurs à ceux du kiwi jaune, eux même supérieurs à ceux du kiwi vert, ce qui permet de valoriser cette culture qui est plus technique. Une fois l’aspect “nouveauté” dépassé, le prix du rouge baissera sûrement mais sera toujours sur un positionnement supérieur. La GMS le comprend. »

 

 

Retrouvez dans FLD Magazine du 12 avril 2022 le reportage Visite des serres photovoltaïques de kiwis rouges de Cancel Fruits

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