Innovations
Les Crudettes ouvre les portes de sa serre de R&D Cap Vert
Le spécialiste des salades IVe gamme et snacking a investi 4 M€ dans une serre de R&D pour bâtir un modèle économiquement et environnementalement viable de production de salades et d’herbes aromatiques en aéroponie mobile. Visite de la serre et explications des enjeux et objectifs.
Le spécialiste des salades IVe gamme et snacking a investi 4 M€ dans une serre de R&D pour bâtir un modèle économiquement et environnementalement viable de production de salades et d’herbes aromatiques en aéroponie mobile. Visite de la serre et explications des enjeux et objectifs.
Le spécialiste des salades IVe gamme et snacking Les Crudettes (groupe LSDH) a lancé il y a un an et demi un projet colossal de R&D, dont la réflexion a débuté il y a six ans : une serre de 3 000 m2 à Chateauneuf-sur-Loire (Loiret), à côté de son usine. L’enjeu : mettre en place le process qui permettra un optimum entre coûts de production et productivité de salades et herbes aromatiques en aéroponie. « Ce site a une vocation de R&D, explique Thierry Dubois, directeur des Crudettes. Demain, il sera sans doute aussi un outil commercial, en tant que showroom, et un outil pédagogique pour former les producteurs partenaires et les collaborateurs et accueillir des visites scolaires. »
La région Centre-Val de Loire veut réinventer l’alimentation de demain
Quatre objectifs majeurs, entre enjeux économiques et environnementaux
Le projet repose sur quatre objectifs majeurs. Le premier est de relocaliser la production de salades et d’herbes aromatiques destinées aux Crudettes (salade IVe gamme) et de la rendre disponible toute l’année. « La production de salades en plein champ est compliquée pendant les quatre mois et demi d’hiver car elle est très sensible au gel, ce qui nous oblige à recourir à l’importation d’Espagne et d’Italie pour environ un tiers de nos volumes, explique Thierry Dubois. Or le premier critère de qualité en salade, c’est la fraîcheur. Ce projet va donc nous permettre à termes d’avoir des productions toute l’année, à proximité des sites de transformation, en complément du plein champ. Notre objectif d’ici à cinq ans est d’avoir un tiers de nos approvisionnements par cette technologie relocalisée. »
Deuxième objectif : le zéro pesticide, rendu possible par une maîtrise sanitaire et climatique totale dans la serre. « Nous sommes encore au stade R&D donc nous ne sommes pas affiliés à un label ou un collectif existant, mais c’est quelque chose auquel nous réfléchissons. »
Le troisième objectif est environnemental : réduction de la consommation d’eau (culture et transformation) de 90 %, division par deux du bilan carbone et conception d’une serre tendant vers l’autonomie énergétique. « Par exemple nous utilisons la chaleur fatale des usines d’à côté. Et pour l’eau, là où il faut 100 L d’eau pour produire un kilo de salade IVe gamme de plein champ, en comptant le conditionnement et le plastique, nous sommes descendus avec notre technologie à moins de 10 L ! ».
Le quatrième objectif est sociétal, avec une amélioration des conditions de travail (les modules sont inclinés et mobiles automatiquement) et une réduction du besoin en main d’œuvre par rapport au plein champ.
Différentes espèces testées à différentes échelles
La serre est constituée de quatre chapelles : la première pour l’alimentation générale, la deuxième pour le laboratoire (afin de tester les différents paramètres de production et trouver les optimum techniques et économiques), la troisième reproduit le système de production à l’échelle un pour un (afin de valider et de fiabiliser les process) et la quatrième une chapelle de fonctionnement (production : plantation, récolte).
Salades de toutes variétés, coriandre, ciboulette, aneth, basilic, –« mais demain peut-être d’autres espèces et pourquoi pas le côté médicinal »-, sont donc soumis à différents taux d’humidité, température, lumière, solutions nutritives, variétés…., puis observées, mesurées, pesées, goûtées.
Un business plan à bâtir, des modèles de distribution à réfléchir
Où en est le projet ? « Depuis un an et demi, nous avons amélioré de 75 % la production. Nous sommes en train de bâtir le business model. Nous avons déjà une bonne idée du coût d’implantation de ce type de serre à l’échelle industrielle, on parle de plusieurs millions d’euros à l’hectare », glisse Thierry Dubois.
Les Crudettes envisage d’ici deux ans de lancer des serres en production avec des partenaires de l’amont, en développant en parallèle des outils pour faciliter l’investissement dans ces serres pour les producteurs (aider à trouver les financements, donner une visibilité par des contrats annuels -ce qui est déjà mis en place- voire pluri-annuel).
D’autres modèles sont aussi en réflexion : travailler en partenariat avec des collectivités pour installer ce type de serres sur des friches industrielles et vendre les salades en frais en circuit court et restauration collective et transformer les surplus en salade IVe gamme par exemple.
Les Crudettes vont produire en propre
En parallèle, les Crudettes vont construire, en propre et d’ici un an, une serre de production de 1 ha à Saint-Denis-de-l'Hôtel (Loiret) pour des herbes aromatiques, « produits pour lesquels nous avons le besoin le plus urgent de relocalisation. »
Concernant la continuité du projet de R&D, l’automatisation de la coupe et du lavage des salades est désormais en cours. Une étude ACV/bilan carbone du ou des process sélectionnés sera commandée, pour dans six à douze mois. Et dans les mois qui viennent, les salades de la serre
seront testées, en frais, avec des magasins de la région.
Un investissement de 4 M€, des aides du Feder et un consortium d’entreprises expertes
Les Crudettes se sont associées à la start-up CombaGroup, détenteur de la technologie brevetée d’aéroponie mobile appliquée à l’agriculture hors-sol. Outre des liens resserrés avec les instituts de recherche comme l’Inrae ou AgreenTech Valley, le partenariat, sous forme de consortium -avec des entreprises de la région ou françaises-, associe aussi le constructeur de serres Gilloots, Aria Technologies (maîtrise des processus climatiques), Clauger (froid industriel et traitement d'air) et des entreprises de développement de compétences : CEA Tech (énergie), CybeleTech (data et modélisation) et Agrithermic (efficacité énergétique des serres).
L’investissement de 4 M€, dont 3 M€ majoritairement supportés par les Crudettes, et 1 M€ par l’UE et la Région (Feder) pour « intégration de nouvelles technologies pour une production de salades écologiquement efficientes pour la 4e gamme. Vers l’aéroponie en mobile en serres semi-fermées. »