Légumes : vers un non travail du sol
La journée portes ouvertes du centre Ctifl de Balandran témoigne du développement permanent de moyens de lutte bio et la prise en compte de l’agronomie en cultures légumières. A l’instar de ce premier essai d’implantation d’une culture de melon, avec un travail du sol simplifié au maximum.
La journée portes ouvertes du centre Ctifl de Balandran témoigne du développement permanent de moyens de lutte bio et la prise en compte de l’agronomie en cultures légumières. A l’instar de ce premier essai d’implantation d’une culture de melon, avec un travail du sol simplifié au maximum.
Ce sont des travaux de « dégrossissement » que Marie Torres, ingénieure en charge du programme melon a présenté lors de la journée portes ouvertes du centre Ctifl de Balandran. Ils portent sur l’installation d’un engrais vert en période hivernale pour la mise en place d’une culture de melon, avec un travail du sol simplifié au maximum.
Sol non travaillé durant cinq à six mois avant plantation
« L’idée est de tendre vers l’agriculture de conservation, sans retournement du sol, sans labour, ni rotavator », mentionne la spécialiste. La démarche est initiée par les problèmes que rencontrent les producteurs de melon pour répondre aux obligations d’implanter une couverture maximale des sols en zone vulnérable Nitrate, mais aussi par l’intérêt croissant de l’implantation d’engrais verts pour limiter les problèmes de fusariose (voir RFL mars 2017). Dans l’essai conduit au Ctifl, l’engrais vert (vesce velue + blé) a été implanté à l’automne sur une butte puis a été détruit au printemps par un couchage au rouleau Faca ou un broyage suivi d’une occultation avec un film plastique. Cette action a été réalisée quatre semaines environ avant la plantation. Un paillage de 30 à 35 microns semble suffisant et le déroulage du plastique est réalisable malgré le fort volume de végétation. De plus, l’installation du réseau d’irrigation goutte-à-goutte est a réalisée simultanément. Toutefois, « plusieurs problèmes de faisabilité ont été rencontrés. Le blé est difficile à coucher avec le rouleau et a tendance à se relever. De fait, le paillage ne plaque pas bien au sol. L’occultation perd en efficacité et la reprise à la plantation est beaucoup plus difficile par manque de contact avec le sol en comparaison à la modalité engrais vert broyé », commente l’ingénieure. Le risque de se retrouver en conditions de sol très tassé au moment de la plantation est également important et à prendre en compte puisque le sol n’a pas été travaillé depuis la préparation du semis d’engrais vert, cinq à six mois avant. « La plantation dans la boue peut alors être envisagée », précise Marie Torres. Au final, les modalités de ce premier essai réalisé en bout de parcelle obtiennent des rendements équivalents avec les autres modalités d’implantation classique.
Important volume de biomasse enfoui
Un essai identique a été réalisé sur courgette. Dans celui-ci, l’engrais vert était un mélange de vesce d’hiver et d’orge. Malgré une mauvaise reprise sur une partie de l’essai, le rendement de la culture est resté correct. « L’orge a été difficile à coucher au rouleau, même au stade optimal grain laiteux. La mise en place du paillage a été également délicate, avec un plaquage au sol difficile et l’apparition rapide de déchirures. Enfin, dans la modalité rouleau, il faut localiser l’engrais dans le lit de plantation, ce qui nécessite un ajustement des doses », précise Sandra Prisca Pierre. Cette première expérience a permis de lever les difficultés de mise en place d’une culture de melon avec paillage sur un engrais, et montre la possibilité d’implanter une culture dans un sol non travaillé. Les conclusions, partielles et à valider dans les prochaines années, montrent que, dans le cas du melon, le broyage semble plus adapté que le roulage afin de limiter les difficultés de reprise. Elles pointent les phases-clés à maîtriser (mise en place du paillage, installation de l’irrigation) et celles à préciser, notamment le pilotage de la fertilisation en tenant compte de l’importance du volume de biomasse enfoui. « Les essais reconduits pour l’année prochaine prévoient de semer l’engrais vert sur butte pour ensuite y planter un melon », conclut Marie Torres.
Punaises phytophages : lutter sans intrants chimiques
Le projet Impulse prend en compte la problématique croissante et préoccupante des dégâts causés par les punaises phytophages, des genres Lygus et Nezara, en cultures légumières. « Son objectif est de rechercher des solutions de lutte sans intrants chimiques telles que les filets, les plantes pièges et les insectes auxiliaires », explique Mathieu Le Borgne. Sur ce dernier point, des recherches sur des parasitoïdes naturels concernent Trissolcus basalis qui parasite les ooplaques (groupes d’oeufs) de punaises et Trichopoda sp, parasitoïde de punaises adultes. Un essai concernant l’efficacité de l’effet barrière des filets (TIP 1000) a également été mis en place sur deux tunnels de cultures d’aubergine.
Réduire les populations de nématodes
Deux variétés de sorgho, Piper et 270911, en interculture d’été sous abri, et leurs conditions d’enfouissement ont été testées dans le cadre d’un essai. Piper est la variété la plus utilisée mais présente des teneurs faibles en dhurrine, précurseur de cyanure d’hydrogène (HCN), composé biocide pouvant être actif sur les bio-agresseurs du sol, notamment les nématodes. La variété 270911 se montre plus riche en HCN. L’essai a permis d’évaluer différentes modalités : une à deux cultures successives avec broyage/enfouissement, et roulage, arrosage et bâchage. « L’enfouissement pour la biofumigation doit s’effectuer avant six semaines de culture, durée du cycle de nématodes, afin de bénéficier de l’effet plante piège », explique Yannie Trottin (il a été effectué à quatre semaines dans le cas de l’essai). Certaines modalités donnent des résultats intéressants. « Jusqu’à 80 % de réduction de populations des nématodes, avec des niveaux élevés au départ », précise la spécialiste. L’essai devrait être reconduit.
Des petits fruits, colorés et gustatifs
Depuis cinq ans, le Ctifl observe la diversification de la gamme variétale tomate. Après les tomates cocktail et les variétés "type anciennes", ce sont 15 variétés de tomate petits fruits de couleur (sauf rouge/fruits inférieur à 14 g) qui ont été observées selon des critères agronomiques, qualitatifs et physico-sensoriels. Le témoin, Summer Sun, tomate cerise jaune la plus commercialisée avec un bon profil gustatif, côtoyait des tomates cerises ronde, allongée, poire… de toutes les couleurs : jaune, orange, rose, zébrée, noire comme Chokberry (Voltz) et une nouvelle variété blanche Ivorino (Syngenta). « Les analyses physico-chimiques et sensorielles ont permis d’identifier cinq types de variétés où le fondant et le juteux s’opposent au croquant et à la fermeté », explique Valentine Cottet, Ctifl. Trois variétés plus aromatiques ont toutefois été remarquées : Summer Sun (Vilmorin), C88 (Gautier) et T144 (Takii).