Légumes d'industrie : de combien la filière doit-elle développer ses capacités pour répondre au Plan de Souveraineté Fruits et Légumes ?
L’Unilet a fait ses calculs. En parallèle, l’interprofession a publié les chiffres de production côté amont et s’inquiète du changement climatique.
L’Unilet a fait ses calculs. En parallèle, l’interprofession a publié les chiffres de production côté amont et s’inquiète du changement climatique.
Le Plan de Souveraineté Fruits et Légumes, auquel a adhéré la filière des légumes en conserve et surgelés, prévoit le double objectif de « reconquérir 5 points de souveraineté d’ici 2030 » et d’« inciter les deux tiers des Français à consommer 5 fruits et légumes par jour ».
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L’interprofession des légumes en conserve et surgelés Unilet a donc calculé « précisément » ce que ce double objectif, pour sa filière, implique :
- Pour redresser de 5 points de taux d’auto approvisionnement, la filière devrait développer les capacités productives amont et aval de +6 % ;
- La hausse de consommation vise à diviser par deux la part de “petits consommateurs ” de fruits et légumes (moins de 3,5 portions par jour). Pour cela, la production et la transformation nationales de légumes en conserve et surgelés devrait se développer de +5 % (soit +11 g/jour).
En cumulant ces deux niveaux d’ambition, la filière des légumes en conserve et surgelés a établi qu’il lui faudrait développer ses capacités productives de 83 500 tonnes.
Ces données ont été présentées lors de la Journée des Légumiers le 6 juin puis à la presse lors d’une conférence le 14 juin. Dans ces mêmes journées, l’Unilet a indiqué renforcer sa démarche de responsabilité sociétale “Légumiers de demain” et fait le bilan des achats des ménages en 2023.
Il faudrait que la filière des légumes en conserve et surgelés développe ses capacités productives de 83 500 tonnes.
Des cultures fragiles sensibles aux amplitudes thermiques et de pluviométrie
Côté amont de la filière, est-ce un objectif jouable dans un contexte de changement climatique ? Jean-Claude Orhan, président de l’AOP des producteurs de légumes de plein champ pour l’industrie Cénaldi et vice-président de l’interprofession Unilet a glissé pendant la conférence de presse du 14 juin : « Nos cultures fragiles -d’autant plus qu’elles présentent des cycles très courts- ont été soumises au déréglément climatique ces dernières années. Amplitude thermique et de pluviométrie… impactent nos récoltes en volume et en qualité. »
Pour mémoire, la sécheresse de 2022 avait raboté les prévisions de récolte de -6%. Les conditions climatiques de 2023 ont été en revanche plus favorables aux cultures légumières. « Les quantités ont été en phase avec les prévisions, même si l’Ouest a été sous pression avec des canicules mi-juin et en septembre, impactant les pois et les haricots. »
Et en 2024 ? « Nous avons eu un hiver et un printemps très humides. Il est encore un peu tôt pour parler des conséquences. »
« Il est encore un peu tôt pour parler des conséquences de l’hiver et du printemps très humides sur les cultures de légumes d’industrie.
Les surfaces de légumes pour l’industrie observent depuis 7 ans une légère hausse, mais pour des volumes un peu moindres. « C’est bien le signe que les aléas climatiques empêchent les cultures d’exprimer leur plein potentiel », regrette Jean-Claude Orhan.
862 000 tonnes de légumes pour l’industrie récoltées en 2023
En 2023, 73 000 ha avaient été emblavés pour les légumes d’industrie (+2 % par rapport à la moyenne quinquennale) pour 862 000 tonnes récoltées (+1 % par rapport à la moyenne quinquennale et +7 % par rapport à la mauvaise année 2022). Le bio avait représenté 4 700 ha et 42 800 tonnes. Les rendements avaient été en hausse en haricots (+5 % comparé à la moyenne quinquennale 2018-2022)) et en pois (+3 %) mais en baisse en épinards (-9 %).
« On s’adapte constamment, pour accompagner les producteurs touchés par les aléas climatiques, et on investit aussi dans la recherche pour trouver des alternatives et des solutions techniques. Mais nous n’en sommes qu’au début, précise Jean-Claude Orhan. On doit trouver des gestions de risque acceptables pour les producteurs, pour les garder et qu’ils ne se détournent pas vers d’autres types de culture. »
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Par exemple, pour le pois, très sensible aux aléas, la filière cherche à décaler les calendriers de production.
« Le changement climatique peut aussi à l’inverse représenter des opportunités sur certains bassins, estime Cécile Le Doaré, directrice générale de l’Unilet. Il s’agit désormais pour l’Unilet de stabiliser ces perspectives pour envisager des essais à relocaliser des cultures du Sud de l’Europe. »
Avec le changement climatique, les producteurs de légumes d’industrie pourraient relocaliser en France des cultures du Sud de l’Europe