Melon
Le Sud est sous tension
Des actions de contestations sont annoncées pour mardi prochain, au départ de Châteaurenard, organisées par les syndicats majoritaires des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse. Ce matin déjà, des électrons libres, canalisés de justesse par la FDSEA 13, se sont rendus chez Bernard Chiron, dont un camion a été récemment “contrôlé” par des producteurs. « Ils ont été bien reçus, explique, serein, Bernard Chiron. Nous leur avons montré ce qu’ils voulaient voir, c’est-à-dire des melons espagnols conditionnés dans des plateaux portant l’origine Espagne. Je n’ai jamais caché que je produisais sur 40 ha en Espagne et je ne vois pas pourquoi je m’en priverais. Je travaille comme de nombreuses entreprises spécialistes du melon, mais sur une dimension bien moins importante. »
L’accord de modération des marges est demandé
De son côté, l’interprofession melon prend des mesures. « Nous sommes en crise conjoncturelle depuis neuf jours, explique Bernard Borredon, co-président de l’AIMM, à - 45 % au 23 juin par rapport à la moyenne quinquennale. Dès cette semaine, nous avons demandé l’application de l’accord de modération des marges. Un courrier a été remis aujourd’hui au ministère de l’Agriculture. » Le marché du melon s’est en effet compliqué et d’une manière quasiment inextricable depuis quelques jours et pour des raisons multifactorielles. D’une part, la météo très clémente a accéléré la production (3 semaines d’avance) et fait exploser les volumes. Le Sud-Est, le Languedoc-Roussillon sont en pleine production avec l’arrivée prématurée du Sud-Ouest et du Centre-Ouest. Si la semaine prochaine, les volumes risquent d’être moins importants dans le Sud-Est, les températures caniculaires annoncées dans le Sud-Ouest pourraient accélérer les mises en marché et plomber un peu plus le marché. Ce, sans compter avec l’Espagne encore très présente, comme il avait été annoncé à l’occasion des prévisions de récolte au salon Medfel. Les pressions sur les prix sont donc très importantes. Le SNM d’Avignon signalait ce matin des prix payés producteurs à 0,20 euro/kg, voire 0,15 euro/kg en pallox. Par ailleurs, les prix au détail sont encore très élevés : entre 1 et 1,50 euro/kg au niveau local, mais 2,50 euros à Nîmes et jusqu’à 3,50 euros à Lille. Notons encore que certaines enseignes ne se privent pas d’annonces alléchantes. Dans le journal La Provence de ce matin, Netto propose “à prix exceptionnel” 3 melons origine Espagne à 1,65 euro le lot. De la même veine, ED propose du melon France catégorie 12 à 1 euro pièce. 1 euro, le prix qui, pour de nombreux opérateurs, risque de faire référence toute la saison. Cet après-midi, la FDSEA 84 doit être reçue à la Préfecture de Vaucluse, pour exposer le problème et prévenir des risques de débordements. Les syndicats des Bouches-du-Rhône comptent, eux, sur la présence de Bruno Le Maire à Châteaurenard le 1er juillet pour lui faire part de leurs problèmes. D’ici là rien n’interdit de penser à des mouvements sporadiques et incontrôlés.