Distribution
Le manque de promotion collective, un écueil pour les magasins bio
Natexpo a souligné l’évolution du secteur bio qui subit la montée en puissance de la grande distribution face au réseau des magasins spécialistes.
Natexpo a souligné l’évolution du secteur bio qui subit la montée en puissance de la grande distribution face au réseau des magasins spécialistes.
Plus de 1 000 exposants (dont 500 nouveaux cette année), 31 500 m2 d’exposition, vingt pays représentés… Le salon Natexpo – qui s’est déroulé du 20 au 22 octobre au parc des expositions de Paris-Villepinte – a une nouvelle fois drainé tout ce qui compte dans le secteur du bio. Le salon a aussi offert une vision pertinente des évolutions qui secouent la filière. Ainsi, l’association Natexbio présentait les résultats d’une étude qualitative des consommateurs des magasins bio, réalisée par Biodéveloppement avec le cabinet Good.
Trois groupes composeraient la fréquentation des magasins bio : les “adeptes” (35 %) acheteurs exclusifs, les “pratiquants” (54 %) acheteurs réguliers mais pas exclusifs, et les “occasionnels” (9 %). Quelles sont les réactions de ces différents types de consommateurs face à l’offre bio en magasins spécialistes et en grande distribution ?
Évidemment, la notion du prix est prédominante : les produits bio sont considérés comme chers, et souvent le manque de connaissance du consommateur sur les coûts de la culture en bio renforce son sentiment de cherté (qu’il traduit par une marge plus importante prise par le magasin). L’étude montre, par exemple, que pour des tomates bio à 2,28 €/kg, il suffit d’une hausse de 20 % de ce prix en magasin bio pour que le consommateur “pratiquant” se tourne vers la grande distribution, jugée plus attrayante. L’étude a aussi évalué comment le consommateur différenciait (ou non) le label Bio avec les démarches de type ZRP : toujours pour une tomate, 65 % des “pratiquants” ne font pas de différence entre le sans pesticide et le bio. Ils sont seulement 25 % chez les “adeptes”.
Un effort d’information important doit donc être fait. « La profession n’est pas organisée collectivement pour faire la promotion du bio. La création d’une structure pourrait y pallier en ciblant à moyen terme écoles et entreprises. Le label Bio devrait être réservé exclusivement au réseau. C’est d’autant plus important face au développement du ZRP. La filière bio est à un moment crucial : elle doit savoir devenir un vrai facteur de performance et non plus seulement l’expression d’une bonne attitude largement partagée. En d’autres termes, le bio a gagné : il doit changer », souligne Bernard Ollié, président du cabinet Good.
Les grossistes de marché font salon
Parmi les exposants, on a remarqué la présence de plusieurs grossistes spécialistes du bio installés sur marché de gros : Provinces Bio (Min de Nantes), Presto’bio (Min de Rouen) et Lomme Primeurs (Min de Lille) qui exposait pour la première fois. « Le bio est présent chez nous depuis 2016 sous la marque Labella, précise Pascal Gourmez, responsable de l’offre de Lomme Primeurs (photo). Notre philosophie, qui est aussi un défi, est de proposer une offre en qualité comparable au conventionnel et une proposition différente de ce l’on peut trouver en GMS ou dans les magasins spécialisés.
Maison Teulet certifiée Demeter
Le producteur aquitain Maison Teulet (400 ha de vergers et 3 ha de légumes en Haute-Vienne) a profité de Natexpo pour annoncer sa certification Demeter qu’elle a obtenue en septembre. « C’est un appui indéniable pour notre gamme en réseau bio », reconnaît Sandrine Ferrier, gérante (photo). Maison Teulet travaille aussi depuis un an avec E.Leclerc sur une gamme de fruits et légumes frais pour les plus petits. « E.Leclerc voulait une proposition bio pour aider les mères à faire elles-mêmes le repas de bébé. Nous avons proposé une offre adaptée large : pomme Golden (notre principale production), Idared ou Canada grise et de légumes (carottes, poireaux, citrouille, pommes de terre)… Nous commercialisons sous notre propre marque, ce qui une belle porte d’entrée en GMS », souligne Sandrine Ferrier.
Élément Terre Bio : objectif 15 %
Élément Terre Bio est la marque dédiée de la coopérative Blue Whale créée il y a trois ans. « Notre objectif est que le bio représente 15 % de l’activité de Blue Whale dans cinq ans, contre 2 % aujourd’hui. La moitié des producteurs adhérents est déjà en bio ou en conversion », expose Benjamin Vincent, responsable bio. L’offre Élément Terre Bio représente aujourd’hui 35 000 t brutes avec des variétés comme Pixie (début de saison), Candine ou Opal. L’activité à l’export a fait un joli bond passant de 2 % en 2018 à environ 10 % cette année, les pommes étant vendues sous la marque Blue Whale Organic en Europe, Asie, Moyen-Orient et Amérique du Sud.