Salade : la course des variétés résistantes au Bremia
Même si environ 65 % des variétés utilisées possèdent les résistances à toutes les races de Bremia, la forte pression de la maladie entraîne un renouvellement variétal rapide. Un réseau d’expérimentation évalue des nouvelles obtentions.
Même si environ 65 % des variétés utilisées possèdent les résistances à toutes les races de Bremia, la forte pression de la maladie entraîne un renouvellement variétal rapide. Un réseau d’expérimentation évalue des nouvelles obtentions.
La lutte contre Bremia lactucae ou mildiou de la laitue est en grande partie une course entre les nouvelles races de Bremia et la combinaison des résistances génétiques dont disposent les sélectionneurs. 2019-2020 n’a pas été propice aux attaques. Néanmoins, de nombreux dégâts ont été répertoriés en 2018-2019 et ce, même sur des variétés portant l’ensemble des gènes de résistance connus. Ces observations illustrent la capacité du pathogène à évoluer et contourner très rapidement les résistances génétiques.
Maintenir un taux de coupe élevé
« Compte tenu de l’évolution rapide des races de Bremia, la durée de vie sur le marché d’une variété de laitue est d’environ trois ans. Cela met également en évidence la nécessité d’évaluer régulièrement des variétés avec des constructions génétiques nouvelles pour assurer une protection optimale », mentionne Justine Garnodier, CTIFL(1). Pour répondre au besoin des producteurs de connaître les caractéristiques des nouvelles variétés, il est donc indispensable d’évaluer les nouveautés sur le plan agronomique et sanitaire. En complément, l’adaptation du système de culture par l’utilisation de méthodes alternatives permet également d’augmenter la durabilité des résistances. Entre 2013 et 2019, le Bureau international d’évaluation du Bremia en Europe (International Bremia Evaluation Board, IBEB-EU) a confirmé l’identification de huit nouvelles races de B. lactucae : Bl 29, Bl 30, Bl 31, Bl 32, Bl 33, Bl 34, Bl 35, et Bl 36. « Cette évolution des bioagresseurs doit être impérativement prise en compte dans le choix variétal. Les propositions variétales dans les différents types et différents créneaux doivent donc tenir compte de ces évolutions rapides », précise Justine Garnodier. Cette réactivité est possible grâce à un réseau d’expérimentation coordonné. Le choix variétal est essentiel pour assurer la rentabilité de la culture avec un produit homogène et un taux de récolte suffisamment élevé. Sur le plan économique, la laitue est un produit dont le marché est très concurrentiel et les prix fortement volatils. Les marges économiques pour les producteurs sont donc limitées. « Un taux de coupe élevé, autour de 95 %, est indispensable pour garantir la rentabilité d’une culture. Ce résultat ne peut être atteint qu’avec une variété adaptée au créneau de production, notamment en agriculture biologique où les attaques de Bremia peuvent induire des fortes pertes financières car il n’existe aucune solution curative », mentionne l’article.
Le choix variétal est déterminant
« Cependant, la culture d’une variété possédant toutes les résistances aux races identifiées ne garantit pas à 100 % l’absence de symptômes », prévient la spécialiste. En effet, la résistance des variétés de laitue au Bremia est de type monogénique (expression d’un seul gène). Ainsi, au fur et à mesure que l’on sélectionne des variétés avec de nouveaux gènes de résistance, le champignon s’adapte et contourne ces barrières génétiques.
« En facilitant l’accès aux résultats de ces essais, l’objectif est de favoriser la prise de décision par le producteur, en fonction de ses besoins et des caractéristiques de son exploitation. Ces essais permettent de proposer de choisir parmi un panel de variétés performantes, déjà évaluées, et dont les caractéristiques sont bien connues et présentées objectivement », conclut la spécialiste.