Banane
L’Apeb demande une aide supplémentaire de 30 millions d’euros
« Ma relation avec Bruno Le Maire est insufisament proche. L’actuel ministre de l’Agriculture est insufisamment mobilisé sur l’agriculture ultramarine ». En deux phrases, Eric de Lucy, président de l’UGPBAN, a donné son sentiment sur Bruno Le Maire, un ministre qui depuis sa nomination rue de Varenne il y a deux ans n’est jamais venu aux Antilles (sauf une fois, mais en accompagnant le Président de la République).
La raison de cette réaction ? La négociation, au niveau européen, de l’enveloppe compensatoire banane. A la suite de l’accord sur la baisse du tarif douanier en décembre 2009, Bruxelles avait donné son accord sur le principe d’étudier l’impact de cette mesure sur les productions bananières européennes et le cas échéant d’envisager le déblocage d’une aide supplémentaire. La négociation aurait du être bouclée fin 2010, mais elle s’est prolongée faute d’accord. Entretemps, les producteurs européens, réunis au sein de l’Apeb, ont réalisé un travail approfondi sur les coûts de la production de banane dans les régions d’Europe par rapport aux pays producteurs de la zone dollar. Ainsi, « la différence entre le coût de la main d’oeuvre dans la filière communautaire et le coût de la main d’oeuvre des filières concurrentes dans le monde est considérable ». L’écart va de 1 à 20/30. Les conclusions de ce rapport ont ébranlé les convictions des autorités communautaires qui ont compris qu’il fallait réellement faire quelque chose. L’APEB chiffre la rallonge nécessaire à 30 Me par an, et la Commission était prête à aller dans ce sens.
Mais il y a quelques jours, en marge d’une réunion de ministres européens, « nous avons senti un certain fléchissement dans la volonté de se battre de nos gouvernements » explique Eric de Lucy. Les trois pays (France, Espagne Portugal) ne demanderaient plus que 15 ou 20 millions. « Une côte mal taillée » s’insurge le représentant des planteurs. D’où la conférence de presse qui se tenait simultanément à Paris, aux Antilles et aux Canaries. « Il faut éviter les demi-mesures, poursuit Eric de Lucy. Sinon, chacun doit prendre la responsabilité de ses décisions ». Mais, conclut-il, « l’actuel gouvernement, l’actuel ministre de l’Agriculture n’ont pas pris la mesure de cette décision pour les Antilles françaises ».