Fruits à noyau - Parole de spécialiste
L’abricot selon Escande
Début juin, Escande invitait producteurs et techniciens à la découverte de ses nouvelles variétés dont la précoce Samouraï à la Serfel dans le Gard.

L’abricot est devenu une espèce fruitière incontournable dans le secteur des fruits d’été. Dans un climat de crise, c’est l’espèce fruitière la moins “ballottée” dès lors qu’elle est cultivée convenablement. La journée organisée par le pépiniériste Escande à la Serfel pour présenter la variété précoce Samouraï a capté l’attention des visiteurs. Samouraï s’inscrit dans le programme de remplacement de la variété Pinkcot lancée en 1996, conjointement au travail qui s’attache aussi à remplacer Spring Blush. « On a des hybrides intéressants et d’autres travaux sont en cours pour travailler sur une lignée de variétés de très haute qualité gustative. Je suis partisan de partager ce genre de journée avec mes confrères. Si on veut lutter contre la pression espagnole et italienne, il faut qu’on apprenne à travailler ensemble et à mieux s’entendre », explique Benoît Escande, gérant de la société.
L’abricot, une production de spécialiste
L’abricot se développe de plus en plus comme un produit snacking. Mais pour le pépiniériste de Saint Vite (Lot-et-Garonne), la crainte de l’augmentation des volumes d’abricots sur le marché européen est bien réelle, notamment avec une production en croissance dans le Sud de l’Italie. « Des producteurs s’agitent à produire. Les canaux de commercialisation vont-ils pouvoir absorber, ou vont-ils s’engorger ? S’il n’y a pas de développement de la consommation en Europe, on va vite arriver à saturation. Un travail doit être fait auprès des consommateurs du Nord de la France, de la Belgique et de l’Allemagne. Le marché de l’Angleterre frémit, c’est un marché en devenir », poursuit-il
C’est une production de spécialiste, qui génère beaucoup de spéculation autour des variétés. « Le côté positif, c’est que cette spéculation nous fait prendre conscience qu’il faut être meilleur et nous allons assister à l’apparition d’une “élite” de producteurs. Les points négatifs, ce sont les risques de baisse de qualité liés à la spéculation variétale ainsi que la déstabilisation de certains marchés… au plus grand bonheur des acheteurs. Cependant, les acheteurs restent lucides sur la qualité de l’abricot : ils vont être très attentifs aux productions qui véhiculent une image santé, et qui sont respectueuses de l’environnement. »
La règle d’or de la typologie des variétés Escande s’appuie sur cinq points, avec une approche qui se focalise sur le producteur. En effet, les variétés sont sélectionnées sur la rusticité et la régularité de production, elles doivent être faciles à produire et à moindres coûts (exemple : récolte en deux passages), gérables au niveau de la cueillette et en station (des fruits qui ne marquent pas) et peu sensibles à l’éclatement, aux monilioses et autres agressions externes.
L’activité abricot représente aujourd’hui 40 à 50 % du chiffre d’affaires du pépiniériste. « Les variétés “sortent” de mon programme d’hybridation. On a créé une unité de recherche et développement à Canet en Roussillon où 20 000 hybrides sont en observation. Ce site a été choisi volontairement pour les difficultés qu’il présente : la problématique de la bactériose, la “presque” absence de repos hivernal, le handicap de la Tramontane, la sensibilité de la zone à l’oïdium, etc. Les variétés sélectionnées qui seront issues de ce site auront des atouts agronomiques intéressants. Hybrider c’est facile, sélectionner c’est beaucoup plus compliqué », ajoute Benoît Escande.
Un programme de sélection en trois points
La première ligne de travail du programme de sélection Escande s’attache à l’obtention de variétés ultra-précoces et qualitatives. La variété Banzaï est un des premiers hybrides issu de ce programme. La deuxième ligne est consacrée aux variétés tardives et là, comme le rappelle Benoît Escande, « on prend notre temps. Nous avons des présélections. Mais ce type d’hybride dans ce créneau de maturité doit apporter une amélioration, sinon ce n’est pas la peine. Il faut qu’on arrive à sortir une variété tardive durable sur la production et la qualité. Quelque chose qui s’inscrit dans une gamme de fin juillet jusqu’à fin août et qui n’a pas de sensibilité au niveau de l’épiderme ».
Quant à la troisième ligne, elle concerne la résistance à la Sharka, « pour obtenir non pas des porteurs sains, mais des vraies résistances », en partenariat avec le Dr Boris Krška de l’Université de Lednice en République tchèque. Les variétés Escande sont essayées dans toute l’Europe au Sud de l’Italie et de l’Espagne, en Grèce, Hongrie, République tchèque, Slovaquie, Allemagne, Angleterre, etc. « Mais ce qui nous intéresse, c’est de fournir des variétés qui font du tonnage, de la qualité et qui se vendent bien afin d’assurer un bon retour d’investissement aux producteurs », conclut-il.