Tomate bio : les producteurs doivent s'adapter à la réglementation sur les serres chauffées
La réglementation concernant le chauffage des serres en bio évolue en 2025, et les producteurs doivent s’adapter.
La réglementation concernant le chauffage des serres en bio évolue en 2025, et les producteurs doivent s’adapter.
Depuis 2020, il faut attendre le 1er mai pour trouver de la tomate bio française sur les étals. Pour l’instant, la nouvelle réglementation ne semble pas avoir déclenché, comme craint, de report majeur des consommateurs vers d’autres origines, non soumises à cette contrainte. Malgré l’abandon des projets de serres depuis 2019, la production française de tomate bio continue tout de même sa montée en puissance, face à certains concurrents nordiques touchés par les prix élevés de l’énergie. Cependant, s’ajoutant à la crise de marché actuelle du bio, les deux mois de manque à gagner pèsent sur les exploitants.
Certains produisent avant le 1er mai et valorisent leurs tomates en conventionnel, d’autres ont décalé leurs mises en place, mais tous ressentent une pression accrue sur les prix. Pour autant, aucun producteur déjà installé ne semble avoir jeté l’éponge. « On n’a pas eu de producteurs qui ont fait marche arrière pour le moment, confirme le président de Savéol, Pierre-Yves Jestin. Les producteurs qui étaient déjà engagés dans la démarche de produire en agriculture biologique avaient déjà investi pendant deux ans de conversion. Une fois qu’on est lancé, on est lancé. » Pour autant, « 2025 sera l’année charnière », prévient Pierre-Yves Jestin. La nouvelle réglementation de l’lnao prévoit en effet qu’à partir de janvier 2025, toutes les serres chauffées en conversion ou certifiées AB avant janvier 2020 devront utiliser des énergies renouvelables, une obligation qui échoit déjà aux serres nouvelles ou entrées en certification après cette date.
Des projets de géothermie pour Savéol
Or pour l’instant, la transition énergétique du parc de serres chauffées bio n’avance pas. « Aujourd’hui, le seul moyen de chauffage renouvelable qui existe, c’est le bois. Vu le contexte économique, aucun producteur n’est prêt à investir 300 000 euros dans une chaudière à biomasse. D’autant qu’un tel investissement ne vous permettra pas de vendre vos tomates bio dès le mois de mars, il faudra toujours attendre le 1er mai. Si la rentabilité économique n’est pas au rendez-vous, ça va aller très vite : les agriculteurs vont revenir à une agriculture conventionnelle », renchérit Pierre-Yves Jestin. Sa coopérative Savéol annonçait au Salon de l’agriculture avoir des projets de géothermie, et espérer des résultats courant 2023. « C’est compliqué car pour faire de la géothermie il faut de l’électricité, dont le prix a été multiplié par 3,5 en l’espace d’un an. Ce qui rend la filière pompe à chaleur/géothermie beaucoup moins compétitive qu’il y a deux ou trois ans quant aux coûts de fonctionnement. »