Embargo russe
La filière insatisfaite des nouvelles mesures de la Commission européenne
La Commission européenne a adopté, le 29 septembre, un nouveau programme de mesures en faveur des fruits et légumes à la suite de l’embargo russe. Ce dispositif apporte une aide pour le retrait des volumes excédentaires à hauteur de 165 millions d’euros et s’ajoute aux premières mesures prises de 18 août pour 125 millions d’euros, suspendues le 10 septembre suite à un flot de demandes des Etats membres et en particulier de la Pologne.
Le nouveau programme définit quatre catégories de produits pour les douze pays qui, en moyenne, de 2011 à 2013 ont exporté la majeure partie de leurs fruits et légumes vers la Russie sur la période de septembre à décembre (septembre à mars pour certains fruits) :
- Pommes et poires (181 000 t)
- Oranges, mandarines, clémentines (96 090 t)
- Carottes, concombres, piments doux, poivrons, tomates (44 300 t)
- Kiwis, prunes, raisin de table (76 895 t)
Les volumes sont basés sur ceux exportés pendant les trois dernières années à la même période, déduction faite des tonnages ayant déjà fait l’objet d’une demande d’aide. Les agrumes sont, pour la première fois, concernés par le programme. En revanche, les champignons, les fruits rouges, les choux, choux fleurs et brocolis ne font plus partie de la liste. Les Etats membres disposent d’une réserve supplémentaire de 3 000 t pour le retrait pouvant s’appliquer aux produits des quatre catégories ainsi qu’aux choux, choux-fleurs et champignons. Les Etats membres sont libres d’accorder la priorité à certains produits.
La filière française n’est pas satisfaite de ces nouvelles dispositions. Pour Bruno Dupont, président d’Interfel, le compte n’y est pas : « Il est dommage que ces dispositions se cantonnent à la gestion technique pure et dure de l’embargo russe. Ses effets collatéraux, les dysfonctionnements enregistrés sur le marché européen par les reports de volumes, ne sont pas pris en considération. On peut s’étonner aussi de l’exclusion de certains produits. La réserve supplémentaire octroyée aux Etats membres sera-t-elle suffisante ? De plus, suite aux réunions que nous avons eues avec le ministre de l’Agriculture la semaine dernière, nous notons que rien n’est proposé pour booster la communication. Nous espérons que des mesures de ce type seront prises. Le cofinancement proposé à 50/50 n’est pas jouable pour les entreprises de la filière qui n’ont pas les moyens aujourd’hui de s’engager. C’est pour cela que nous avions demandé une répartition 80/20 au ministre. » Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, est particulièrement déçu : « Ce ne sont pas quelques millions par-ci par-là venant de Bruxelles qui vont apporter de l’oxygène à la trésorerie des entreprises. Nous avons fait part de notre plan de bataille à savoir une année blanche fiscale. Cela permettra ensuite de redéfinir la vraie valeur de nos produits. Ce sont tous les producteurs, tous les produits qui doivent être soutenus, et pas seulement au cas par cas comme l’évoque le ministre. Nous n’empêchons personne de pratiquer le retrait, mais il faut faire le bon calcul : les prix de retrait sont uniques pour toute l’Europe mais pas les charges et les coûts de production. Ce n’est pas le retrait qui va sauver les entreprises. Il ne faut pas se leurrer. Nos adhérents sont en tout cas très remontés. Sans vouloir être alarmiste, on peut appeler au calme mais il y a un moment où ils n’en peuvent plus.