Echalote de tradition
La filière à nouveau très inquiète
L’arrivée de l’échalote de semis en 2005 perturbe la production d’échalotes de tradition. Les producteurs traditionnels dénoncent une tromperie sur le produit.


La filière échalote de tradition est à nouveau sur le pied de guerre. Les producteurs de plants réunis au sein de Prosémail – l’Association des producteurs de plants certifiés d’ail et d’échalote – et la Section nationale échalote viennent de dénoncer (cf. fld hebdo du 28 juin) ce qu’ils appellent une tromperie pour les acheteurs et les consommateurs.
Des variétés inscrites comme “Echalote de semis” et commercialisées aujourd’hui en Europe seraient en réalité des oignons. Ils s’appuient pour cela sur les tests effectués par le Geves (Groupe d’études et de contrôles des variétés et des semences) sur des variétés inscrites au catalogue comme échalote de semis. Or la bataille engagée en 2005 par les producteurs d’échalotes semblait s’être apaisée. Bruxelles a radié les variétés litigieuses.
L’OCVV (Office communautaire des variétés végétales) a mis au point un protocole technique qui doit différencier au moment de l’inscription l’échalote traditionnelle de l’échalote de semis. Par ailleurs, un échange de variétés entre les Pouvoirs publics hollandais, à l’origine des inscriptions, et leurs homologues français avait été programmé durant trois ans. Or d’après les producteurs d’échalotes français, cet échange n’a pas eu lieu. Prolongé de trois ans et suite aux actions menées auprès du ministère de l’Agriculture par ces mêmes producteurs, le protocole a finalement été appliqué. Et dans le même temps, les variétés ont été réinscrites par les Pays-Bas. « Trois variétés au moins n’auraient pas été identifiées comme échalotes de semis mais comme oignons », affirme Bruno Gautier, producteur d’échalotes et président de la section échalote de Prosémail. En clair, les essais conduits par le Geves prouvent que le caractère “aggrégatum” qui singularise l’échalote serait inférieur au seuil fixé pour être classé en échalote.
Pour une meilleure reconnaissance
La filière française craint à nouveau l’anéantissement de la production d’échalotes, les consommateurs étant peu avertis de la différence qui existe entre échalotes de tradition et échalotes issues de semis.
En 2005, les producteurs étaient déjà inquiets. Ils affirmaient que leur coût de production, avec 400 heures de main-d’œuvre par hectare, essentiellement dues à l’implantation manuelle, était largement supérieur à ceux qui avaient opté pour l’échalote de semis. Mais l’effondrement n’a pas eu lieu. La semence, difficile à produire, est restée d’un prix élevée. Toutefois, selon les producteurs, l’échalote de semis aurait déjà pris 15 % du marché.
Avec des variétés estimées proches de l’oignon, donc plus faciles à produire, les échalotiers redoutent une baisse des coûts de production et un prix de vente de l’échalote de semis à la baisse. Mais les consommateurs arriveront-ils à faire la différence entre une échalote de tradition qui est oblongue, asymétrique dont la base est légèrement décalée par rapport à la tige, une échalote de semis plus ventrue et plus régulière et un oignon totalement rond ? Il existe bien d’autres différences comme le taux de matière sèche, plus élevé de cinq points pour l’échalote de tradition (17 % pour l’échalote de tradition et 12 % pour l’échalote de semis), mais ce critère n’est pas à la portée des consommateurs ni d’ailleurs du distributeur.
Les échalotiers se mobilisent donc pour une meilleure reconnaissance mais cela va-t-il suffire ? Récemment, une réunion d’informations a eu lieu à ce sujet à Bonn en Allemagne avec les spécialistes de l’équivalent européen de la répression des fraudes. Plus de 200 contrôleurs étaient présents dont une quarantaine d’Allemands.
En janvier dernier, la définition de l’échalote a fait l’objet d’une norme CEE-ONU (1). Les producteurs, le plus souvent des passionnés, s’accrochent à leurs produits.
(1) Retrouvez la norme CEE-ONU FFV-56 concernant la commercialisation et le contrôle de la qualité commerciale des échalotes dans notre rubrique “Les docs de fld” sur fldhebdo.fr