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Polémique
La banane ne sourit plus

L’UGPBAN a été condamnée « sur la forme » pour sa campagne de com’ mais continue son combat pour des règles européennes bio basées sur la conformité et non l’équivalence.

Cela aura été le feuilleton du Sia, une nouvelle guerre de la banane, Antillais contre filière bio : l’UGPBAN a revendiqué dans une campagne de com’ que “la banane française, mieux que bio, c’est possible”. Branle-bas de combat au Synabio qui porte plainte, « avec le soutien de la Fnab et du Synadis Bio ». Le Juge des référés du TGI de Paris a condamné le 1er mars l’UGPBAN à retirer la campagne, sous peine de 50 000 € par infraction et par jour. L’UGPBAN « a pris acte » et stand et affiches ont été modifiés. « Se référer au bio en brouillant les repères comme le fait l’UGPBAN n’est pas acceptable, a réagi le Synabio. Les produits bio d’import doivent respecter des cahiers des charges apportant des garanties équivalentes à celles exigées en Europe. » L’équivalence, c’est justement le problème. L’UGPBAN veut la conformité.

« Nous ne mettons pas en cause le bio européen, qui correspond tout à fait à ce qu’attend le consommateur, a souligné son président Éric de Lucy, le 28 février. Mais il y a du laxisme aux frontières. » Et de citer des tolérances par les organismes certificateurs. Selon un rapport de AND International pour l’Odeadom (2014) repris par la délégation des Outre-Mer du Sénat (2016), « quatorze spécialités commerciales autorisées en République dominicaine ne correspondent à aucune catégorie européenne ». L’huile paraffinique banole utilisée en pays tiers contre la cercosporiose est interdite en France en bio et limitée en conventionnel. « C’est une concurrence déloyale de ces bananes “bio” vendues en France 30 % plus cher et une tromperie envers le consommateur qui ne perçoit pas les différences de réglementation, martèle Éric de Lucy. Sous climat tropical humide, nous ne pouvons pas être bio selon les règles UE mais avec les mesures agro-environnementales mises en place [-61 % de phytos en 10 ans, NDLR] et notre dimension sociale, notre banane est la plus équitable et mieux que bio. »

Pas de réaction du côté des représentants professionnels de la banane. En revanche, bien que non associée au recours, l’Agence Bio a réagi tant qu’elle pouvait. Après avoir annulé d’un texto une rencontre prévue avec les Antillais le 26 février, elle s’est félicitée de la décision de justice. À FLD, le directeur de l’agence Florent Guhl a déclaré : « Ça me fait rire jaune, ils se sentent obligés de surfer sur la vague bio », avant de botter en touche, interrogé sur les phytos en pays tiers : il s’agit de « pépins de pamplemousse », ils n’ont qu’à « tout passer en bio » pour y avoir accès. « Où sont les intérêts de l’Agence Bio ? Elle ne s’appelle pourtant pas l’Agence des importateurs de bio », s’interroge Éric de Lucy. L’UGPBAN « continue son combat. Le juge a basé sa décision sur la forme et non sur le fond ». Dans le cadre de la réforme du bio, « même si le Parlement s’oriente plus sur un système d’équivalence, nous avons le soutien de la Commission et de Stéphane Le Foll : l’UE doit exiger de ces pays de se mettre en conformité avec les règles UE bio ». Une réunion du trilogue (Commission-Parlement-Conseil) du 22 mars a été avancée au 8. Affaire à suivre, donc.

Éric de Lucy : « Le chemin à suivre est celui de la conformité. »

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