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La bactériose du kiwi se dévoile

La recherche avance sur la connaissance de la bactériose du kiwi, causée par la bactérie PSA. Avec en ligne de mire de nouvelles stratégies de protection.

La bactériose du kiwi, causée par la bactérie Pseudomonas syringae pv. actinidiae (PSA), a été détectée en France pour la première fois en juillet 2010. Elle est aujourd’hui présente sur presque toutes les zones de production françaises. D’autres bactérioses avaient déjà été observées auparavant sur le kiwi, provoquées par des souches différentes de l’espèce Pseudomonas syringae (à laquelle appartient PSA), mais causant des dégâts bien moindres. La situation est très différente avec PSA. Celle-ci a la capacité de se vasculariser, ce qui peut entraîner la mort complète de l’arbre par obstruction des vaisseaux du xylème. Les souches responsables de l’épidémie française appartiennent à une population particulièrement agressive de PSA, le biovar (bv) 3. Mais toutes les populations de souches de PSA ne présentent pas le même niveau de nuisibilité.

Un projet Casdar visant à améliorer les moyens de protection vis-à-vis de la bactériose du kiwi a été mis en place de 2012 à 2015. Il a permis d’avancer sur des sujets divers : compréhension des mécanismes, stratégies de protection, détection et identification. Porté par le Ctifl, il a été mené par deux laboratoires de recherche, l’Inra et l’Anses, le Ctifl, Invenio, la Sefra et la Fredon Aquitaine. Aujourd’hui, le Ctifl dresse un bilan des travaux réalisés au cours de ce projet(1). Une enquête parcellaire été réalisée afin d’évaluer l’impact de différentes pratiques sur l’expression de la maladie. Quarante-huit parcelles de production ont été suivies pendant les trois années du projet dans les régions Aquitaine et Rhône-Alpes. Les premiers résultats montrent que l’environnement parcellaire joue un rôle important. « La présence de haies par exemple, par son effet brise-vent, serait un frein à la propagation de la bactérie, expose Baptiste Labeyrie, Ctifl / Sefra. Le vent semble en effet un vecteur important de cette diffusion ».

Des populations très diverses de P. syringae sur chaque arbre

A l’inverse, certaines pratiques culturales, comme l’excès de fertilisation azotée, peuvent favoriser le développement de la maladie. En parallèle, des essais de protection phytosanitaire ont mis en avant l’importance des traitements au cuivre, qui réduisent l’impact de la maladie. Des souches bactériennes ont été échantillonnées en 2014 dans quatre vergers situés en Rhône-Alpes, afin d’étudier les populations de l’espèce P. syringae en vergers. Au total, 800 souches ont été isolées. Une méthode moléculaire permettant de déterminer rapidement et facilement l’appartenance des souches à six phylogroupes différents avait préalablement été mise au point (PSA appartient au phylogroupe 1).

Cette analyse a mis en évidence que chaque plant de kiwi est colonisé par des populations mixtes de différents phylogroupes de P. syringae à la fois. La structure et l’abondance de ces populations évoluent au cours des saisons. Sur les arbres malades, très peu ont été retrouvés avec uniquement PSA. Il y avait une forte variation entre les arbres, chacun portant des structures de populations de P. syringae différentes. Le suivi des arbres, malades comme sains, permettra de révéler un profil microbiologique propice à l’expression des symptômes. Les interactions entre les diverses populations de P. syringae et leur rôle sur la santé des arbres pourront alors être mieux perçus.

(1) Infos Ctifl n°332 juin 2017. Auteurs : Marie Lisa Brachet (Ctifl), Françoise Poliakoff (Anses), Cindy Morris (Inra), Benoit Borschinger (Inra / UAPV), Baptiste Labeyrie (Ctifl/Sefra), Lise Chevallier (Sefra), Vincent Méchenin, Sylvie Désiré (Fredon Aquitaine), Eric Sclaunich (Invenio)

Des souches pathogènes, mais à quel point ?

Il est important de connaître le pouvoir pathogène des souches de PSA. L’objectif est de prévenir toute apparition de nouvelle souche agressive, issue d’une introduction sur le territoire ou de l’évolution d’une souche déjà présente. En effet, l’apparition d’une telle souche remettrait en cause les moyens de protection actuellement mis en oeuvre. Afin d’évaluer le pouvoir pathogène des souches de bactéries, un test fiable et répétable a été mis au point par l’Anses et l’Inra au cours du projet Casdar Bactériose du kiwi. Deux variétés de kiwi ont été inoculées avec différentes souches représentatives des différents biovars de P. syringae, y compris ceux de PSA. Trois méthodes ont été testées : la pulvérisation sur la face inférieure des feuilles, la piqûre d’un entre-noeud, et la découpe partielle d’un pétiole. L’inoculation par piqûre a été retenue, en raison notamment du fait qu’elle nécessite de faibles quantités de bactérie, et que les plants inoculés finissent par cicatriser. Cette technique sera proposée pour être ajoutée au protocole de diagnostic de l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes, afin qu’elle soit accessible et utilisable dans les travaux de recherche et d’expérimentation au niveau national et international.

 

A lire aussi : PSA cède la place en kiwi

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