L’ériophyide du framboisier est-il un vecteur de virus ?
Se basant sur des travaux scandinaves, Invenio a montré une corrélation entre la présence de l’acarien Eriophyes et celle du virus RLBV.
Se basant sur des travaux scandinaves, Invenio a montré une corrélation entre la présence de l’acarien Eriophyes et celle du virus RLBV.
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« Feuilles gaufrées, zone "vitreuse" sur la face inférieure et décoloration en forme de taches sur la face supérieure, ces symptômes pourraient être provoqués non pas directement par l’Eriophyes, mais par un virus transmis par ce dernier. » C’est l’hypothèse suivie par Invenio pour mener ses travaux d’expérimentation sur ce problème sanitaire du framboisier. « En effet, selon la bibliographie, l’Eriophyes est notamment porteur du virus RLBV [Raspberry leaf blotch virus ou virus de la tache du framboisier]. Ce virus a été étudié par le James Hutton Institute [JLI], en Écosse, qui avait observé des symptômes de chlorose foliaire sous forme de taches », explique Sara Pinczon du Sel, référente petits fruits à Invenio. Ces décolorations avaient auparavant été attribuées à l’Eriophyes du framboisier, mais les études menées par l’équipe de Stuart MacFarlane au JHI ont montré qu’un nouveau virus était associé à cette maladie : le RLBV. La maladie affectait en particulier la variété Glen Ample, très sensible selon le JHI.
Des échantillons positifs au virus RLBV
Ce virus a également été identifié en Finlande (Dong et al, 2016) : les chercheurs finlandais ont par ailleurs démontré que les framboises sauvages, ainsi que d’autres espèces de Rubus peuvent être des réservoirs naturels de RLBV. D’autres études finlandaises (Bi Y, 2012) soulignent que les symptômes sont plus importants sous tunnel qu’en plein champ, probablement en raison de conditions plus favorables pour l’acarien Eriophyes. « Dans les différentes études dont nous avons pris connaissance, tous associent le RLBV au vecteur Eriophyes. En France, nous avons souvent attribué ce symptôme directement à l’Eriophyes. Mais cette année, les échantillons de feuilles avec ce type de symptômes en laboratoire se sont avérés positifs au virus RLBV, ce qui semble confirmer les résultats de ces différentes études », relate la spécialiste.
D’autres échantillons de feuilles asymptomatiques étaient à l’inverse exempts de virus. Aussi le pôle petits fruits d’Invenio a accentué les expérimentations contre ce ravageur dès 2024 : meilleure connaissance du ravageur, évaluation de l’efficacité d’acariens prédateurs, sensibilité variétale… À noter que des suivis réguliers réalisés à Invenio en 2024 sur la variété Vajolet ont montré une présence importante d’Eriophyes au printemps (parfois plus de 300 acariens par foliole), puis à l’automne (parfois plus de 400). Malgré cette population, très peu de symptômes sur feuilles et fruits ont été observés sur cette parcelle, ce qui laisse supposer que Vajolet serait une variété plutôt peu sensible à l’Eriophyes. En effet, l’impact de cet acarien (et donc ses conséquences sur la production) semble différent selon les variétés.