Kévin Debregeas : « Le couvert végétal limite le dépérissement de la lavande »
Kévin Debregeas est conseiller Grandes cultures / PPAM à la Chambre d’agriculture de la Drôme.
« Depuis 1987, les lavandes et lavandins subissent des attaques du phytoplasme du Stolbur, transmis par la cicadelle Hyalesthes obsoletus. Les plantes atteintes jaunissent, se dessèchent et finissent par mourir. Un ancien essai de la Chambre d’agriculture de la Drôme portant sur la lutte contre l’érosion dans les lavanderaies, a montré que l’enherbement limitait les symptômes de ces attaques. D’autres techniques alternatives sont testées avec l’aide de producteurs, et avec les organismes de développement de la filière (CRIEPPAM et ITEIPMAI principalement). Avec l’implantation de plants sains et l’application à l’argile kaolinite, la mise en place d’un couvert végétal semé dans les inter-rangs apparaît comme une voie d’avenir. Depuis 2014, un essai sur une variété sensible au dépérissement vise à étudier ses effets sur le rendement en huile essentielle et sur l’itinéraire de culture. Dès 2015, le couvert végétal a montré son intérêt. Mais la concurrence importante due à une largeur trop importante du couvert a fait diminuer le rendement en huile essentielle.
Aussi, en 2017, le producteur qui testait la méthode a réduit la largeur du couvert végétal de 90 cm à 50 cm, soit de 45 % à 25 % de la largeur de l’inter-rang couverte et les résultats se sont inversés : le rendement en huile essentielle a plus que doublé dans les modalités enherbées (+117 %) et est de +70 % dans la modalité enherbée un rang sur deux comparée au témoin. Un taux de dépérissement moins important sur les modalités enherbées est la principale explication. La Chambre d’agriculture peut donc préconiser aux producteurs d’enherber leurs lavanderaies avec un couvert végétal de graminées permanentes, à condition que la largeur du couvert végétal soit au maximum de 30 % de la largeur de l’inter-rang. Le semis du couvert végétal (60 % de fétuque rouge gazonnante et 40 % de Ray-Grass anglais gazonnant dans l’essai) peut se faire à la dose de 30 kg/ha, en septembre ou au printemps. Des freins à l’adoption de ces pratiques existent, notamment le machinisme peu adapté aux lavanderaies enherbées. Un travail en groupe dans la Drôme réunit les producteurs intéressés dans le cadre du programme de recherche Casdar Recital ».
Pour plus d’informations : kevin.debregeas@drome.chambagri.fr