Fiche : L’altise de l’aubergine
Depuis trois années, les cultures d’aubergines du Sud-est subissent les dégâts d’un nouveau ravageur originaire d’Amérique du Nord et Centrale : l’altise Epitrix hirtipennis.
Depuis trois années, les cultures d’aubergines du Sud-est subissent les dégâts d’un nouveau ravageur originaire d’Amérique du Nord et Centrale : l’altise Epitrix hirtipennis.
Epitrix hirtipennis est un coléoptère connu comme ravageur du tabac et qui s’attaque également à l’aubergine. Cette altise est de couleur marron et mesure jusqu’à 2 mm de long. Dès son introduction en France métropolitaine, en 2016, celle-ci a été identifiée et observée dans les Bouches-du-Rhône. Actuellement, elle est présente dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et s’étend progressivement. Epitrix hirtipennis a été et est observée uniquement sur aubergine. Elle n’est pas observée sur tomate, poivron, ni pomme de terre. Cependant, elle est susceptible de s’y développer. Elle est également capable d’attaquer les solanacées sauvages telles que les morelles et datura. Ces plantes peuvent être des hôtes privilégiés en cas d’absence de cultures sur l’exploitation. Il convient donc de les éliminer. Les dégâts sont dus aux adultes qui se nourrissent sur les feuilles en creusant de petits trous. Les feuilles deviennent alors criblées et leur capacité photosynthétique est affaiblie. L’altise crée aussi des perforations sur les pétales et s’attaque aux jeunes fruits au moment de la nouaison. En grossissant, ces fruits se lignifient et se décolorent au niveau des piqûres. En cas de fortes attaques, les fruits peuvent être déclassés.
Laurent Camoin
Moyens de protection
La protection contre cette altise est très limitée actuellement. Aucun insecte auxiliaire spécifique n’est pour l’heure connu.
Les filets
Ils sont un rempart important à l’entrée des insectes dans les abris. Pour l’altise, la maille du filet doit être inférieure à 1 mm. Cette maille entraîne un changement de climat important dans l’abri et notamment un risque de mauvaise pollinisation. Pour y remédier, il est possible d’introduire des ruches à bourdons. De plus, ces filets engendrent aussi une augmentation de l’hygrométrie dans l’abri. Il est nécessaire d’assurer une protection contre Botrytis avec des produits de traitement homologués, dont les produits de biocontrôle pour cet usage. Et pour finir, ce filet à mailles fines gêne fortement l’entrée des gros insectes auxiliaires comme les adultes de coccinelles, de syrphes, de chrysopes. Ainsi, il faut se prémunir du développement de pucerons sur la culture en introduisant de façon préventive des insectes auxiliaires spécifiques.
Production intégrée
Des produits de traitement sont homologués pour l’usage coléoptères phytophages. Cependant, ces produits gênent fortement les stratégies de protection intégrée contre les autres ravageurs de l’aubergine. Ils sont donc à utiliser de façon limitée et localisée sur les plantes.
En agriculture biologique
Un produit de traitement à base de spinosad pour d’autres usages sur l’aubergine a une efficacité secondaire observée sur altise.
A travers l’APREL, la Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône continue de chercher des stratégies pouvant limiter le développement des altises sur l’aubergine. Ces tests seront menés en 2019 dans le cadre de la protection intégrée de l’aubergine sur site commercial de production dans le département.
A savoir
Cycle de développement
Les adultes hivernent dans le sol ou les débris végétaux et reprennent une activité au printemps.
Les femelles pondent alors leurs œufs au pied de la plante hôte.
Les larves blanchâtres émergent et se dirigeraient vers les racines pour se nourrir.
Les premiers adultes sont observés en mai-juin sur l’aubergine, puis la population augmente fortement durant l’été.
Plusieurs générations ont été observées par an. A l’automne, la population décroît fortement en octobre-novembre.
N.B. : Cette altise est différente des altises du chou. Elle ne va pas sur chou. Réciproquement, les altises du chou ne vont pas sur aubergine.