Dossier Fraise : une gestion globale des équilibres
Des fraisiculteurs du Loir-et-Cher affinent les stratégies de lâchers d’auxiliaires en les comparant dans le cadre d’un réseau Dephy.
Des fraisiculteurs du Loir-et-Cher affinent les stratégies de lâchers d’auxiliaires en les comparant dans le cadre d’un réseau Dephy.
Dans le Loir-et-Cher, quatorze producteurs de fraise et/ou de poireau ont constitué un réseau Dephy Ferme animé par Lucile Bertillot, conseillère à la Chambre d’agriculture du département. Ces fraisiculteurs produisent en sol et en hors-sol. Depuis sa création fin 2016, les travaux du groupe Dephy portent entre autres sur les cultures hors-sol de Charlotte, principale variété remontante cultivée dans la région. Aussi, la lutte contre le thrips est le sujet majeur abordé dans le cadre des échanges et travaux.
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La fraise entre dans le système
Un environnement favorable aux auxiliaires
« La plupart des producteurs, suivis par Jean-Marie Guichardon, technicien fraise de la Chambre d’agriculture, avaient démarré la protection biologique intégrée avant la création du réseau », témoigne Lucile Bertillot. Mais celui-ci permet de franchir un cap supplémentaire dans la connaissance, les échanges et l’évaluation des pratiques de lutte qui mettent essentiellement en œuvre Amblyseius cucumeris. « Le suivi des populations de ravageurs et auxiliaires est réalisé à partir de comptages, et non de simples observations, pour évaluer les différentes pratiques des membres du réseau », explique Lucile Bertillot. Ces données permettent ainsi de comparer les dates et les volumes de lâchers et l’impact des positionnements des traitements. « Cette troisième année d’observation permet d’accumuler des données et d’évaluer des stratégies de lutte qui restent à l’initiative de producteurs », témoigne l’animatrice. En effet, les apports d’Amblyseius cucumeris sont raisonnés en fonction de la présence de thrips sous forme de lâchers en sachet ou en vrac. Des plaques engluées ou bandes sont positionnées de façon précoce et les sachets d’auxiliaires sont distribués en début de culture de manière préventive. Ils constituent des mini-élevages d’acariens auxiliaires qui sortent et se répartissent progressivement dans la végétation. Les apports en vrac mettent directement les auxiliaires au contact de leurs proies avec une réponse plus rapide sur les populations de thrips. Cette année, les producteurs testent la lutte biologique contre les acariens tétranyques à l’aide de lâchers d’Amblyseius californicus.
Reguleg aussi pour la fraise
« D’une manière générale, la protection biologique intégrée assure la maîtrise du thrips. Ceux-ci sont présents mais ne causent pas de dégâts commerciaux. On observe également que sa mise en place entraîne une gestion globale de la protection en tenant compte des équilibres entre tous les ravageurs et auxiliaires », explique Lucile Bertillot. Aussi les traitements sont moins fréquents. Toutefois, en culture de remontantes, la présence d’autres ravageurs peut perturber ces rapports car ils peuvent obliger à intervenir comme en présence de Drosophila suzukii. La prophylaxie reste importante à mener contre ce ravageur. Un producteur du groupe accueille également un essai dans le cadre du projet Reguleg dont le but est de contrôler des ravageurs des cultures légumières à l’aide de plantes de service sur diverses cultures dont la fraise. « Cette stratégie concerne la lutte contre les pucerons et le thrips. La théorie est de développer un pool d’auxiliaires sur des plantes hôtes comme le blé ou l’orge qui accueillent des pucerons autres que ceux du fraisier », présente l’animatrice. Pour le thrips, d’autres plantes hôtes sont à l’essai.