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Dossier Dephy arbo : Répondre aux bioagresseurs émergents

Lucie de Guitaut, nucicultrice bio en Dordogne, cherche des solutions innovantes. L’échange sur les nouvelles pratiques mises en œuvre sur chaque exploitation du nouveau réseau Dephy noix est au cœur de sa motivation.

© FEL

« En entrant dans le réseau Dephy, nous cherchons à échanger et mutualiser des informations », débute Lucie de Guitaut, productrice de noix en installation en Dordogne. Cette agricultrice d’une trentaine d’années reprend l’exploitation de céréales et de noyers de ses parents. « Les 25 ha de noyers sont en bio depuis 2010, indique-t-elle. L’IFT (Indice de fréquence de traitement) est donc déjà bas, autour de trois. » Depuis quelques années, la mouche du brou est une problématique croissante. Lucie et son père cherchent des alternatives au spinosad. « Nous voudrions tester les pièges mais en diminuant la dose à l’hectare car le coût d’investissement est lourd », indique la jeune productrice. La solution de la barrière physique avec de l’argile convainc moins, du fait de son seul effet répulsif, « on envoie les mouches chez le voisin » et de sa difficulté de mise en œuvre compte tenu de la hauteur des arbres. Les cinq autres nuciculteurs bio du réseau Dephy ont la même problématique avec parfois des pressions plus fortes. Le partage d’expérience pourrait permettre de trouver des solutions, espère Lucie.

 

Gérer l’enherbement avec le pâturage

La seconde problématique est la gestion de l’enherbement. En jeune verger, le sol est travaillé autour de l’arbre avec une herse rotative. « Mais à partir du moment où il faut récolter, le sol doit être plat, nous laissons alors un enherbement naturel du verger s’installer », continue l’arboricultrice. Il est alors broyé trois à quatre fois par an à 2,5 m de part et d’autre du rang avec un broyeur sans palpeur. « Nous sommes obligés de passer au rotofil le pourtour des arbres tous les deux à trois ans », indique Gérard Jouault, le père de Lucie. Les cinq mètres de l’inter-rang ne sont fauchés que deux fois dans l’année. « Depuis que nous laissons l’herbe de l’inter-rang croître, nous observons beaucoup plus d’auxiliaires et le sol est moins compacté », continue-t-il. Des opérations qui demandent des temps de travaux que Lucie espère pouvoir réduire. « Deux options s'offrent à nous. La première est l'achat d’un broyeur avec palpeur, mais l’investissement est important par rapport au nombre d’heures d’utilisation ». Mais, « avec la fin de l’embellie du prix de la noix, les producteurs sont prudents dans leurs investissements », souligne Didier Mery, ingénieur réseau Dephy. La seconde option est le pâturage ovin. Une sorte de retour aux sources puisque l’exploitation produisait des bovins et de la volaille il y a encore quelques années. « Le frein, c’est la main-d’œuvre, car avec des animaux, il faut être présent », tempère Gérard Jouault. « Un autre inconvénient est la création de sentes par les déplacements des moutons », pointe la nucicultrice. Les noix tombent dans ces sentes et sont plus difficiles à ramasser. « Il faut aussi penser à avoir des prairies disponibles où mettre les moutons avant et pendant la récolte », note le conseiller de la Chambre d’agriculture. Un sujet encore à creuser, avec l’aide du groupe, pour la nouvelle installée.

Ne pas augmenter l’IFT

Le réseau Dephy noix de Dordogne est un des derniers créés. Il a été constitué en 2017 avec une douzaine d’exploitants dont cinq en bio et un en biodynamie. « L’IFT noix est déjà bas, entre 4 et 5 en conventionnel et 2,5 et 3 en bio, c’est difficile de faire plus bas, indique Didier Méry. Mais avec les nouvelles problématiques phytosanitaires comme la mouche du brou, le carpocapse, le champignon colletotrichum qui sont en forte croissance dans les vergers, le challenge est plutôt de ne pas les augmenter. »

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