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Dossier Abricot : Des bâches contre les maladies

L’association de bâches antipluie et du greffage haut dans un verger d’abricotier à haute densité a permis de diminuer l’IFT et d’augmenter les rendements dans les deux premières années de production d’un essai conduit par l’Inra.

Depuis 2015, l’Inra de Gotheron (Drôme) teste les bâches sur abricot pour diminuer le nombre d’interventions phytosanitaires. « Nous avons installé sur le rang des bâches sous les filets paragrêle de la marque Filpack. Deux bâches de 1,5 m de largeur sont déroulées de chaque côté du rang du débourrement des abricotiers (fin février) à la fin de la récolte (mi-août), indique Laurent Brun, chercheur à l’Inra. Elles permettent une baisse de l’FT (Indice de fréquence de traitement), des rendements importants et une sécurisation de la récolte. Mais c’est un système coûteux en investissement et en temps d’entretien. » Testées dans le cadre d’un essai système, elles sont combinées à un greffage haut (120 cm) sur des abricotiers conduits en palmette et désherbés mécaniquement dans une modalité appelée Abric’haut 3. « Après deux années de production, leur effet est concluant », souligne le chercheur.

 

 

En moyenne l’IFT a baissé de 60 % sur la modalité bâchée (IFT de 6) sur les cinq variétés en test, en comparaison avec la modalité de référence greffée à 60 cm sans bâche et conduite en gobelet (IFT 13,14 dont 1,14 de désherbage chimique). Les variétés testées sont Bergeron, Bergeval, Frisson, Shamade et Anegat, toutes sensibles à très sensibles aux maladies fongiques, à l’ECA et à Pseudomonas. La protection physique a joué uniquement sur les maladies fongiques. L’IFT fongicide moyen est ainsi passé de 7 pour le système de référence à 2 pour la modalité avec bâche et greffage haut. Sur cette modalité économe en intrants, la protection contre les monilioses sur fleurs a été maintenue. « Des essais préliminaires avaient montré une efficacité partielle des bâches antipluie sur cette maladie », indique Laurent Brun. Pour les autres maladies fongiques (oïdium, tavelure, rouille, moniliose fruit), la protection a été supprimée.

Des rendements doublés par l’augmentation de la densité

Les dégâts de monilioses sur fleurs et rameaux ont été faibles avec ou sans bâche sur les quatre années d’essai. Mais le nombre de rameaux moniliés est encore plus faible sur la modalité bâchée : 0,32 % de rameaux moniliés par arbre contre 1,44 % dans la modalité témoin. La diminution des IFT n’a pas affecté la qualité des fruits récoltés. Aucun symptôme de tavelure n’a été détecté et les symptômes d’oïdium n’ont pas entraîné de déclassement commercial quelle que soit la modalité. Les taux de fruits pourris une semaine après récolte sont restés faibles. Les rendements sont supérieurs dans la modalité sous bâche du fait principalement du doublement de la densité. « Cette différence peut s’expliquer par la meilleure occupation de l’espace en troisième et quatrième feuilles par les branches fruitières des systèmes à double densité d’arbres, explique Laurent Brun. Mais c’est aussi le fait d’un taux de dépérissement plus faible des arbres d’Abric’haut 3. » Les rendements commercialisables sont plus importants dans cette dernière modalité avec en particulier des calibres de fruits plus élevés en 2017. De plus, les fruits d’Abric’haut 3 n’ont pas été touchés par la grêle grâce à ses protections. Ses fruits présentent également moins de défauts de boisage. « Un bémol tout de même, la surface de surimpression rouge est moins important et le taux de sucre un peu plus faible sans pour autant que cela affecte leur valeur commerciale », continue le spécialiste.

Choisir des variétés non alternantes et une commercialisation sous label

Les épisodes de grêle en 2017 et 2018 ont fortement touché les performances agronomiques de la modalité sans bâches et filets. Seul Shamade a une marge brute avec amortissement positif en 2018 sur la modalité de référence alors que dans Abric’haut 3, Bergeron, Bergeval et Shamade ont une marge positive. En 2017, aucune variété n’a de marge positive quelle que soit la modalité. Cette marge est calculée en prenant en compte le chiffre d’affaires bord verger auquel on retire les coûts de main-d’œuvre, de mécanisation, d’approvisionnement et les charges d’amortissement des infrastructures du verger. « Le système Abric’haut 3 a de fortes charges d’amortissement. Ces performances économiques sont très touchées les années où le prix de vente des abricots est faible comme en 2017 ou lorsque le volume récolté est faible comme en 2018 sur Anegat », indique l’ingénieur. La performance économique de ce système passe obligatoirement par le choix de variétés produisant régulièrement chaque année et par la possibilité d’avoir un prix de vente supérieur aux prix de vente des abricots conventionnels en circuit long. « Cette rémunération supérieure pourrait être effective via la possibilité de vendre les fruits sous un label ou en circuit court », conclut Laurent Brun.

Vu par le spécialiste

Laurent Brun, chercheur à l’Inra, Unité expérimentale de Gotheron

"Le greffage haut protège contre la bactériose"

"Dans cet essai système du dispositif Cap Red, nous avons aussi testé le greffage haut (120 cm) pour limiter l’impact de la bactériose Pseudomonas. Cette maladie est favorisée par les hivers rigoureux alternant gel et dégel et les sols caillouteux à texture grossière : conditions fréquemment réunies dans la Drôme et l’Ardèche. Le pourcentage d’arbres touchés par la bactériose est plus important dans le système de référence greffé à 60 cm protégé par des applications de cuivre, 22 % d’arbres affectés entre 2015 et 2018, par rapport aux trois modalités greffées à 120 cm, dont le nombre d’arbres affectés varie entre 2,5 % et 12,5 %. L’effet protecteur du greffage haut sera confirmé dans la durée et pour des années à forte pression bactériose. L’association du greffage haut avec un doublement de la densité tout en conservant des arbres en gobelet a permis d’augmenter les rendements et la performance économique. Il devrait permettre de limiter l’impact des maladies de dépérissement dans les années futures. Ce système ne demande pas trop d’investissements supplémentaires, ni une rupture technique importante. Mais la forme en gobelet n’est pas trop adaptée à l’installation de filets paragrêle. La conduite en palmette le permet plus aisément. Mais elle entraîne un investissement supplémentaire lié au palissage et aux temps de travaux, sans offrir d’autres avantages en termes de rendement sur nos premières années de production. Ce dernier système ne fait sens économiquement que si la forme linéaire est exploitée pour réduire les coûts d’entretien du verger ou adapter la pulvérisation (voir page 50)."

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