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Abricot : un verger plat et densifié pour diminuer les doses de phytosanitaires

SudExpé Saint-Gilles a prouvé qu’un verger d’abricotiers aplati et densifié, permettant une baisse des doses appliquées et donc de l’IFT, peut être plus productif qu’un verger traditionnel. Il atteint la même marge brute cumulée au bout de sept ans malgré des investissements plus élevés.

La conduite en haie fruitière testée à SudExpé consiste à resserrer les charpentières des arbres en gobelet.
La conduite en haie fruitière testée à SudExpé consiste à resserrer les charpentières des arbres en gobelet.
© SudExpé

« Le principal levier choisi pour diminuer l’indice de fréquence de traitement (IFT) sur le dispositif Capred de SudExpé Saint-Gilles (Gard) est celui d’un nouveau verger plus plat permettant l’utilisation d’un pulvérisateur à flux tangentiel et une baisse des doses », explique Maëlle Guiraud, responsable conduite culturale pêche et abricot à SudExpé. Ce verger en mur fruitier a été obtenu à partir d’abricotiers de la variété Lady cotcov en gobelet dont les charpentières ont été resserrées sur le rang, tout en conservant un puits de lumière au milieu, formant ainsi un V.

Cette modalité, dite « Eco-innovant », a aussi été densifiée passant à 667 arbres/ha (5 x 6 m) contre 476 arbres/ha pour la modalité de référence PFI (6 x 3,5 m). Cette forme condensée a permis le passage d’un pulvérisateur à flux tangentiel avec un volume de bouillie de 400 l/ha et des doses de produits phytosanitaires réduites de 50 à 20 %. « Pour certains bioagresseurs majeurs comme le monilia sur rameaux et sur fleurs, les doses ont été conservées à 80 % de la dose recommandée afin de garantir une protection suffisante », continue l’expérimentatrice. Enfin, l’impasse ou la substitution par des produits de biocontrôle ont permis de réduire significativement les IFT.

60 % de baisse de l’IFT

Côté production, cette modalité Eco-innovant est plutôt concluante avec 96 t/ha de produits commercialisables sur les sept premières années de vie du verger contre 74 t pour la modalité PFI. « A la mise en place de la modalité, nous avions prévu une baisse de la production due à la moindre protection phytosanitaire, détaille la spécialiste. Mais finalement l’ensemble des bioagresseurs ont été bien gérés. Les rendements par hectare sont supérieurs grâce à la densification et l’alternance est moins marquée par rapport à la modalité PFI. » La réduction de l’IFT est de 60 % sur les sept années d’essais.

 

Sur les cinq premières années, l’objectif était de réduire l'IFT de 50 %. Il a été principalement atteint avec la réduction des doses et la suppression des herbicides (soit 0,5 à 1,5 IFT/an). Une bâche tissée a été posée sur le rang depuis la plantation. « Cette méthode est efficace et durable, souligne Maëlle Guiraud. Elles sont en place depuis neuf ans et elles sont encore en état. » L’IFT herbicide est donc réduit de 100 %. Depuis 2019, l’objectif est une réduction de l’IFT de 75 % avec zéro herbicide et zéro insecticide. Il a été atteint par l’utilisation quasi systématique des produits de biocontrôle. En moyenne, sur les sept ans, l’IFT insecticide a diminué de 95 % et l’IFT fongicide de 41 %. L’IFT total est inférieur à 4.

Optimiser les coûts de production

Le bémol de la modalité Eco-innovant réside dans ses coûts de production. Au bout de sept ans, ils sont supérieurs de près de 25 % à la modalité PFI. « Ce mode de conduite a nécessité le double d’investissement par rapport à la modalité PFI, notamment en main-d’œuvre lors des premières années, pour attacher et tailler les arbres, analyse l’ingénieure. Il y a sans doute moyen d’optimiser cet itinéraire. » L’expérimentatrice avance le fait que la taille mécanique pourrait être utilisée plus systématiquement qu’actuellement sans pour autant supprimer complètement la taille manuelle, tout comme l’éclaircissage mécanique. « Nous aurions besoin de creuser ! ». Ces coûts se répercutent sur la marge. Au bout de sept ans, les deux systèmes arrivent à la même marge brute cumulée avec amortissement, de près de 17 000 €/ha. Mais la modalité PFI a commencé à avoir une marge positive cumulée à partir de la 4e feuille alors que pour la modalité Eco-innovant, il a fallu attendre la 6e feuille.

Ajout de l’axe variétal

Un nouveau dispositif, Mirad, a été mis en place en 2019 en prolongement du dispositif Capred. « Sur une nouvelle parcelle, nous comparons les modalités PFI et Eco-innovant dans les mêmes conditions que l’ancienne parcelle mais une modalité AB + a été ajoutée, explique Maëlle Guiraud, SudExpé. Celle-ci est conduite en agriculture biologique mais avec un objectif de zéro IFT (sans cuivre). Le levier variétal a aussi été ajouté au dispositif avec quatre variétés sur différents créneaux. » Ces quatre variétés sont testées sur les modalités ECO et AB +. Il s’agit de Lido, Mistral, Apridelice et Rouge Cot. Sur PFI, les variétés Lido et Oscar ont été implantées, cette dernière étant sur le même créneau de maturité que Mistral. La première vraie récolte s’effectuera cette année, le verger ayant été touché par le gel en 2021. « Sur ces deux premières années, nous avons observé des attaques de rouille plus marquées sur la variété Apridelice », constate-t-elle.

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