Des trayplants de fraisiers pour se diversifier
La production de fraises sous abris froids se démocratise dans les systèmes maraîchers diversifiés, afin de disposer d’un produit attractif en début de saison. La plantation de trayplants en sol est une solution.
La production de fraises sous abris froids se démocratise dans les systèmes maraîchers diversifiés, afin de disposer d’un produit attractif en début de saison. La plantation de trayplants en sol est une solution.
La plantation de trayplant de variétés précoces se fait généralement autour de Noël, et les variétés de saison se plantent généralement au mois de février. « La plantation sur buttes de 20 à 30 centimètres de haut favorisant le drainage de l’eau, assurant le réchauffement du sol et facilitant la récolte, est recommandée », précise la fiche technique Brassica éditée par la Serail et la Chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes. La fraise est sensible aux maladies telluriques (champignons du sol et nématodes). Il convient donc d’effectuer une analyse visuelle d’un échantillon (1 %) afin de déceler les potentielles maladies. Un cylindre central des racines rouges en partie terminale peut témoigner de la présence de Phytophtora cactorum, un cœur à striures brunâtres sur les vaisseaux peut être attribué à l’anthracnose, la pourriture du cœur et sa nécrose de cœur se trouvent principalement sur Gariguette.
Eviter les écarts de températures trop marqués
« La plantation est primordiale dans la réussite de la reprise. Ne pas trop enterrer le cœur dans un trou creusé afin de pouvoir accueillir la motte sans avoir à « forcer » sur les racines », commente l’auteur, Benoît Aymoz, conseiller maraîchage Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc. La plantation peut se faire sur paillage avec une densité est entre 5 et 6 plants/m2 si on a des rangs simples ou doubles. Selon la précocité recherchée, il conviendra de mettre en place une chenille temporaire avec un film transparent et thermique type « cristal » neuf de préférence. Veiller à bien aérer car il existe un risque de brûlure par temps chaud. Si on recherche moins la précocité, on peut utiliser une bâche au sol non tissée, de type P17. Sous grand abri, la gestion du climat est importante en évitant les températures trop basses, les températures trop hautes (l’optimum étant 23°C). Il est également important d’éviter les écarts de températures trop marqués entre la nuit et le jour (attention à bien aérer les jours lumineux d’hiver), ainsi qu’à garder une hygrométrie d’environ 60 % (penser au blanchiment lors de l’arrivée des fortes chaleurs). La pollinisation peut conditionner la réussite de la culture de fraisiers sous abris. Au moment de la floraison, la qualité du pollen est influencée par la lumière. Un temps couvert et pluvieux affecte la qualité du pollen. Au stade « boutons floraux » de 2 à 3 mm, les températures de jour comprises entre seulement 8 et 12°C pendant une journée au moins provoquent des déformations de fruits qui seront visibles 30 jours plus tard. A -2°C la nuit ou le matin, au niveau de la plante, les boutons floraux gèlent. Pendant la floraison, il convient d’éviter les températures de jour supérieures à 30°C. Le botrytis et l’oïdium peuvent provoquer la stérilité des étamines. En cas de conditions défavorables, appliquer une protection préventive avant le stade floraison. Il est généralement déconseillé de traiter durant les 10 premiers jours de floraison. L’abeille est l’insecte pollinisateur le plus souvent employé mais le bourdon est également utilisé. Placer impérativement une ruchette à l’intérieur de chaque tunnel, du côté Nord-ouest et réaliser une aération près de la ruche quand, environ 5 fleurs ouvertes par mètre sont présentes. Attention au risque de surbutinage qui va déformer le fruit, si l’on installe la ruchette trop tôt. Avant la mise en place des ruches (retard de commande ou floraison trop faible), la ventilation mécanique, réalisée avec un atomiseur vide ou un souffleur à feuilles aux heures chaudes de la journée, permet de réaliser la pollinisation, à condition que les étamines soient bien formées. Renouveler l’opération au moins deux fois par semaine, trois passages étant optimaux (durée de fécondité du pollen 2 à 3 jours). De manière générale, le fraisier craint la salinité donc il est important de raisonner les apports. On distingue deux types de fertilisation. La fumure de fond est essentiellement organique et doit être adaptée en fonction du type de sol et des possibilités de ferti-irrigation en cours de culture. L’objectif étant d’avoir en biodisponible : 80 à 100 unités d’azote, 120 de phosphore et 150 à 200 unités de potasse. En agriculture biologique où la ferti-irrigation est moins répandue, on privilégiera un amendement organique sous forme de compost (3-4 t/ha) complété avec des engrais organiques aux libérations variables et étalées.
Ajuster au mieux la ferti-irrigation
En plus de la fumure de fond, la fertilisation en cours de culture permet d’apporter de l’engrais par ferti-irrigation et d’ajuster au mieux les doses au stade de la plante et aux conditions climatiques. Pour ce faire, on utilisera des engrais avec les équilibres suivants (voir tableaux). « L’azote doit être raisonné et les éléments qui fluctuent le plus sont la potasse et le calcium », mentionne la fiche. En effet, lors de la fructification, la potasse sert à donner du sucre au fruit alors que le calcium permet de le rendre plus résistant. Un excès de potasse aura pour conséquence d’obtenir un fruit qui ne se tient pas bien après récolte alors qu’un excès de calcium entraînera une perte gustative. En sol calcaire, la chlorose ferrique est fréquente et peut également être provoquée par un excès d’eau. « Apporter systématiquement un chélate de fer sous forme EDDHA (type Séquestrène) à raison de 1-2 kg/ha dès le développement de la végétation, puis au stade bouton vert, et enfin lors du grossissement des fruits », précise le document. Ces différentes étapes permettent d’obtenir des plantes et des fruits de qualité optimale. La qualité des fruits à récolte dépend de tunnels bien aérés tôt le matin pour ne pas dépasser les 30°C, de la maîtrise des apports d’azote, du contrôle de l’irrigation car l’eau en excès réduit la teneur en sucre. Il faut également éviter de récolter aux heures chaudes, placer les plateaux à l’ombre le plus rapidement possible et les mettre au plus tôt en pré-réfrigération rapide entre 6 et 10°C.
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Benoît Aymoz, conseiller maraîchage Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc
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