Sud-Ouest
Des pommiers bio plantés par des transformateurs
Dans le Lot-et-Garonne, les entreprises Vitamont et Danival cherchent des producteurs pour lancer un programme de plantation de 100 ha de pommiers bio.


« Cela fait très longtemps que nous travaillons sur le sujet. C’est cette année, avec le recrutement d’un technicien agricole, spécialisé en arboriculture et notamment dans la production de pommes, que le projet débute véritablement, confie Céline Benoît, responsable du développement de l’entreprise Vitamont, à Monflanquin, en Lot-et-Garonne. Notre objectif est de relocaliser dans le Sud-Ouest la production de pommes bio dont nous avons besoin pour faire tourner l’usine. Nous les achetons actuellement en Savoie et dans la vallée du Rhône. Mais il s’agit aussi d’obtenir davantage de pommes bio de qualité. Nous avons rédigé un cahier des charges très précis et les producteurs seront suivis par notre technicien agricole. »
C’est en réalité une véritable filière que comptent créer Vitamont, spécialisée dans les jus de fruits bio, et son associée Danival, une autre entreprise lot-et-garonnaise, implantée à Andiran, spécialisée dans les produits transformés bio. Les deux structures sont en train de créer une entreprise commune qui chapeautera le programme. En attendant, elles ont entamé une phase de communication auprès des arboriculteurs de la région. « Il s’agit soit de producteurs de pommes travaillant déjà en bio, qui sont intéressés par le contrat que nous leur proposons, soit d’arboriculteurs qui envisagent une conversion », poursuit Céline Benoît. « Le programme s’adresse uniquement à des spécialistes, car le challenge est très technique, renchérit Jacky Ruda, le technicien agricole. Les vergers seront denses et conduits en axe, ce qui permettra de maîtriser les coûts de productions, et des essais de récolte mécanique des fruits destinés au jus de pomme seront réalisés. »
Les premiers contrats devraient être signés en septembre prochain et les plantations débuter en janvier 2011, pour une production qui devrait démarrer trois ans après.
Des contrats solidaires sur neuf ans
Des recherches ont été menées avec le lycée agricole de St-Livrade-sur-Lot, pour déterminer les variétés de pommes qui correspondraient le mieux aux besoins des deux entreprises. Des essais de transformation en jus pour Vitamont et en purées pour Danival ont permis d’en établir les qualités organoleptiques, le taux de sucre (degré brix), l’acidité et les capacités d’adaptation aux process de transformation des usines. Trois variétés – Opal, Dalinette et Goldrush – résistantes à la tavelure, productives sans alternance, très bonnes au goût et donnant de gros calibres, ont ainsi été retenues dans le cahier des charges. Le verger global comportera un tiers de chaque.
Les deux entreprises ont, chaque année, besoin de 1 500 tonnes de pommes bio chacune, si bien qu’il est envisagé de mettre en terre 100 ha de plants, d’ici 2012, dans un rayon de 100 km. « Nous proposons un véritable partenariat aux agriculteurs, reprend Céline Benoît. Nos contrats seront rédigés selon les exigences du bio solidaire, comme pour le commerce équitable. Les quantités et les prix auxquels seront achetées les pommes seront fixés à l’avance, selon les qualités, afin que les producteurs sachent à quoi s’en tenir. » Les contrats seront établis sur neuf ans, durée suffisamment longue pour assurer l’amortissement des investissements engagés par les arboriculteurs et adaptée à la vie d’un verger. Le prix sera garanti, et révisé tous les trois ans, avec de faibles variations.
Trois filières de pommes de bouche en purées et en jus
« C’est en réalité un véritable service “clé en main” que nous proposons aux arboriculteurs qui seront retenus pour le programme, souligne Jacky Ruda. Nous leur garantissons la réalisation d’un audit, une assistance technique, une formation et l’achat de leurs produits, sans pour autant qu’ils soient aliénés aux deux industriels. »
Trois débouchés seront ainsi exploités, permettant de valoriser la quasi-totalité des pommes produites : une filière de pommes de bouche bio (2 000 t), en cours de création, pour laquelle une marque devrait être créée ; une filière de pommes destinées aux purées de Danival (1 000 t) et une filière destinée aux jus de Vitamont (1 000 t). « Chaque secteur a des exigences différentes et complémentaires en termes, par exemple, de taux de sucre et de mâchure, précise Céline Benoît. Les pommes seront conditionnées et livrées en palox. »
C’est donc un projet à long terme qui se met en place, puisque la production ne débutera pas avant 2014. La nouvelle filière bénéficiera du label “Bio Solidaire”, garantie d’une relation durable et équitable entre les producteurs et les industriels. Selon l’engouement qu’elle suscitera, elle pourrait bien aussi entraîner une extension de l’usine Vitamont pour agrandir la partie transformation.