Vu par le spécialiste
« Des pistes contre les champignons telluriques en culture de poivron »
Témoignage de Henri Clerc, Invenio.
« Les productions de poivron en Nouvelle-Aquitaine subissent des pertes de rendement qui ont conduit Invenio à réaliser une campagne de prélèvement dans les exploitations de la région en 2016. Dominique Blancard et Jonathan Gaudin, phytopathologistes à l’Inra de Bordeaux, ont observé d’importantes lésions sur les systèmes racinaires prélevés. Deux champignons telluriques ont été régulièrement identifiés sur les échantillons, Colletotrichum coccodes et Macrophomina phaseolina, ainsi que des nématodes Méloïdogyne sp. Un essai mené par Invenio et l’Inra de Bordeaux en 2017 a montré que les deux champignons sont bien en cause dans l’apparition des lésions racinaires. Un deuxième essai conduit sur une parcelle d’un producteur a permis de montrer que l’utilisation de porte-greffes issus d’une nouvelle génétique proposés par un sélectionneur français est une piste intéressante pour réduire les dégâts racinaires. En effet, ces porte-greffes présentaient des niveaux de nécroses inférieurs et très peu de galles de nématodes. Au printemps 2018, un nouvel essai a été lancé pour approfondir cette voie au sein du laboratoire de l’Inra par Jonathan Gaudin et Fanny Robledo-Garcia. Celui-ci vise à évaluer un porte-greffe poivron en conditions semi-contrôlées vis-à-vis d’un complexe de champignons telluriques Colletotrichum coccodes - Macrophomina phaseolina. Le dispositif expérimental est constitué de quatre modalités. Dans les deux premières modalités, les pots ont été inoculés avec ce complexe et on y a planté d’une part des plants de la variété Gonto non greffée et d’autre part des plants de Gonto greffés sur le porte-greffe testé. Dans les deux modalités témoins, les plants de Gonto (greffé ou non greffé) sont dans des pots sans inoculum. En juillet puis en septembre, des plants témoins et inoculés ont été arrachés. Leurs systèmes racinaires ont été pesés et leur niveau de nécrose racinaire évalué. Les résultats, en cours de dépouillement, semblent bien confirmer l’effet du porte-greffe dans ces conditions semi-contrôlées, les attaques du complexe de champignons étant significativement bien moins importantes sur les systèmes racinaires de poivron greffé. Ces essais confirment aussi les résultats des essais 2017, à savoir la réduction du volume racinaire que provoque le complexe de champignons quand il attaque une plante non greffée. »