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Kiwi - Sud-Est
Des divergences et des aspirations différentes

Le règne sans partage du Hayward est challengé par Summerkiwi. Mais les régions affichent des politiques différentes.

Il est difficile de se retrouver dans les chiffres de la production de kiwis dans les régions autres que le Sud-Ouest. Le dernier recensement datant de 2007, celui de 2010, qui est en cours, devrait permettre d’y voir plus clair. Globalement, le bilan de campagne 2009-2010 du SNM fait état d’un potentiel d’environ 20 000 t pour les régions Rhône, Sud-Est, Corse et “autres”. Néanmoins, ces chiffres ne sont pas vraiment significatifs, sachant que la campagne dernière avait été très supérieure à la moyenne des années précédentes (+ 14 %). Sur ce potentiel, la région Rhône-Alpes représente 11 % des volumes (8 % en 2008-2009), le Languedoc-Roussillon 6 % (stable), Paca 1 % (stable) et la Corse 7 % (6 %). Cependant, il semble que la filière corse du kiwi soit en sommeil après des velléités de création d’une association de producteurs et l’obtention d’un signe d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO). Pour la nouvelle campagne, le Bureau interprofessionnel du kiwi (BIK) annonce une baisse de récolte de - 15 % et une réduction des volumes.
Selon Agreste, la production en Rhône-Alpes en 2009 serait de 79,2 t, dont 33,12 t pour l’Ardèche, 43,6 t pour la Drôme, 2,090 t pour l’Isère et 0,45 t pour la Loire. En Languedoc-Roussillon, Agreste estime le potentiel à 45,859 t, pour Paca à 8,164 t et pour la Corse à 50,060 t (50 t pour la Haute-Corse et 60 kg pour la Corse du Sud !). En Vallée du Rhône, même si l’engouement n’est plus le même qu’il y a une vingtaine d’années lorsque le kiwi était alors perçu comme une alternative aux vergers sujets à la sharka, il est difficile de connaître l’évolution que prendra la production.

La production de Hayward reste majoritaire
« Il y a de grosses inquiétudes au niveau phytosanitaire, explique Bernard Hennion, chargé du programme kiwi au centre CTIFL de Lanxade. L’apparition de Metcaclafa prunoso, qui s’est installé dans la Sud-Est puis le Sud-Ouest, reste sans réponse pour le traitement du kiwi. Par ailleurs, une souche de pseudomonias spécifique au kiwi est apparue en Italie, d’abord sur les kiwis jaunes puis sur les verts. Si l’on ajoute les difficultés économiques, les conditions très venteuses de la Vallée du Rhône, il est clair que les producteurs réfléchissent avant de se lancer dans de nouvelles plantations. Il n’y a pas de vergers en péril, mais un grand attentisme de la part des producteurs afin de surveiller l’évolution des maladies. »
Le début des années 2000 a marqué le début de la diversification variétale, même si Hayward reste très largement majoritaire. C’est le choix de Lorifruit qui s’est lancé très tôt dans les plantations de Summerkiwi. « Nous commercialisons environ 1 500 à 1 600 t de Hayward et 300 t de Summerkiwi dont la progression est structurelle du fait de la mise à fruits de nouveaux vergers, explique Vincent Faugier, le directeur. Mais nous assistons également au renouvellement d’anciens vergers de Hayward. La récolte de Summerkiwi s’est terminée fin septembre pour une commercialisation mi-octobre, du fait de la nécessité de la mise au froid. Les volumes, qui sont normaux cette année, seront tous écoulés début décembre. Notre objectif est d’augmenter le potentiel à 500 t, ce qui nous permettrait une mise en marché de cette variété jusqu’à mi-décembre. Le temps gagné avec la commercialisation de Summerkiwi, plus longue, permet de laisser le Hayward plus longtemps en frigo où il gagne en taux de sucre. »

Poursuite de la diversification variétale
Bernard Hennion estime que « l’ère monovariétale est terminée » et Vincent Faugier valide l’hypothèse : « Nous avons un temps d’avance avec le Summerkiwi, mais nous suivons avec attention la diversification variétale. Pour une entreprise, elle est indispensable. Mais pour l’heure, aucune des propositions ne nous a convaincus. D’autant que nous avons créé de nouvelles installations qui ne conviendraient pas forcément à ces nouveautés. Nous sommes dans une phase d’attentisme, mais l’offre va inéluctablement changer. L’hégémonie du Hayward est terminée. » Lorifuit travaille essentiellement sur les circuits longs et propose également entre 50 et 60 t de kiwis bio, en regrettant que « le prix du bio soit quasiment identique au traditionnel. » Quant au déroulement de la campagne, Vincent Faugier estime que « la baisse des volumes va peut-être tirer les prix à la hausse. Le plus grand risque étant que l’Italie, très déficitaire, supprime les destinations lointaines pour se rabattre sur le marché européen. »
A quelques encablures de là, en Ardèche, Vivacoop commercialise 300 t de kiwis, dont le potentiel reste stable et à 80 % en bio. « Nous n’avons pas de velléités de diversification, explique Patrick Sevre, directeur de la coopérative. Je pense que c’est une stratégie réservée aux gros opérateurs. D’ailleurs cette décision est liée à la volonté des producteurs de planter ou de ne pas le faire. Après de bonnes années de commercialisation, les producteurs se sont retrouvés en 2009 dans des conditions de commercialisation très difficiles. Actuellement, ils cherchent à conforter leur situation de crainte de se retrouver face à des situations compliquées. Notre chance, c’est que la consommation de kiwi progresse et bénéficie d’une bonne notoriété. De plus, nous considérons que le Hayward a encore toute sa place sur le marché. De plus, je pense que le kiwi pourrait encore se développer au-dessous de Valence, mais il reste le problème des investissements qui sont très lourds. »

Augmentation de la demande bio
Très au Sud, à St Cyprien (Pyrénées-Orietnales), Agri Sud développe son verger de kiwis. « Nous avons 50 ha de vieux vergers de Hayward, explique Bruno Vila, le directeur. Et depuis trois ou quatre ans, nous avons replanté 35 ha de Hayward et 5 ha de Summerkiwi. Tous, les anciens comme les nouveaux vergers, sont conduits en agriculture bio que nous pratiquons depuis déjà seize ans. » Agri Sud présente cette particularité de ne pas entrer directement sur les marchés. « Une partie de la production est destinée à Odélys pour le frais et les jus de kiwi bio vont plutôt en GMS. L’autre partie est commercialisée par Tutti Verdi/Imago vers les grossistes spécialisés du marché de St Charles. L’augmentation de la demande en kiwis bio “Origine France” nous a amenés à modifier notre stratégie. Il y a cinq ou six ans, nous étions à 100 % à l’export, alors que maintenant toute notre production reste sur le marché intérieur. » Ceci étant, ajoute Bruno Vila, « le bio apporte une valeur ajoutée de 15 à 20 %, mais bien inférieure à certains légumes qui sont payés le double. Ils restent néanmoins très abordables pour le consommateur. » Agri Sud a adopté la diversification variétale. « Nous avons choisi le Summerkiwi pour la précocité qu’il apporte. Il permet de faire le lien avec la campagne de commercialisation du Hayward qui gagne en qualité en restant au froid. Néanmoins, je ne pense pas que nous allions plus loin dans la segmentation. Les kiwis jaunes sont sensibles au vent et peu adaptés à notre climatologie. C’est pour cela que nous sommes obligés de rester sur des variétés moins sensibles. » La prochaine étape que s’est fixée l’entreprise est le renouvellement progressif des anciens vergers. « Mais sans velléités d’agrandissement. »

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