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Crise des pêches nectarines
Des camions contrôlés à la frontière franco-espagnole

Plus d’une centaine d’arboriculteurs venus essentiellement des Pyrénées-Orientales, de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône et du Gard ont bloqué mardi 26 juillet au matin et durant plusieurs heures le péage du Boulou situé entre la France et l’Espagne. Des camions venant du Sud ont été systématiquement contrôlés pour chercher des pêches-nectarines dérogeant aux règles commerciales et destinées au marché français. De nombreux cas de non conformité portant sur des défauts qualitatifs (surmaturité, pourriture, etc.) des sous-calibrages du A étiqueté 2A du C étiqueté B etc.) ont été repérés tout comme une suspicion de fruits attaqués par la Sharka (dont le transport et la commercialisation sont strictement interdits en France) ont provoqué la colère des agriculteurs.
Un camion a été vidé de sa cargaison, incident minimisé par le Secrétaire général de la Préfecture des Pyrénées-Orientales, Jean-Pierre Nicolas  « la chute aurait quand même eu lieu, les palettes étant mal attachées ». L’objectif avoué des manifestants était de faire monter la pression au moment même où se tenait un comité mixte pêche-nectarine Italo-franco-espagnol. « Les Espagnols ont été surpris par cette action, expliquait dans la soirée du 26 juillet, Bruno Dupont, président de la Fnpf. Mais les manifestants ne visaient pas les producteurs espagnols, leur objectif était de faire monter la pression et leur cible était la Commission européenne. Elle doit impérativement réaliser que les producteurs italiens espagnols et français vivent une crise d’une ampleur inégalée et sont dans une situation inextricable. Ensemble nous, représentants de l’Italie, Espagne et France, avons convenu à l’occasion de ce comité de cosigner un document politico-syndical pour demander des mesures exceptionnelles. Bruxelles doit impérativement aider les trois Etats qui ne pourront seuls supporter financièrement cette crise sans aides communautaires. Nous attendons pour le28 juillet, (un comité de gestion f&l est prévu ce jour-là, NDLR) une décision de la Commission européenne concernant le retrait et revoyant sa position sur les volumes et les prix au retrait. Nous espérons 30 centimes. Cette décision est éminemment politique. Nous sommes conscients que le retrait n’est pas la panacée, mais il faut régler cette crise dans l’urgence. Nous ne pouvons pas attendre la réunion de la Commission européenne prévue le 28 août sachant de plus qu’il n’y aura pas d’effets rétroactifs. Nous attendons donc sa réaction et ses propositions pour ce jeudi », a-t-il conclu.
En fin d’après-midi Xavier Belin, le président de la FNSEA était attendu à Ille sur Têt pour faire le point sur l’actualité de la crise des pêches nectarine mais aussi celle que traverse l’ensemble de la filière fruits et légumes, l’actualité dépassant largement le cadre régional. Une soixantaine de professionnels seront présents dont Bruno Dupont, président de la FNPF et Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France.

De notre envoyée spéciale au Boulou (Pyrénées Orientales)
Catherine Brunner

 

 

Tensions à la frontière franco-espagnole, la réaction espagnole

Dans la presse espagnole, les réactions ne se sont pas faites attendre. La ministre de l’Agriculture, Rosa Aguilar déclarait hier, le 26 juillet, que le gouvernement « n’était pas disposé à laisser faire » le renversement de camions espagnols transportant des fruits et légumes en faisant référence aux actions menées à la Junquera (Girone), le même jour, par un groupe d’agriculteurs français. A la suite de cette action, Mossos d’Esquadra, la police catalane a procédé à la fermeture de la frontière pendant près d’une heure et demi pour les camions par mesure de prévention. Par la suite, le trafic a repris. Dans le même sens, la ministre de l’Agriculture a indiqué que ses actions avaient été abordées lors de la réunion du comité mixte France-Italie-Espagne qui se tenait le même jour. Elle a ajouté que ces actes prenaient « le pire chemin » et qu’il était nécessaire que le secteur agricole travaille de concert au sein de l’Union européenne et privilégie des actions communes pour demander une augmentation du prix de retrait des pêches nectarines.
De son côté, la filière espagnole des f&l a réagi par la voix de la Fepex. José Maria Pozancos, son directeur général a réclamé à la Commission européenne des mesures efficaces pour assurer le libre transit des marchandises et éviter que attaques se répètent sur les camions espagnols, que des mesures soient prises face à la crise que subit le marché des fruits. La Fepex a donc critiqué le manque de solutions apportées par la Commission européenne dans une telle situation et exigé de Bruxelles qu’elle « garantisse la libre circulation des marchandises et l’unité du marché fortement menacés par de graves crises ». Par ailleurs, José-Maria Pozancos a indiqué que la réunion du comité mixte qui se tenait hier via vidéoconférence en Espagne, France et Italie, était le « bon chemin, celui du dialogue ».  Il a rappelé que les exportateurs espagnols demandaient des aides au retrait plus élevées pour la pêche nectarine et le comité mixte a adopté une position commune et demande a Bruxelles une mesure exceptionnelle de retrait avec une compensation de 30 centimes du kilo financée intégralement par l’Union européenne jusqu’à la fin de la campagne.

Une distribution de fruits devant chez Lidl en Extremadure
Par ailleurs, le même jour, les sites d’informations espagnols annonçaient une opération de distribution de fruits aux portes d’un supermarché Lidl à Mérida (à l’Est de Badajoz en Extremadure, sud-ouest de l’Espagne). Il s’agissait de distribution de nectarines et pêches pour protester contre la situation critique que traverse le secteur des fruits à noyau espagnol. Cette manifestation a été lancée par l’Association des producteurs de fruits d’Extremadure (Afruex), les coopératives agroalimentaires de la région et les organisations syndicales Apag-Asaja, Coag et UPA. Dans un communiqué, les organisateurs de la manifestation ont indiqué que le secteur était « au bord de la ruine » en raison d’une chute des prix et ont justifié leur action pour que des mesures soient prises pour sortir de la crise. Une grève était de surcroit prévue pour protester contre cette situation dans l’ensemble des secteurs d’activités liés à la commercialisation des fruits en Extremadure.

La réaction de Bruxelles
La Commission européenne a indiqué « suivre avec la plus grande attention l’évolution de la situation et demande aux autorités françaises en vertu des termes de la directive européenne 2679/98 de remettre en œuvre aussitôt que possible la libre circulation des marchandises. Les services de la Commission sont en contact permanent avec les autorités françaises », a déclaré Carlo Corazza, le porte-parole du Commissaire européen à l’industrie et aux entreprises à fld. Par ailleurs il a rappelé « qu’il est de la compétence exclusive des Etats membres de maintenir l’ordre public et le maintien de sécurité publique, de déterminer l’opportunité de mesures adéquates et en temps voulu afin de faciliter la libre circulation des marchandises sur leur territoire au regard d’une situation donnée ».

A.-S. M.

Rédaction Réussir

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