Deloitte donne son classement mondial de la distribution
Wal Mart caracole toujours en tête des 250 plus grands distributeurs à l’échelle mondiale, selon le dernier classement réalisé par le cabinet Deloitte. “Avec un ticket d’entrée s’élevant à 2,3 milliards de dollars, explique Antoine de Riedmatten, associé chez Deloitte, plus qu’une compétition, ce classement permet de donner une image claire de l’évolution de la distribution”.
Parmi les plus grands distributeurs, trois groupes sont décelables. Les distributeurs fortement présents à l’international avec des enseignes en nombres équivalents voire supérieurs à ceux présents dans leur pays d’origine. C’est le cas de Metro, cas d’autant plus intéressant que l’international représente dorénavant sa planche de salut, face à la concurrence sans cesse croissante du hard-discount en Allemagne, son pays d’origine. Deuxième groupe, les distributeurs qui se désengagent à l’international, c’est le cas d’Ahold. Enfin dernier groupe, les distributeurs dont les parts de marché à l’international sont faibles, c’est le cas de Tesco et étrangement de Wal Mart, si l’on s’intéresse à la part de ses revenus à l’international comparée à celle réalisée aux Etats-Unis.
Plutôt que d’énumérer la place de chacun, Antoine de Riedmatten a préféré donner des indications sur la politique de croissance du hard-discount. “Parmi les plus fortes progressions, il faut noter l’arrivée à la 11e position du groupe Schwartz (Lidl) qui gagne cinq places et se retrouve donc à la porte du Top 10. L’arrivée progressive de ce genre de distribution a changé la perception des marques et de leur prix, ce qui a amené le consommateur à réfléchir. Une position qui entraîne une telle différence de pouvoir d’achat, qu’il n’est plus possible d’avoir un quelconque débat sur les prix.”
Apparition des produits à marque en hard-discount
En revanche, l’arrivée du hard-discount a provoqué une grande révolution, changeant fortement la façon de travailler des distributeurs. Certains se lançant même dans la bataille du premier prix, tel Auchan qui propose dorénavant un rayon vrac dans ses magasins. On note même cette année, l’apparition de produits à marque dans les hard-discounts. “C’est le cas de Nestlé qui teste sa marque en Allemagne chez Lidl. Cela veut donc dire que le fabricant renonce à son dogme : jamais avec ces gens-là. Car ce dogme-là peut, à terme, vous fermer 40 % du marché”, ajoute le cabinet Deloitte.
Enfin, la consolidation des hard-discounteurs provoque des restructurations, “On se marie de toute part, ou bien on vend par appartements, en particulier aux Etats-Unis, ce qui devrait se produire très prochainement en Europe”, explique Antoine de Riedmatten. En Europe, Casino semble l’une des enseignes les plus prometteuses au rachat. “Ils se sont réorganisés en 2005, ont réalisé des opérations sur leurs valeurs immobilières et se sont ainsi clairement mis en position d’écoute du marché pour être rachetés”, ajoute-t-il.
Enfin, sur la question des marchés émergents, la Chine n’est plus l’Eldorado, l’Inde en revanche pourrait bien être la prochaine étape, même s’il est encore difficile aujourd’hui d’entrer sur ce marché. Quant à la Chine, “on a trop longtemps focalisé sur la bataille entre Wal Mart et Carrefour, mais on s’aperçoit qu’il existe une multitude de groupes distributeurs chinois en forte croissance, et qu’il est donc peut-être déjà trop tard pour s’implanter sur ce marché”.