Patate douce : de nouvelles variétés disponibles
Si l’essentiel de la production de patate douce en France repose encore sur les variétés à chair orange de référence, de nouvelles variétés sont désormais disponibles et sont testées par les stations expérimentales.
Si l’essentiel de la production de patate douce en France repose encore sur les variétés à chair orange de référence, de nouvelles variétés sont désormais disponibles et sont testées par les stations expérimentales.
« La culture de la patate douce se développe fortement en France du fait de l’accroissement de la demande, constate Maët Le Lan, responsable de la station expérimentale en maraîchage de Bretagne Sud, à Auray (Morbihan). Les producteurs sont en attente de références pour optimiser cette culture aux coûts d’implantation élevés. » Des essais sont donc menés un peu partout sur les variétés, les dates et modes de plantation, la protection contre le taupin, la conservation… Sur le terrain, les variétés les plus utilisées restent Beauregard, variété à chair orange du domaine public, proposée par plusieurs producteurs de plants, et Orléans, variété à chair orange de Voltz, leader sur le marché avec Volmary. « Orléans a une très belle chair orange et une peau rose orangée très attractive, estime Laurent Camoin, de la chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône. Elle est prédominante sur le département. Une culture bien conduite permet de bons rendements avec deux tiers de tubercules de calibre M, le plus valorisé. » De nouvelles génétiques sont néanmoins développées par les obtenteurs et les producteurs de plants, en variétés à chair orange et à chair blanche.
Grosses variations selon les variétés
En Bretagne, les essais variétaux menés en bio depuis 2019 par la station d’Auray et Terre d’essais (Finistère) montrent qu’il peut y avoir un facteur 5 à 6 entre la plus productive des variétés et la moins productive. En 2021, dans un contexte difficile, frais et humide, les variétés à chair blanche ont eu les meilleurs résultats. Erato Pleno et Erato White ont montré les meilleurs rendements de toutes les variétés (0,6 kg/plant), Bonita et Murasaki en ayant de plus faibles (0,2 à 0,3 kg/plant). En variétés à chair orange, Orléans, Beauregard de la lignée Genetic et Erato Deep orange ont eu des rendements équivalents (0,4 kg/plant). Beauregard de la lignée Volmary a eu un fort taux de tubercules hors calibre. Et Evangeline a donné un rendement très faible. Le taux de déclassement a été de plus de 80 % pour la vente en gros, qui nécessite une homogénéité des calibres autour de 300-600 g et 600-800 g, et de 50 % pour la vente directe, qui accepte des calibres 150-300 g et plus de 800 g. Les tendances entre variétés étaient en revanche les mêmes en vente en gros et vente directe.
« En 2019, 2020 et 2021, ce sont donc les variétés à chair blanche qui ont donné les meilleurs résultats, résume Maët Le Lan. Ces variétés peuvent avoir un intérêt en termes de rendement, qualité gustative et conservation, avec plus de déchets en vente en gros du fait de calibres plus petits. Leur commercialisation toutefois est difficile pour l’instant. De plus, en 2022, malgré des températures élevées favorables à la patate douce et bien que nous ayons pu irriguer, les variétés à chair blanche semblent avoir eu moins de rendement que les variétés à chair orange. Dans un contexte climatique incertain, Orléans et Beauregard – qui donnent un rendement correct quel que soit le climat et correspondent au marché – restent donc intéressantes. » Une perspective en Bretagne est l’identification de variétés à cycle court et haut potentiel de rendement, la mise en place y étant parfois difficile, conduisant à des dates de récolte un peu tardives et parfois compliquées. L’objectif étant de rester sur du plein champ, la station d’Auray prévoit en 2023 de tester l’utilisation de chenilles nantaises pour le démarrage de la culture.
Intérêt de variétés à chair blanche
En Côte-d’Or, en 2021, la chambre d’agriculture a testé six variétés du producteur de plants Les Serres du Lodévois basé dans l’Hérault : à chair orange (Beauregard, Envy), chair blanche (Bosbok, du domaine public, Terra Bianca et Terra Occitana, de la SCEA Le Bon Plant) et chair violette (Terra Violetta, Le Bon Plant). « Un essai en 2014 avec les variétés de référence Beauregard, la plus cultivée aujourd’hui, et Orléans a montré que la culture de la patate douce est possible dans notre région, indique Anne-Laure Galimard, de la chambre d’agriculture. En 2021, les maraîchers ont voulu voir si les autres variétés de ce producteur de plants pouvaient être intéressantes. L’idée était notamment de diversifier l’offre avec des variétés de couleur de peau ou de chair différentes. » L’essai sur quatre exploitations bio et conventionnelles a montré une grande hétérogénéité de rendement selon le lieu et la conduite.
Bosbok a eu partout les meilleurs résultats avec 28,2 t/ha de rendement moyen, suivie de Terra Bianca, Terra Occitana et Beauregard (15-17 t/ha) puis de Terra Violetta et Envy (9-10 t/ha). Les calibres ont été très variables. L’essai a aussi montré une grande variabilité de coloration de peau selon le type de sol. Sur le plan gustatif, Envy a présenté le meilleur compromis, suivie de Terra Bianca, Bosbok, Terra Occitana, Beauregard et enfin Terra Violetta, dernière du classement pour les huit dégustateurs. Les variétés à retenir selon l’essai sont donc Bosbok, très productive en tout sol et adaptée à un climat frais, deuxième meilleur compromis gustatif, Terra Bianca, productive dans tous les sols, au compromis gustatif intéressant et de forme allongée, et Beauregard.
Communiquer sur les variétés à chair blanche
On trouve aujourd’hui une gamme de variétés de patate douce à cycle court, moins exigeantes en chaleur que les variétés initiales, de différentes couleurs de peau (orange, rose, violette, blanche) et de chair (orange, blanche, violette). Deux types dominent le marché : les variétés à chair orange, à la saveur sucrée et à l’arôme de châtaigne, et les variétés à chair blanche, moins sucrées et à la texture plus farineuse. « Les maraîchers en vente directe – qui ont testé des variétés à chair blanche en 2022, peuvent expliquer et les faire goûter – assurent qu’ils n’ont pas de difficultés à les vendre », indique Anne-Laure Galimard. S’y ajoutent quelques variétés à chair violette, qui tendent toutefois à être retirées des catalogues du fait de leur faible rendement et de qualité gustative inférieure.
Réduire le coût d’implantation
Les plants de patate douce étant coûteux (entre 0,50 et 1 €/plant), des maraîchers tentent de réduire le coût d’implantation en produisant leurs plants à partir de bouture, solution utilisable seulement pour Beauregard, variété du domaine public. En 2020, Terre d’essais a aussi produit des plants à partir de tubercules coupés en morceaux, enfouis dans du terreau sur une table chauffante et arrosés. Les résultats, en bouturage notamment, sont toutefois variables, avec plus de travail et un risque de virus lié à la multiplication végétative. La plupart des maraîchers achètent donc leurs plants en bouchon ou en motte. Et si la majorité des plants bio est aujourd’hui importée, la situation évolue avec le développement de la filière et de plus en plus de plants bio d’origine France devraient être disponibles à l’avenir. Une autre piste pour abaisser le coût d’implantation est de réduire la densité de plantation. Les essais menés à la station d’Auray montrent l’intérêt économique d’une plantation sur 2 rangs par planche à 40 cm entre plants sur le rang au lieu de 30 cm.