Fruits exotiques
[Coronavirus Covid-19] « La campagne de mangue avion de Côte d’Ivoire a débuté, mais à quel prix ? »
L’importateur rungissois de fruits exotiques Capexo vient de débuter sa campagne de mangue avion de Côte d’Ivoire, et ce dans un contexte de crise sanitaire et de confinement. Témoignage des difficultés en production et en France.
L’importateur rungissois de fruits exotiques Capexo vient de débuter sa campagne de mangue avion de Côte d’Ivoire, et ce dans un contexte de crise sanitaire et de confinement. Témoignage des difficultés en production et en France.
Depuis le 12 avril, la campagne de mangues bat son plein en Côte d’Ivoire, avec une très bonne qualité de produit. Mais là-bas comme en France, vergers, stations et marchés sont marqués par la crise du Covid-19 et les mesures de confinement associées. « Mesures sanitaires pour lutter contre la propagation du virus, nouvelles organisations de travail pour continuer à récolter et conditionner les produits sans prendre de risque pour la santé des équipes, liaisons aériennes internationales drastiquement diminuées… Les fruits nous parviennent, mais à quel prix ? », témoigne l’entreprise importatrice rungissoise Capexo*.
Une demande des consommateurs toujours importante
« Si les produits exotiques spécifiques, tels que carambole, pitaya, mini maïs, physalis, feuilles de bananes, mangoustans…, destinés à la restauration, aux bars, aux collectivités, ne se vendent pratiquement plus du tout, la demande pour les fruits exotiques classiques -mangue, citron vert, fruits de la passion, patate douce, gingembre- n’a pas baissé malgré le confinement car ces produits sont aujourd’hui destinés à la consommation de tout un chacun », explique Capexo à FLD.
En revanche, le fret aérien ayant fortement diminué, le secteur de l’import a beaucoup de difficulté à recevoir les produits par avion, pour la mangue en particulier. En outre, le prix du fret aérien a triplé, voire quadruplé selon les origines travaillées.
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Le coût du fret aérien triple, celui des produits aussi
Vincent Soler, dirigeant de Capexo, témoigne : « Lors d’une campagne normale, le prix du fret en provenance de la Côte d’Ivoire est d’environ 1€/kg brut, avec la possibilité de vols tous les jours sur plusieurs compagnies aériennes. Cette année, avec les conditions de confinement, il n’y a plus qu’un à deux vols par semaine, toutes compagnies aériennes confondues ! Et avec une limitation d’espace de ce que l’on peut charger. Bilan, le prix du fret tourne autour de 3 €/kg brut. Et comme cette situation inédite ne touche pas que la Côte d’Ivoire mais le monde entier, la répercussion sur le prix de vente est donc inévitable. Nous ne profitons pas de la situation actuelle pour augmenter les prix de nos marchandises, c’est le coût du transport aérien qui nous contraint à vendre beaucoup plus cher que d’habitude. »
Couvre-feu et ralentissement de la chaîne en Côte d’Ivoire
De l’autre côté de l’équateur, en production, la situation est également compliquée. Si la saison de la mangue a débuté plus tard que d’habitude en Côte d’Ivoire, le 12 avril en raison des conditions météo (floraison plus tardive), c’est bien la crise du Covid-19 qui ralentit désormais la campagne.
Le confinement est aussi en vigueur en Côte d’Ivoire, même s’il se fait à l’échelle des villes et non pas de chaque foyer, mais avec un couvre-feu de 21h à 5h. Les usines ont donc obligation de fermer à 19h30 pour laisser aux salariés le temps de rentrer chez eux. La libre circulation entre le nord (zone de production de la mangue) et le sud du pays (aéroport) est encore autorisée pour les marchandises alors qu’elle est interdite pour les personnes.
Vanessa Gournay, organisatrice logistique chez Le Ranch du Koba, un des fournisseurs de longue date de Capexo, explique : « On observe un ralentissement global sur l’ensemble de la chaîne. L’approvisionnement local est plus compliqué car il faut limiter le nombre de récolteurs. Ensuite, sur les stations de conditionnement, le travail est ralenti d’au moins 40% : le couvre-feu limite les heures d’ouverture et il y a forcément moins de personnel pour respecter une distance de 1,20 m entre les employés. L’envoi par avion pose aussi plusieurs difficultés. Il y a peu de vols et ceux qui restent ont souvent triplé les taux de fret… Cela impacte nécessairement les prix de vente. »
* Installée sur Rungis, Capexo est spécialisée dans l’importation de fruits exotiques et la mangue est l’un de ses produits phares : mangue bateau tout au long de l’année (environ cinq conteneurs par semaine) et de mangue par avion (entre 60 et 100 palettes par semaine), d’origines diverses (Brésil, Pérou, Côte d’Ivoire, Sénégal, Israël, Espagne par camion).
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