Cerise : douze variétés à la loupe dans les gammes rouge et bicolore
Calibre homogène, goût, fermeté… les variétés de cerises observées au verger expérimental de Saint-Laurent-d’Agny cherchent à cumuler l’ensemble des critères de sélection. [Article paru dans L'information agricole du Rhône]
Une présentation des différentes variétés de cerises suivies au verger expérimental de Saint-Laurent-d’Agny – antenne de la Sefra – a été réalisé fin juin sur cette station de la Drôme spécialisée sur les fruits à noyau. « L’évaluation variétale de cette année doit être prise en compte en gardant en tête ces différents événements et aléas climatiques », a rappelé Noémie Darloy, conseillère arboriculture de la chambre d’agriculture du Rhône. En effet, après un début d’hiver sec puis un printemps très arrosé, la maturité s’est opérée sur une période longue et au final non homogène pour les fruits. Le manque de chaleur et d’ensoleillement s’est fait ressentir sur les variétés précoces et s’est traduit par un manque de sucre. De même, la phase rosissement s’est conclue par une coloration non homogène et la présence d’oiseaux s’est ressentie même sur les cerises vertes. Toutefois les variétés rouges et bicolores ont pu être observées.
La gamme rouge
Sweet Lorenz : Goûteuse et d’un calibre intéressant, Sweet Lorenz présente très bien en barquette. Peu sujette à l’éclatement, sa peau ne présente pas de défaut. Cependant, il convient de ne pas la ramasser à surmaturité (lorsque son pédoncule est foncé) et elle semble particulièrement sensible aux filets. Au verger expérimental, sa production se révèle un peu en dents de scie.
Pacific Red : Parmi les qualités de Pacific Red, on peut d’ores et déjà lister sa bonne tenue sur l’arbre, une cerise ferme présentant bien en barquette. Cependant, au niveau du goût, elle peut être jugée un peu acide et ne durant pas assez en bouche. En 2024, un taux d’éclatement assez important a été constaté.
Sweet Aryana : Jolie cerise à la couleur foncée, pouvant se targuer d’une bonne fermeté et d’un goût très sucré. Cependant, Sweet Aryana présente un flétrissement de la peau lorsqu’elle est en surmaturité, un élément pas toujours évident à maîtriser compte tenu d’une maturité très hétérogène. Elle s’est révélée d’un calibre faible cette année et d’un potentiel de rendement un peu décevant.
Royal Lafayette : Variété intéressante car cette cerise, plutôt ferme, s’avère avoir un calibre homogène et présente peu de dégâts et d’éclatements. Légèrement acide, elle a un goût qui plaît et une bonne texture. En revanche, elle ne tolère pas un ramassage à surmaturité et reste sensible au moment de la récolte car elle casse facilement au niveau du pédoncule.
Sweet Valina : Cette cerise sait convaincre pour plusieurs raisons : de calibre intéressant, elle a une bonne tenue sur l’arbre, elle est facile à ramasser et, au final, elle présente bien en barquette. Si elle doit être mise sous filet, il convient de procéder à plusieurs traitements pour contrer sa sensibilité aux maladies.
Babelle : Variété dominante sur son créneau de milieu/fin de saison. Ces cerises de bons calibres (28 et 30 mm) présentent bien en barquette. Elles affichent également un bon potentiel de production. Il convient malgré tout de souligner un fleurissement précoce, constaté plusieurs saisons, cette année au 25 mars, ce qui peut se révéler préjudiciable en cas d’épisode gélif.
Tamara : Peut séduire grâce à son calibre affichant majoritairement 30-32 mm. D’une bonne qualité gustative, elle révèle aussi une fermeté satisfaisante. Cependant, elle s’est révélée décevante par le taux d’éclatement et un potentiel de production un peu faible. Si elle supporte très bien la bâche, la rentabilité économique reste malgré tout à bien réfléchir.
Denfer : Continue de convaincre sur son créneau de cerise de milieu de saison (burlat + 19). On retiendra qu’il s’agit toujours d’une jolie cerise, au calibre homogène cette année. Peu sensible à l’éclatement, elle présente une belle fermeté et un taux de sucre satisfaisant. Cependant, il se constate une alternance de production (entre 10 et 20 t/ha) et une nécessité de ne pas la ramasser à surmaturité.
Henriette : Cerise qui se ramasse facilement, elle a un goût bien équilibré et une bonne fermeté. Avec des résultats intéressants sur les deux porte-greffes, cette variété semble donc sûre. Il a cependant été constaté que le calibre n’est venu que tardivement, il ne faut donc pas la ramasser trop tôt. Son calibre de 24 mm qui représente une part importante nécessite d’avoir aussi la carte vente directe.
Areko : Affiche une très bonne fermeté, un bon potentiel et ceci sans éclatement. Présentant un goût équilibré et une bonne teneur en sucre, elle est donc intéressante sur le papier. Il convient malgré tout de signaler un calibre faible et une incidence marquée sur le rendement en fonction du porte-greffe.
La gamme bicolore
Starlam : Parmi les variétés bicolores, les résultats sur Starlam laissent apparaître un très bon calibre, de l’ordre de 30-32 mm et une très bonne qualité gustative. Si elle est aussi faiblement sensible à l’éclatement, elle se révèle en revanche très sensible aux coups et aux frottements.
Rosalolam : Très jolie cerise bicolore, très appréciée pour son goût très sucré (19,6 °Brix) et pour sa faible sensibilité à l’éclatement. En revanche, elle présente un calibre un peu petit pour une variété de fin de saison (26-28 mm).
Une météo très perturbée
Le début de l’année 2024 a été particulièrement sec (95 mm de pluie), pour passer ensuite à l’inverse. Des périodes particulièrement arrosées se sont succédé au moment des stades floraison et nouaison. 293 mm d’eau ont été mesurés en l’espace de quelques semaines, dont un épisode très marqué fin avril, avec 85 mm de pluie. De la même façon, la période de grossissement des fruits s’est déroulée sous des épisodes de pluie réguliers (190 mm cumulés). Côté températures, l’hiver a été marqué, depuis le mois d’octobre, par peu de jours de froid (en dessous de 7,2 °C) et, à l’inverse, par plus de journées au-dessus de 7,2 °C jusqu’en mars par rapport aux deux dernières années. Ainsi, la montée régulière des températures s’est constatée jusqu’à la mi-mars, avant une chute brutale le 24 mars. Le thermomètre est progressivement remonté jusqu’au 8 avril avant deux chutes brutales les 9 et 16 avril. Les vents du nord puis du sud sont entrés en jeu sur la fin du mois.