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Cerise : contre Drosophila suzukii, des filets en périphérie de la parcelle

Pour protéger les vergers de cerisier contre Drosophila suzukii, l’utilisation d’un filet périphérique sur le pourtour de la parcelle constitue une solution possible.

Le filet périphérique de la station Sud Expé, positionné autour d'une parcelle de 2500 m², montre une efficacité prometteuse contre Drosophila suzukii en complément d'une protection phytosanitaire allégée.
Le filet périphérique de la station Sud Expé, positionné autour d'une parcelle de 2500 m², montre une efficacité prometteuse contre Drosophila suzukii en complément d'une protection phytosanitaire allégée.
© Sud Expé

Face à Drosophila suzukii, la protection des vergers de cerisiers par des filets insect-proof est un outil majeur amené à se développer. Le plus souvent mono-rang, parfois mono-parcelle, les filets peuvent aussi s’envisager positionnés uniquement sur le pourtour de la parcelle. C’est une solution déployable facilement et rapidement sur cerisiers en gobelet, qui représentent 95 % du verger de cerisiers français. L’efficacité de ces filets périphériques est évaluée au CTIFL, à Sud Expé et à La Tapy dans le cadre du projet Casdar Ds2.

« Sur notre parcelle expérimentale de 2 500 m², le filet périphérique montre une efficacité intéressante contre les dégâts de Drosophila suzukii, en complément d’autres méthodes », résume Alexandre Magrit, de Sud Expé Saint-Gilles (Gard), lors de la journée nationale Drosophila suzukii, en mars 2022 au CTIFL de Balandran. Les filets de Sud Expé ont été installés en 2019, à une hauteur de 4,5 m, autour d’une parcelle avec deux variétés, Noire de Meched et Summit. Une partie du filet peut s’ouvrir et se relever sur toute la hauteur pour que le tracteur puisse passer facilement, pour le désherbage et les traitements. Les deux premières années, 2019 et 2020, il y avait, à l’intérieur et à l’extérieur des filets : un témoin non traité, une référence chimique et des stratégies allégées (trois et deux applications). D’autres méthodes de protection pourraient être testées à l’avenir en complément des filets.

Les filets seuls ne suffisent pas

La récolte se fait au stade le plus avancé possible, les cerises récoltées devant être de calibre homogène et indemnes de pourritures et de blessures. « Les fruits sont gardés 24 à 48 h à température ambiante avant de réaliser les comptages, afin d’être sûr de pouvoir observer les larves quand on ouvre les cerises, précise Alexandre Magrit. Puis on identifie les larves, Drosophila ou Ragholetis. Mais on a eu très peu de Ragholetis sur l’ensemble des essais. »

En 2019, le témoin non traité à l’intérieur des filets a présenté beaucoup moins de dégâts que celui à l’extérieur : -88 %, sur une année où la pression Drosophila suzukii a été plutôt faible. Toutes les modalités chimiques ont montré peu de dégâts. Certaines charpentières n’ont pas été récoltées lors des différents passages de récolte, afin de laisser des cerises en surmaturité. Sans traitement, les filets seuls n’ont pas permis de limiter les dégâts à surmaturité. En revanche, certaines stratégies allégées à l’intérieur des filets ont été plus efficaces que la référence chimique sans filets, même à surmaturité, alors que Noire de Meched est une variété plutôt tardive récoltée très mûre. Les tendances ont été similaires en 2020, avec une pression suzukii plus importante.

Une efficacité intéressante

A la suite des résultats encourageants des deux premières années, le dispositif a été simplifié. Le témoin non traité a été conservé uniquement à l’extérieur des filets, afin de ne pas créer de « refuge » pour suzukii à l’intérieur des filets et de maximiser leur efficacité. Seule la modalité deux traitements a été conservée, à l’intérieur comme à l’extérieur des filets. Sans filet, ces deux traitements sont largement insuffisants, avec seulement 50 % d’efficacité, et ne sont pas significativement différents du témoin non traité. Mais à l’intérieur des filets, le constat est bien meilleur. « En 2021, on a eu 98 % d’efficacité, observe Alexandre Magrit. Même à surmaturité, on arrive à maintenir une efficacité très intéressante à l’intérieur des filets ».

Ces essais montrent donc l’efficacité du filet périphérique sur 2 500 m², en complément d’autres méthodes de protection, mais ils doivent être validés à plus grande échelle. « Il n’est cependant pas garanti que l’efficacité soit la même pour 1, 2 ou 3 ha, avertit Alexandre Magrit. On pourrait peut-être envisager plusieurs compartiments pour des surfaces plus importantes. Le filet périphérique n’est pas adapté à toutes les parcelles de cerisiers. Il faut raisonner en termes de coût, d’exposition au vent, de configuration de parcelle, de proximité de haies… C’est une solution à réfléchir au cas par cas ».

Un vol horizontal

 
© Fredon Rhône-Alpes
A quelle hauteur vole Drosophila suzukii ? « Les drosophiles sont capables de voler haut mais leur vol est plutôt horizontal, indique Alexandre Magrit de Sud Expé. Elles ne vont pas chercher à monter pour éviter les obstacles ». Pour vérifier ce postulat, un piège à drosophile a été installé en 2020 en haut d’un mât pour rapaces, à une hauteur de 4,5 m, soit la hauteur du filet périphérique. « Sur la période de piégeage de 11 semaines en 2020, on n’a piégé qu’une cinquantaine de femelles en haut du mât, contre plus de 1 000 dans une parcelle de cerisiers lambda. Cela montre bien que les drosophiles sont peu présentes à ces hauteurs ».

 

Trois points de vigilance

1. La gestion de l’herbe est un peu délicate à la base des filets.

2. La proximité des haies. Si une haie trop proche du filet est plus haute lui, elle peut former un passage pour les drosophiles. De plus, il y a un risque que des branches percent le filet, et l’entretien de la haie et du filet est rendu difficile.

3. L’exposition au vent. Selon l’exposition au vent de la parcelle, il faut bien réfléchir à la densité de poteaux et au type de fixations du filet, afin d’éviter des problèmes de casse.

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