Cassis : quelles sont les adaptations de la filière au changement climatique ?
Des travaux menés sur la variété de cassis Noir de Bourgogne et sur la gestion de l’eau en verger ont été présentés lors du colloque national sur les petits fruits. [Article de Léa Rochon]
Des travaux menés sur la variété de cassis Noir de Bourgogne et sur la gestion de l’eau en verger ont été présentés lors du colloque national sur les petits fruits. [Article de Léa Rochon]

Rébecca Perraud, conseillère spécialisée cassis, suit six producteurs en agriculture biologique en Bourgogne-Franche-Comté, soit 13 % de l’ensemble des producteurs de cette filière au sein de la région. « Il s’agit d’une culture technique, puisqu’elle fait face à beaucoup de ravageurs et de maladies, alors que peu de solutions existent en agriculture biologique », confie la conseillère de la chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Sur ce territoire, la variété Noir de Bourgogne est majoritairement utilisée pour faire de la transformation en agriculture biologique, malgré sa sensibilité à l’oïdium.
En 2018, les laboratoires Sayens ont débuté un programme de sélection variétale. Élaboré avec des financements européens, ce projet visait à améliorer la résistance de cette variété aux cochenilles et maladies fongiques, ainsi qu’à la sécheresse et au gel, tout en assurant une bonne productivité aux agriculteurs. Les croisements ont été effectués avec des variétés polonaises, suédoises ou écossaises. Entre 2018 et 2021, 250 hybrides ont été implantés avec succès en verger, tandis que les expérimentations menées entre 2022 et 2023 ont permis d’obtenir 130 plants, dont l’implantation est prévue pour 2025.
Une mise à fleur impactée par le stress hydrique
Selon la spécialiste, ce programme nécessite encore cinq à dix années de recherches. Outre l’avancée sur la sélection variétale, la filière cassis doit également améliorer sa gestion de l’eau. De premiers essais ont ainsi été réalisés afin d’estimer les besoins en eau de la plante. Entre le témoin jamais irrigué (2,17 t/ha) et la modalité irriguée durant la campagne de 2019 (2,67 t/ha), un écart de rendement de 23 % a été analysé. L’observation s’est poursuivie sur la même modalité irriguée au printemps 2020 avec un écart de 25 %.
Le stress hydrique joue un rôle important également sur l’induction florale, qui se déroule entre les mois de juillet et de septembre. « Si l’été est trop sec, cela va impacter les rendements de l’année suivante », ajoute l’experte. Enfin, les essais sur la couverture des interrangs ont montré un impact positif sur le taux de nouaison en parcelle irriguée et enherbée (+46,7 %), en parcelle non irriguée et enherbée (+41,2 %) et en parcelle non irriguée avec un sol nu (+29,7 %). Selon la conseillère, les rendements observés autour de ces bandes fleuries ont également augmenté de 20 %, tandis que la pression des chenilles, pucerons et de l’anthracnose a diminué. Les essais doivent dorénavant être approfondis, afin de séparer l’impact sur la sauvegarde de l’eau et sur la présence de pollinisateurs.