Banane : nouvelle offensive sud-américaine
Le Honduras et le Panama ont déposé le 30 novembre une plainte auprès de l’OMC contre le nouveau tarif douanier de l’UE sur la banane. Ceux-ci trouvant trop élevé le droit à l’importation de 176 E la tonne, adopté le 29 novembre. “Ce tarif est inacceptable et nous nous réservons tous les moyens légaux devant l’OMC pour faire respecter nos droits”, a réagi le ministre équatorien au Commerce extérieur, Jorge Illingworth, critiquant également la dérogation en faveur des pays ACP (quota de 775 000 t à taux zéro). “Ce quota ne s’accorde pas au système de tarif unique. Tout cela viole l’accord que nous avons avec l’UE et nous donne le droit de présenter avant et pendant le cycle de Doha, nos réclamations”, a-t-il conclu.
Le Costa-Rica a prévu également de soulever ce différend lors de la prochaine réunion de l’OMC à Hong Kong. Nous avons l’intention de “poursuivre les discussions avec l’UE en insistant sur la diminution de ce tarif”, a souligné José Manuel Rodriguez, ministre chargé du commerce extérieur costaricain. La Colombie, troisième exportateur (240 M$ d’exportations dont 63 % vers l’UE) a exprimé sa “désillusion” après la décision de Bruxelles, déplorant le “manque de négociation” avec son représentant à Bruxelles, Claudia Uribe.
Chiquita et Fyffes contestent, Del Monte se réjouit
Côté opérateurs, l’Irlandais Fyffes a exprimé son mécontentement, “ce tarif va nous imposer des frais additionnels de 315 ME par an et augmentera nos coûts de 40 ME par an, entraînant une augmentation des prix de ventes aux distributeurs avec un effet sur le prix consommateur. Cela entraînera aussi la mort de plusieurs industries de la banane dans les pays ACP, et provoquera une pression énorme sur les producteurs latino-américains, à terme obligés de supporter ce coût additionnel”. Fyffes continue à demander une négociation bilatérale, car ce sujet pourrait potentiellement faire échouer les négociations à Hong-Kong et faire renaître une guerre de la banane entre les Etats-Unis et l’UE. A ce sujet, le Bureau américain au commerce, USTR a souligné son désaccord : “Nous appelons l’UE a intensifier ses négociations avec l’ensemble des parties afin que ce dossier n’interfère pas à la conférence de Hong Kong”, déclarait Neena Morrjani à l’USTR.
Chez Chiquita, la multinationale regrette que la Commission ait proposé un mauvais tarif qui introduira un certain nombre de “violations claires des règles de l’OMC qui ont déjà été condamnées par le passé”, soulignait Fernando Aguirre, son PDG. En revanche, Del Monte s’est félicité de cet accord. “Nous avons toujours dit que le système imposant un droit de douane unique était le seul système qui corrige les injustices dont a souffert notre groupe et d’autres sociétés pendant des années”, a indiqué le PDG, Mohammad Abu-Ghazaleh.