Asperge : 4 étapes pour faire du « hors-sol dans le sol »
Travailler le sol en profondeur avec des apports importants de fertilisants et biostimulants permet d’améliorer la productivité et la longévité d’une culture d’asperge.
Travailler le sol en profondeur avec des apports importants de fertilisants et biostimulants permet d’améliorer la productivité et la longévité d’une culture d’asperge.
La mise en place d’une aspergeraie nécessite des attentions particulières car elle conditionne la réussite technique et économique de la culture. Et ce, de manière plus importante lorsqu’il s’agit d’une replantation asperge sur asperge. Le développement de matériel de travail du sol du type rotobêche (Farmax et Imants) a permis de faire évoluer l’implantation d’une culture d’asperge.
La préparation du sol en profondeur, jusqu’à 1,10 m, offre la possibilité de créer une zone homogène favorable au développement de la plante. L’apport d’amendements et de fertilisants permet de développer le concept de « faire du hors-sol dans le sol », développé par le consultant Christian Befve (Befve & Co). Plusieurs étapes doivent être suivies avant la plantation de la culture.
1. L'étude de sol
L’étude de sol commence par l’analyse de la structure physico-chimique du sol sur deux niveaux : la couche superficielle (de 0 à -30 cm) et le sous-sol (-50 cm et plus). L’observation d’un profil cultural est également nécessaire. Celle-ci a pour objectif de déterminer les signes de vie dans le sol, notamment les racines de cultures précédentes. Leur profondeur donne des indications sur les zones de compactage éventuelles, les remontées d’eau, les différences de structure du sol (sable, argile, gravier…). La profondeur à laquelle se trouvent les dernières racines donnera la profondeur du travail du sol ultérieur.
2. L'apport de matière organique
Un apport de matière organique important, de 80 à 150 t/ha selon la nature de l’amendement, permet d’améliorer la structure et la fertilité du sol. Il convient d’utiliser les sources locales de matière organique. Selon les zones, il est possible d’apporter des fumiers (vache, cheval, mouton) ou fiente de volaille, du marc de raisin, des déchets végétaux (balle de riz, palmes broyées). L’apport doit être concentré sur la ligne de plantation avant le passage de la rotobêche, afin que la plante dispose des meilleures conditions pour se développer. L’apport de micro-organisme (Bacillus, Trichoderma…) permet d’améliorer la qualité sanitaire du sol et de limiter le développement des champignons pathogènes (Fusarium sp., Rhizoctonia).
3. Le travail du sol
Le travail du sol doit permettre de créer une zone favorable au développement des racines en créant un volume de sol plus important que celui disponible naturellement. Cet espace est façonné à l’aide d’outils de travail du sol. Dans chaque cas, les racines se développent de manière abondante dans toute la zone travaillée.
L’effet du travail du sol est bénéfique à l’aspergeraie sur le long terme. Dans ce tableau comparatif établi à partir des rendements moyens de 14 aspergeraies dans 5 pays différents, on constate que dans un sol préparé avec rotobêche, le rendement est supérieur dès la première récolte et que le potentiel maximum continue de croître pendant les 6 premières années. Alors que sans rotobêche, le rendement est inférieur et que son potentiel plafonne dès la 5e année. Au cours des années, le potentiel de production est toujours plus important avec la rotobêche et est même prolongé (+ 2 ans). Au total, sur la durée de vie de l’aspergeraie, le gain apporté par cette technique préparation du sol est de + 50 % .
4. L’observation des racines
L’observation des racines dans les différentes zones, travaillée ou non travaillée, témoigne de l’effet du travail du sol en profondeur (rotobêche). Dans la zone travaillée, les racines sont nombreuses, blanches avec un important chevelu de radicelle. Dans la zone non travaillée, les racines sont brunes avec la présence de champignons du sol et peu de radicelles.
L’augmentation du volume de sol meuble, sain et fertilisé est à la base du rendement grâce au développement racinaire. Selon les observations après 4 mois de plantation, l’évolution du système racinaire dans un sol travaillé avec rotobêche montre un nombre de racines par plante de + 30 % avec une profondeur d’installation deux fois plus important et un système racinaire installé verticalement. Cette installation permet de réduire la remontée régulière du plateau racinaire, 0,5 cm par an au lieu de 3 cm, soit 5 cm au bout de 10 ans (contre 30 cm). Ce qui permet de maintenir la culture en production pendant des années supplémentaires.