Artichaut et chou-fleur : combien le désherbage prend-il de temps aux producteurs ?
Des producteurs d’artichaut et de chou-fleur du Finistère ont été interrogés sur leurs pratiques de désherbage et le temps qu’ils y consacrent. Ce temps est cinq fois plus important en drageons qu’en choux.
Des producteurs d’artichaut et de chou-fleur du Finistère ont été interrogés sur leurs pratiques de désherbage et le temps qu’ils y consacrent. Ce temps est cinq fois plus important en drageons qu’en choux.
Combien de temps les producteurs bretons d’artichaut et de chou-fleur consacrent-ils au désherbage ? C’est ce qu’a cherché à savoir la Chambre d'Agriculture de Bretagne en enquêtant durant l’automne 2019 auprès de 31 exploitants dans le Finistère (23 en conventionnel et 8 en AB). L’enquête portait plus largement sur les pratiques culturales en chou-fleur et de l’artichaut, mais un focus particulier a été fait sur les temps de travaux nécessaires à la gestion des adventices. Les pratiques ont été collectées sur une parcelle particulière, où des choux ou artichauts étaient présents à l’automne 2019 et sur une période de cinq ans (rotation de 2015 à 2019 inclus). Certains produits utilisés à l’époque peuvent ne plus être homologués aujourd’hui.
Les temps de travaux par hectare pour gérer les adventices sont cinq fois plus importants en drageons (21h48) qu’en choux (4h12). Ceci s’explique par la croissance rapide des choux en mini-mottes, ce qui permet une intervention mécanique précoce. De plus, cette culture couvre rapidement le sol et permet de concurrencer les adventices. Par contre, pour les drageons, les boutures s’enracinent lentement, d’autant plus que la plantation est réalisée en sortie d’hiver. Les binages précoces sont donc plus complexes à gérer. Cette culture couvre le sol très lentement, ce qui nécessite des interventions manuelles ou mécaniques (dédrageonneuses) importantes.
Trois à quatre binages en chou-fleur
En chou-fleur, la gestion des adventices en conventionnel (herbicides compris) se fait en 4h12/ha en moyenne. La moitié des exploitants interrogés y consacrent entre 2h48 et 5h36. Seulement 8 % des parcelles de choux sont désherbées manuellement pour un temps moyen de 6h24/ha. Les trois quarts des exploitants font le programme classique à base de métazachlore (Butisan S…) et de clomazone (Centium 36 CS), parfois complété avec du pyridate (Lentagran). Les 25 % restants utilisent du métazachlore ou pyridate seul ou font l’impasse herbicide.
Sans herbicides, les exploitants passent leur premier binage durant la deuxième semaine après plantation (50 % des exploitants entre le 8e et le 15e jour après plantation), alors que ceux qui désherbent chimiquement passent leur premier binage presque trois semaines après plantation (50 % entre 18 et 24 jours après plantation). Il n’y a qu’un passage mécanique de plus (quatre au lieu de trois) si le producteur n’utilise pas d’herbicides et ce passage est donc plus précoce. Pour les équipements, les non-utilisateurs d’herbicides utilisent pour 50 % d’entre eux une bineuse avec doigts Kress pour leur premier binage. Cet équipement n’est présent que chez 16 % des utilisateurs d’herbicides. Cet outil semble donc un plus pour arrêter les herbicides sur cette culture. Le temps moyen pour passer la bineuse est presque d’1h par ha. Ce temps varie de 62 à 80 minutes pour les bineuses à deux à trois rangs et 36 à 44 minutes pour les bineuses de quatre à cinq rangs.
En artichaut, sept binages pour les drageons
En artichaut de première année, quand le Proman était utilisable, il l’était seul ou en association avec le Kerb Flo. Depuis la disparition du Proman, le programme herbicide est essentiellement à base de Kerb Flo à 2,3 l/ha en moyenne. Le Lentagran est peu utilisé, soit seul, soit en association avec le Kerb Flo.
La moitié des exploitants utilisent des bineuses de trois à cinq rangs pour biner leurs drageons. Le premier passage se fait en moyenne 27 jours après plantation et les sept binages moyens se font tous les 13 jours. 50 % des exploitants passent la bineuse entre cinq et huit fois. Le temps moyen pour passer la bineuse est d’1h par ha. Ce temps varie de 30 à 120 minutes selon les exploitations (70 minutes en moyenne pour des bineuses à deux ou trois rangs et 52 minutes en moyenne pour des bineuses à quatre ou cinq rangs).
Comme l’artichaut n’a pas besoin de dédrageonnage, la dédrageonneuse sert uniquement au sarclage autour du plant. Un petit tiers (30 %) des exploitants y a recours pour un temps de passage moyen d’environ 14h. Les deux tiers des parcelles de drageons sont désherbés manuellement pour un temps moyen de 18h48/ha. En drageons, la gestion totale des adventices en conventionnel (y compris désherbage chimique) se fait en moyenne en près de 22h. La moitié des exploitants y consacrent entre 14h et 28h30. Aucun artichaut de deux ou trois ans n’est désherbé chimiquement. La moitié des producteurs gèrent les adventices en trois à six passages mécaniques, pour arriver à des temps globaux par hectare compris entre 4h24 et 17h48, soit 12h30 en moyenne par hectare.
Qu’est-ce qu’une parcelle propre ?
Pour vous, qu’est-ce qu’une parcelle propre ? La réponse du producteur à cette question permet d’apprécier son niveau d’acceptabilité du salissement. L’acceptation des mauvaises herbes est bien sûr variable entre les exploitants, mais aussi entre les cultures. Pour l’artichaut, 42 % des exploitants ne veulent pas d’adventices autour du plant, ce qui induit de nombreux passages mécaniques et manuels. L’absence de rumex est recherchée chez 21 % des exploitants, sachant que cette adventice est surtout problématique sur retours et vieux. Pour les choux, 70 % des exploitants sont satisfaits si après buttage ou avant récolte, les mauvaises herbes restent cantonnées sous les choux et donc que la parcelle est « propre » de loin.
Faire face aux interdictions d’herbicides
Au cours de l’enquête, la Chambre d'agriculture de Bretagne a demandé à 21 exploitants conventionnels ce qu’ils feraient si les herbicides étaient interdits dès la saison prochaine sur choux et artichauts. Deux groupes de réponses se détachent. Les réponses « positives » où les producteurs se projettent dans l’avenir par des investissements (étrille, Kress, dédrageonneuses, interfaces de guidage…) et qui acceptent de faire un ou des passages mécaniques en plus. Les réponses « négatives », pour des producteurs qui pensent réduire voire arrêter certaines cultures (artichaut en tête) ou qui ne voient pas comment résoudre des problèmes de main-d’œuvre et d’organisation du travail.