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Arbo : La vie du sol plus présente dans le rang

La gestion des adventices sur le rang en verger a un impact direct sur les différents groupes biologiques et fonctionnels du sol.

Pour favoriser les lombrics, évitez de travailler votre sol. C’est une des conclusions des essais mis en place au Ctifl de Balandran sur abricotiers. Ceux-ci avaient pour objectif de comparer l’impact de différents modes de gestion des adventices sur les groupes d’organismes du sol. « Un comptage des vers de terre sur des parcelles d’abricotiers montre une réduction par trois du nombre de lombrics sur la partie travaillée mécaniquement par rapport à celle désherbée chimiquement, sous bâche ou paillée », rapporte Muriel Millan, Ctifl. La diminution s’observe principalement sur les vers endogés qui vivent en profondeur. L’option du paillage est, a contrario, une des meilleures pour favoriser les vers de terre et notamment les vers épigés.

Les collemboles préfèrent les rangs enherbés

L’impact positif d’un paillage organique ou d’une bâche s’observe aussi sur les populations de micro-organismes (bactéries, champignons). Ce mode de gestion des adventices a augmenté de 75 % la biomasse microbienne dans un verger d’abricotiers bio en comparaison des modalités en désherbage mécanique ou chimique. « En verger de pêcher bio, l’indice de qualité du sol (QBS) des micro-arthropodes (collemboles et acariens) a été de 50 % supérieur pour l’option enherbée et sandwich par rapport à l’option désherbée mécaniquement », analyse la spécialiste.

Moins de désherbage, plus de mycorhize

Le mode de gestion du rang influence aussi la mycorhization. Des rangs de pêchers conduits en bio enherbées totalement ou en système sandwich ont une intensité de mycorhization près de deux fois plus importante qu’une parcelle identique conduite en conventionnel et désherbée chimiquement. Les endomycorhizes, ces mycorhizes dont la symbiose avec le végétal se fait à l’intérieur des cellules de ce dernier, sont nettement favorisées par l’enherbement total du rang. Des résultats que Muriel Millan synthétise : « En bio, plus le sol est travaillé, plus le potentiel d’endomycorhization baisse. Il devient encore plus faible lorsque le rang est désherbé chimiquement. »

AVIS DE L’EXPERT

CÉCILE VILLENAVE, du laboratoire Elisol environnement

Le nombre de traitements n’est pas le premier facteur affectant la vie du sol

« Le travail du sol ou son retournement est le premier facteur impactant la vie du sol. Mais il est loin d’être le seul. En comparant des systèmes de culture qui regroupent donc des ensembles de pratiques, on peut constater que chacune d’elle à un impact sur au moins un groupe d’organisme. Dans l’étude effectuée sur le dispositif de l’Inra BioRECo, qui compare trois modes de production de pommes, la modalité économe en intrants (ECO) a été la plus favorable à la vie du sol, avant les modalités agriculture biologique (Bio) et raisonnée (RAI). Ces différences s’expliquent par deux facteurs : le mode de désherbage et le nombre de traitements. Le travail du sol défavorise les communautés de vers de terre. Or, sur la modalité économe en intrants, le rang était travaillé mais moins fréquemment que sur la modalité Bio. Le nombre de traitements pesticides était aussi moindre. Peu de substances dangereuses (liste PIRRP) et de fongicides minéraux y étaient utilisés, ce qui a un impact positif sur les organismes sensibles dont les nématodes omnivores et carnivores sont des indicateurs. La variété de pommiers a aussi impact sur les communautés d’organismes du sol. Le nombre de lombrics observé sur la variété Smoothee étaient supérieur à celui sur Ariane alors que le nombre de nématodes libres y est réduit. Ces disparités pourraient s’expliquer par des différences de systèmes racinaires qui ne fournissent pas les mêmes ressources aux différents groupes fonctionnels ».

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